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Jour de vérité pour la Catalogne

Le public d'un meeting du parti unioniste libéral Ciudadanos, le 19 décembre à Barcelone. Le public d'un meeting du parti unioniste libéral Ciudadanos, le 19 décembre à Barcelone.[JOSEP LAGO / AFP]

Près de trois mois après le référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre, les Catalans se rendent de nouveau aux urnes ce jeudi 21 décembre, cette fois dans un cadre légal, pour renouveler leur parlement régional. 

Celui-ci avait été dissout par Madrid à la suite de la déclaration d’indépendance de l’ex-président Carles Puigdemont. Si ce nouveau scrutin n’est pas un référendum, il en garde les enjeux, dans la mesure où les nombreux partis en lice se divisent clairement en deux blocs, séparatistes et partisans de l’unité.  

Une journée décisive

Ce scrutin très attendu, pour lequel les sondages prévoient une forte participation, vient clore une campagne hors norme. Dans le camp indépendantiste, plusieurs leaders se sont réfugiés en Belgique, à l’instar du président destitué Carles Puigdemont, pour échapper aux poursuites dont ils font l’objet en Espagne. Ils ont fait campagne à distance, leurs discours projetés sur des écrans géants. D’autres, restés sur place, sont actuellement derrière les barreaux, comme l’ancien vice-président Oriol Junqueras.

Les uns comme les autres accusent Madrid de leur faire subir des poursuites judiciaires disproportionnées et appellent à voter pour rendre sa «dignité» au peuple catalan. Face à eux, les partisans de l’unité du pays se font les hérauts d’une catalogne réconciliée, au sein d’une Espagne soudée.

Mais les deux blocs ne présentent pas pour autant des fronts unis. Les différentes formations séparatistes, qui se rejettent mutuellement la responsabilité du fiasco post-référendum, n’ont pas présenté de candidature commune. Une attaque en ordre dispersé qui se retrouve également dans le camp adverse. En effet, alors que le Premier ministre Mariano Rajoy a fait de la victoire des pro-Madrid un enjeu personnel, les intentions de vote des anti-indépendantistes ne favorisent pas son parti, mais le parti rival Ciudadanos.

Un paysage politique éclaté qui rend les résultats particulièrement imprévisibles, et ce d’autant plus que les sondages donnent les blocs séparatistes et unionistes au coude à coude. «Le résultat peut se jouer à quelques voix près», a ainsi reconnu Ines Arrimadas, la candidate de Ciudadanos.  

Des fractures durables

Cette élection apparaît donc plus comme le début d’un nouveau chapitre que comme une conclusion pour la crise catalane. D’autant que le mode de scrutin, proportionnel plurinominal, peut réserver des surprises : lors de la précédente législature, les indépendantistes avaient obtenu la majorité en siège sans avoir la majorité en voix.

«Il n’y aura pas forcément de majorité claire, et il pourrait être très compliqué de désigner un président», explique Barbara Loyer, professeure à l’université Paris 8, spécialiste de l’Espagne. Le cas échéant, de nouvelles élections pourraient encore être convoquées. Néanmoins, «si ciudadanos arrivait en tête des votes, ce serait déjà une révolution», même sans majorité à l’assemblée, souligne la chercheuse. 

En cas de victoire du camp indépendantiste, l’incertitude demeurerait importante, aucun parti n’ayant livré d’agenda précis. Une flou politique qui fait écho à celui dans lequel se trouve la société catalane, profondément divisée par trois mois d’oppositions frontales, et des années de tensions larvées.       

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