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Krach ou pas krach ? Les marchés se font peur mais l'économie est solide

La chute de Wall Street s'est propagé aux marchés financiers mondiaux [ERIC PIERMONT / AFP/Archives] La chute de Wall Street s'est propagé aux marchés financiers mondiaux. [ERIC PIERMONT / AFP/Archives]

Krach ou pas krach ? Le choc qui a fait basculer Wall Street lundi et s'est propagé aux marchés mondiaux fait craindre une spirale négative, mais la solidité économique actuelle plaide davantage pour un accès de faiblesse passager.

La chute de la place américaine, après des mois d'euphorie, a été spectaculaire et suscite des inquiétudes. Ses effets dévastateurs se faisaient d'ailleurs encore sentir mardi avec des Bourses asiatiques et européennes en berne.

«Nous n'avions pas vu de variations d'une telle ampleur depuis longtemps et en ce sens c'est traumatisant. Beaucoup d'investisseurs avaient en outre perdu l'habitude que les marchés baissent», reconnaît Jean-François Robin, expert en obligations chez Natixis.

L'emballement a débuté vendredi avec l'annonce d'une augmentation significative des salaires américains en janvier, qui a ravivé les craintes d'une poussée de l'inflation et des taux d'intérêts, une hausse qui s'est rapidement concrétisée sur le marché de la dette, États-Unis en tête.

Derrière ces inquiétudes, c'est surtout un désengagement plus rapide que prévu des banques centrales que les investisseurs redoutent, après de longues années de perfusion monétaire.

«Protégées par les banques centrales et leurs largesses, les investisseurs se sont habitués à des taux d'emprunts bas, tout comme l'inflation et à une absence de volatilité», note Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.

«Effet moutonnier»

La configuration actuelle du marché, sans mouvements erratiques, née de l'omniprésence des institutions monétaires «qui favorise les effets moutonniers, explique d'ailleurs beaucoup la violence du mouvement», estime M. Robin.

Mais l'optimisme reste majoritaire. «Nous pouvons dire qu'il s'agit d'une correction, je ne crois pas qu'il s'agisse d'un vent de panique», a ainsi affirmé Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général de BNP Paribas, lors d'une conférence de presse.

Pour les experts, l'accès de fièvre relève surtout de la «psychologie de marché», comme le note Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Mais c'est aussi cette dimension qui alimente un risque et en ce sens les séances à venir seront déterminantes.

«Les marchés ont parfois tendance à créer leur propre réalité», note ainsi Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

Et d'ajouter : «Le regain d'inflation et la remontée des taux d'emprunts faisaient déjà partie des thématiques à surveiller" et en ce sens l'annonce de vendredi sur les salaires «peut apparaître comme une excuse facile».

Car «objectivement les conditions ne sont pas réunies pour avoir un véritable krach», estime-t-il, à l'instar de la majorité des spécialistes.

«Au niveau économique, rien n'a changé. Au contraire, les derniers indicateurs ne font que confirmer que l'économie mondiale demeure robuste», complète-t-il.

«Correction saine»

«Les marchés sont encore sous le coup du traumatisme de 2008, la pire crise financière depuis les années 30. Mais nous ne sommes pas en 2008. Il n'y a aucune raison de paniquer. Les résultats des entreprises progressent. Les indices d'activité sont au plus haut depuis des décennies», juge également M. Robin.

A ce stade, «la correction actuelle est plutôt saine», poursuit-il. Un avis partagé par nombre d'acteurs sur les marchés alors que l'indice américain S&P 500 a enregistré en janvier son meilleur début d'année depuis 1997.

En revanche, le retour à la réalité est lui sans appel. «Les investisseurs redécouvrent que les actifs considérés comme plus risqués, comme les actions, peuvent en effet l'être», souligne M. Mourier. «Il y a une force de rappel", relève aussi M. Robin. Selon lui, ces événements rappellent que «l'inflation et la volatilité n'ont pas disparu ou que les banques centrales ne seront pas toujours là».

Pour autant, ajoute-t-il, «cette correction offre surtout des opportunités : à ce niveau, les valeurs du CAC 40, par exemple, ne sont pas chères, surtout au vu des perspectives de résultats et de croissance en Europe, c'est donc plutôt l'occasion d'acheter des actions».

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