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UE : la course à la succession de Juncker attise des tensions

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (c) et le négociateur en chef du Brexit pour l'Union Michel Barnier (g) à Strasbourg, le 17 janvier 2018 [FREDERICK FLORIN / AFP/Archives] Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (c) et le négociateur en chef du Brexit pour l'Union Michel Barnier (g) à Strasbourg, le 17 janvier 2018 [FREDERICK FLORIN / AFP/Archives]

La course à la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne est déjà lancée en coulisses. Mais les 28 pays membres de l'UE sont encore loin d'être d'accord sur les règles du jeu.

Parmi les possibles candidats pour remplacer le Luxembourgeois à l'automne 2019, c'est le nom du Français Michel Barnier, actuellement négociateur en chef du Brexit au nom de l'Union, qui revient avec le plus d'insistance. 

Sa candidature avait déjà été envisagée en 2014, mais la famille politique du PPE (droite, majoritaire au Parlement européen), lui avait alors préféré l'actuel président de la Commission.

Jean-Claude Juncker avait été désigné comme «Spitzenkandidat» du PPE, selon le nom allemand qui s'est imposé pour cette procédure, voulant que les partis européens désignent des «candidats têtes de liste» aux élections européennes. L'idée du procédé, inauguré en 2014, est que que la présidence de la Commission doit revenir au candidat du parti arrivé en tête.

Le Parlement européen, à qui revient l'élection du président de la Commission par un vote, tient à tout prix à ce que la méthode soit à nouveau utilisée. Il y voit le gage d'une transparence accrue et d'un renforcement de sa légitimité politique comme de celle de la Commission.

«Frustration»

Mais les traités européens ont confié aux Etats membres le pouvoir de nommer, à la majorité qualifiée, le candidat à la présidence de la Commission, même si les textes leur demandent de manière vague de le faire «en tenant compte des élections au Parlement».

Et plusieurs dirigeants de pays européens, le Français Emmanuel Macron en tête, sont opposés à la méthode des «Spitzenkandidaten», comme ils devraient le rappeler lors d'un sommet à Bruxelles le 23 février.

«En 2014, il y a eu de la frustration dans plusieurs capitales sur le fait que la procédure qui a mené à la nomination de Juncker n'avait pas été assez transparente», commente une source européenne.

Pour certains détracteurs, ce système a mené à une politisation de la Commission, jugée dommageable. D'autres craignent le cas de figure d'une poussée des partis eurosceptiques lors des élections européennes, qui pourrait mener au choix d'un candidat issu de leurs rangs.

Face à ces réticences, les eurodéputés ont prévu de hausser le ton en session plénière la semaine prochaine à Strasbourg (est de la France).

«Le Parlement européen rejettera tout candidat à la présidence de la Commission qui n'aura pas été désigné comme 'Spitzenkandidat' en amont des élections du Parlement européen», a mis en garde l'Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE au Parlement européen.

Et «si les gouvernements des Etats membres tentent de revenir sur ce principe», a-t-il ajouté à l'adresse du président Macron, «ils devront expliquer pourquoi, malgré leurs grands discours sur la nécessité d’un changement démocratique en Europe, ils ne sont en réalité pas prêts à renoncer à l'opacité et au secret».

«Portes closes»

L'influent chef de cabinet allemand de Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr, a lui aussi appelé à reconduire en 2019 la procédure de 2014. 

«Un Spitzenkandidat victorieux qui a fait campagne dans toute l'Europe pour une majorité de sièges aura une plus forte légitimité en tant que président de la Commission européenne qu'une personne choisie derrière des portes closes», a récemment fait valoir Martin Selmayr sur le réseau social Twitter.

En attendant que la formule soit choisie, il n'y pas encore de candidats officiellement déclarés.

Michel Barnier, ancien commissaire et plusieurs fois ministre en France, n'a jamais dit qu'il briguerait à nouveau le poste, mais ses responsabilités actuelles l'ont remis sous les projecteurs.

«Il a fait du très bon travail», estime un haut responsable européen, jugeant que «la manière dont il s'est comporté sur le Brexit a accru la confiance dans la Commission», à laquelle sa fonction est rattachée. «Il est tout à fait conscient du capital politique qu'il a engrangé», ajoute une autre source européenne.

La commissaire à la Concurrence de la Commission européenne Margrethe Vestager à Bruxelles, le 24 janvier 2018 [JOHN THYS / AFP/Archives]
La commissaire à la Concurrence de la Commission européenne Margrethe Vestager à Bruxelles, le 24 janvier 2018

Le nom de la commissaire à la Concurrence, la libérale danoise Margrethe Vestager, est lui aussi souvent évoqué parmi les candidats potentiels, depuis ses coups d'éclat contre les géants américains d'internet.

«La candidature à la présidence de la Commission pourrait m'intéresser», a déjà dit de son côté le socialiste français Pierre Moscovici, actuellement commissaire aux Affaires économiques.

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