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Des migrants en détresse

A Palerme (Sicile), une femme et son bébé sauvés en mer par l'équipage de l'Aquarius. [Alessandro FUCARINI / AFP]

La crise a fait des milliers de victimes depuis 2013, et l’UE reste impuissante face à des tensions toujours plus vives.

Toujours aucun répit. Les naufrages se poursuivent et les violences s’aggravent. Samedi, ce sont les cadavres de seize migrants, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, qui ont été repêchés au large des côtes marocaines.

Un drame malheureusement devenu habituel, qui illustre l’ampleur de la crise que connaissent les migrants depuis 2013. Un destin douloureux qui prend des formes diverses, sachant qu’à l’arrivée, leurs conditions de vie demeurent précaires. Les tensions deviennent de plus en plus vives, que ce soit entre les déplacés eux-mêmes ou avec les populations locales.

Des drames à chaque étape

Janvier 2018 n’a pas échappé à la funeste litanie. Vendredi dernier encore, quatre-vingt-dix clandestins, majoritairement pakistanais, sont morts dans le naufrage de leur embarcation au large de la Libye.

Depuis le début de l’année, ce sont plus de 246 candidats à la traversée de la Méditerranée qui sont décédés. Un bilan terrible et comparable à la même période en 2017. Au total, l’Organisation internationale pour les migrations estime que plus de 16.000 hommes, femmes et enfants ont perdu la vie lors de la traversée depuis 2013. 

Mais la violence de la crise migratoire ne s’arrête pas à l’arrivée sur les côtes. En France, une rixe d’une violence rare entre migrants a par exemple éclaté jeudi dernier à Calais. Le pronostic vital de quatre Erythréens était toujours engagé hier, après qu’un Afghan a ouvert le feu sur eux lors d’une distribution de repas. 

Le parquet de Boulogne-sur-Mer évoque l’hypothèse d’un règlement de comptes, un motif retenu aussi pour la rixe de vendredi à Grande­-Synthe, qui a vu s’affronter Kurdes et Irakiens à l’arme blanche. Ces échauffourées s’inscrivent dans un contexte de tensions continues entre communautés, exacerbées par une extrême précarité. 

De l’autre côté des Alpes, la situation semble tout aussi explosive. Cela s’est encore vérifié ce week-end, quand un extrémiste de droite a blessé par balle six Africains à Macerata, dans le centre de l’Italie, après un fait divers impliquant un Nigérian, accusé d’avoir tué une jeune Italienne. Alors que le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, a appelé au calme, le leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, n’a pas hésité à fustiger «l’invasion migratoire» dans le pays.

Des divisions sur le Vieux Continent

Cette tension exacerbée vient aussi du fait que l’Europe peine à s’accorder. Les quotas imposés par Bruxelles, en 2015, pour soulager l’Italie et la Grèce, sont restés lettres mortes.

Sur un objectif de 120.000 migrants, seuls 27.695 ont depuis été relocalisés en Europe. Cet échec remet aussi en cause le règlement de Dublin, qui régit le droit d’asile.

Il prévoit que le pays responsable de la demande d’un migrant soit le premier qui l’a contrôlé. Un texte qui «déchire littéralement l’Europe», selon Boïko Borissov, le Premier ministre bulgare.

Les pays de l’Est, situés à la périphérie, ont toujours été réticents à cette répartition. Et même à Bruxelles, la révision de la convention de Dublin est actée pour juin.

Le but ? Harmoniser les règles pour que l’UE puisse remplir son obligation morale et juridique d’offrir l’asile aux personnes qui en ont besoin», selon les mots de Dimitris Avramopoulos, commissaire aux Affaires intérieures et à la Migration, dans une tribune du Monde.

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