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La semaine de Philippe Labro : un palmarès unique, des titres par milliers

Roger Federer a remporté son 20e titre du Grand Chelem.[PAUL CROCK / AFP]
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Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

SAMEDI 27 JANVIER

Un brillant et inventif éditeur disparaît – un ami, aussi. Le grand public connaissait à peine son nom, sauf que Jean-Claude Lattès a su lui offrir, pendant toute sa carrière, plus de 2 000 titres, dont des best-sellers – de Maurice Denuzière à Patrick Cauvin, en passant par Joseph Joffo, Amin Maalouf et même Jean d’Ormesson. Nous nous sommes rencontrés, jeunes, en plein Mai 68, et Lattès, aux yeux vifs, à la voix de velours, à l’allure conquérante, eut l’idée simple et nouvelle de faire un livre immédiat – ce qu’il appela une «édition spéciale» – sur ces événements.

Avec une équipe de journalistes et ma consœur Michèle Manceaux, nous avons fabriqué un ouvrage composé de documents, de reportages, d’interviews exclusives (André Malraux, François Truffaut, Daniel Cohn-Bendit, Serge July, à l’époque militant clandestin et anonyme) intitulé Ce n’est qu’un début. Il parut, alors que le mois de juin 1968 se terminait à peine, et il connut un certain succès. A partir de là, Jean-Claude ne devait plus s’arrêter. J’ai le souvenir de sa vigueur et de sa joie de créer, d’oser, de risquer. J’embrasse, ici, sa femme, Nicole, qui sut prendre le relais.

DIMANCHE 28 JANVIER

Federer remporte son 20e titre en Grand Chelem, et nous en sommes ravis. C’est étrange, ce sentiment : lorsque je l’admire, devant ma télévision, j’ai l’impression que c’est un proche, un parent. C’est plutôt un modèle, un exemple, ce tennisman qui, à 36 ans, parvient encore à gagner des tournois majeurs. Il est, sans doute, l’un des plus grands athlètes de l’histoire du sport, quelles que soient les disciplines.

Il allie la force à la grâce, l’intelligence à l’efficacité. On n’en revient pas : tout a l’air si simple, alors que tout est question de travail, travail, travail, à quoi s’ajoute la lucidité d’un homme qui sait gérer son âge, son temps, son corps, son agenda. Il est fabuleux, parce qu’il donne la sensation d’aimer jouer comme s’il avait 15 ans. D’ailleurs, ses larmes, lors de la remise du trophée à l’Open d’Australie, disaient tout : c’est encore un enfant avec son émotion, son goût de gagner, sa crainte de ne pas réaliser ses rêves.

MERCREDI 31 JANVIER

Février et mars arrivent, et, avec eux, la saison du cinéma. On s’avance à grands pas vers les Oscars et les Césars. L’année dernière a connu sa dose habituelle de médiocrités, de banalités et de redites, mais aussi, de temps à autre, les éclairs du talent, ce qui justifie que, bon an mal an, les salles se remplissent autant. Malgré Netflix, la VOD, la tentation des jeux vidéo, le choix de sortir de chez soi pour aller communier avec des inconnus devant un grand écran demeure irremplaçable : 200 millions de spectateurs, peu ou prou, chaque année, en France.

Le vrai rival du film, en fait, c’est la série. Le phénomène de la série désormais tournée, montée, filmée, comme si c’était pour le cinéma, a pris sa place dans la vie quotidienne. On en parle au bureau, au café, chez soi. «T’as vu The Crown ?» Il n’empêche : nous regarderons, cette année encore, la distribution des prix. Nous nous intéresserons particulièrement aux Oscars, car ils seront, sans doute, influencés par l’événement majeur Weinstein, le «Me Too» («moi aussi») et la déferlante de révélations sur les agissements des «porcs».

Il ne faut pas être grand mage pour prédire qu’à Hollywood, cette année, les femmes vont être omniprésentes. «Le moment est venu», disent-elles – et pas seulement les actrices ou les scénaristes, mais également les avocates, les journalistes, les employées les plus diverses. Les femmes américaines sont loin d’en avoir fini avec les mœurs d’hommes qui se voyaient immunisés et impunis dans leur relation avec la gent féminine. C’est un mouvement de fond, un tournant dans la société outre-Atlantique. Certains hommes en sont déjà «morts». D’autres suivront, abattus au champ du déshonneur – et de la dénonciation.

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