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Crise en Catalogne : une Espagne irréconciliable ?

Environ 300 000 personnes ont manifesté à Barcelone ce mardi 3 octobre 2017. Environ 300 000 personnes ont manifesté à Barcelone ce mardi 3 octobre 2017.[PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP]

Madrid a répondu au référendum illégal d’indépendance par la répression policière, Barcelone a répondu à la répression policière par la grève. 

La Catalogne était donc à l’arrêt, ce mardi 3 octobre, et des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans la région (300 000 à Barcelone) pour dénoncer les violences commises deux jours plus tôt par les forces de l’ordre. Une démonstration «de paix», selon les organisateurs de la grève, une «manipulation» des masses, aux yeux du gouvernement espagnol.

Un dialogue de sourds

A travers toute la Catalogne, le mouvement de grève a été massivement suivi. Le port de Barcelone, troisième d’Espagne, a interrompu toutes ses activités, tandis que de nombreux sites touristiques étaient fermés. 

Impossible, par exemple, de visiter la célèbre basilique de la Sagrada Familia, ni de pénétrer derrière la façade en écailles de poisson de la Casa Batllo, ornée pour l’occasion d’un panneau dénonçant «la violence exercée dimanche sur la Catalogne, sa culture et son identité». Même les footballeurs du FC Barcelone ont renoncé à s’entraîner. 

De fait, «un deuxième front s’est ouvert contre Madrid après les violences policières», explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris sur les questions ibériques. Certains font la grève pour l’indépendance de la Catalogne, d’autres simplement pour défendre le droit à manifester. 

Mais cette mobilisation ne semble pas faire ciller Madrid, qui se contente, depuis le début de la crise, de souligner que le référendum était inconstitutionnel, et qui s’évertue à indiquer qu’aucune médiation n’est nécessaire. 

«Les deux parties sont enfermées dans une espèce d’autisme politique qui empêche toute forme de dialogue», analyse Jean-Jacques Kourliandsky. Si bien qu’avec les responsables actuels, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et le président catalan, Carles Puigdemont, une issue semble difficile à dessiner dans l’immédiat.  

Sortir de l’impasse

Malgré cette détermination de part et d’autre, une phase de négociation serait le seul moyen de mettre fin à la crise. En théorie, Madrid a la possibilité de mettre en œuvre l’article 155 de la Constitution, qui lui permet de suspendre l’autonomie de la Catalogne. Mais le parti socialiste espagnol a déjà fait savoir à Mariano Rajoy qu’il ne le suivrait pas dans cette initiative. 

De son côté, le gouvernement catalan pourrait déclarer l’indépendance, en s’appuyant sur les 90 % de «oui» recueillis au référendum de dimanche. Mais seuls 42,3 % des Catalans se sont rendus aux urnes, et la plupart de ces 2,26 millions de votants étaient séparatistes. 

Reste l’éventualité, à Barcelone comme à Madrid, de procéder à de nouvelles élections, dans le but de repartir sur de nouvelles bases. Avec, peut-être, des dirigeants plus aptes à la discussion. 

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