En direct
A suivre

Pyeongchang : les deux Corées jouent le jeu

Une réunion bilatérale entre des représentants des deux Corées a eu lieu mardi 9 janvier. Une réunion bilatérale entre des représentants des deux Corées a eu lieu mardi 9 janvier.[KOREA POOL / AFP]

Le président sud-coréen Moon Jae-in a évoqué, ce mercredi 10 janvier, la possibilité d’un sommet avec le dirigeant Kim Jong-un, au lendemain de la première réunion entre des représentants des deux pays depuis 2015.

Un mouvement d’ouverture qui accompagne la préparation par le Sud des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, auxquels se rendront des athlètes nord-coréens. Une participation hautement symbolique après deux années d’escalade, qui ont vu la Corée du Nord procéder à trois essais nucléaires et de nombreux lancements balistiques.

Les Jeux de la main tendue

La prochaine étape du dialogue intercoréen aura lieu à Lausanne, au siège du Comité international olympique, où des représentants des deux Corées se réuniront le 20 janvier pour préparer la venue des sportifs nord-coréens à Pyeongchang. L’annonce de leur participation a été accueillie avec enthousiasme, le directeur du CIO, Thomas Bach, saluant «un grand pas en avant». 

De fait, les Jeux d’hiver revêtent «une dimension symbolique importante pour les Coréens», explique Antoine Bondaz, enseignant à Sciences Po. Ils constituent l’occasion idéale pour entériner un rapprochement souhaité depuis son arrivée au pouvoir par le président progressiste de Corée du Sud, Moon Jae-in. Son élection en mai dernier a en effet mis fin à près de dix ans de règne des conservateurs, hostiles à tout rapprochement avec le Nord tant que celui-ci poursuivrait ses recherches nucléaires. 

Dès le mois de juillet, Moon Jae-in avait donc formulé des propositions impliquant la participation du Nord aux JO, une réunion des familles séparées par la guerre, et la reprise des discussions militaires. Autant de mesures qui ont finalement été adoptées lors de la réunion bilatérale de mardi (une incertitude demeure néanmoins sur la réunion des familles, évoquée mais pas encore confirmée).

«La Corée du Nord est forte en termes de communication car elle arrive à donner l’impression que l’initiative vient d’elle», souligne Antoine Bondaz. Le discours du Nouvel An du dictateur Kim Jong-un, dans lequel il a tendu la main au Sud, a en effet été très médiatisé, tant la rupture avec sa rhétorique martiale habituelle était inattendue.

Un rapprochement fragile

L’adresse à la Nation de Kim Jong-un n’était toutefois pas exempte de ses habituels accents guerriers, le dictateur s’étant notamment félicité de pouvoir faire peser une menace nucléaire sur l’ensemble du territoire américain. Un état d’esprit qui rend très incertaine la pérennité de la détente actuelle.

D’autant que la Corée du Sud et les États-Unis devraient procéder, dans les mois qui viennent, à des exercices militaires conjoints. Ces manœuvres ont en effet été suspendues à l’occasion des JO, mais elles n’ont pas été annulées. Or, elles provoquent traditionnellement des représailles de Pyongyang, et pourrait enrailler le dialogue.

La suite des discussions est d’autant moins assurée que le président américain Donald Trump se montre particulièrement imprévisible sur ce dossier. Bien qu’il ait affirmé hier être ouvert à des pourparlers avec Pyongyang, ses relations avec Kim Jong-un se sont jusqu’à présent bornées à l’échange d’insultes personnelles et de menaces atomiques. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités