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Syrie, Israel, Iran : l'engrenage

Des véhicules militaires israéliens dans le Golan, près de la frontière syrienne, le 11 février. Des véhicules militaires israéliens dans le Golan, près de la frontière syrienne, le 11 février.[JALAA MAREY / AFP]

Les affrontements survenus samedi 10 février entre des forces iraniennes et israéliennes en Syrie font craindre le pire, dans un pays déjà au bord du chaos.  

Un conflit peut en cacher un autre. Alors que l’armée de Bachar al-Assad avait intensifié depuis le début du mois ses frappes contre les rebelles syriens, les forces pro-régimes se sont consacrées, samedi 10 février, à un autre front, contre l’aviation israélienne. Celle-ci est en effet intervenue en représailles à l’envoi d’un drone iranien dans son espace aérien depuis la Syrie. 

Cette opération punitive a déclenché de violents combats, au cours desquels un avion israélien a été abattu. En toile de fonds, la montée en puissance de l’Iran, allié-clé du régime de Bachar al-Assad, dont l’État hébreu redoute l’influence et l’installation à ses portes.

L’ombre de Téhéran

Si Damas dispose du soutien aérien de Moscou, au sol, ce sont le Hezbollah et des milices chiites envoyées par l’Iran qui assistent l’armée syrienne. Leur participation a, d’ailleurs, été déterminante pour permettre au régime de reprendre des positions importantes aux jihadistes et aux rebelles. 

Sept ans après le début du conflit, cette présence iranienne en Syrie est devenue un motif d’inquiétudes pour l’État hébreu. Celui-ci a d’ailleurs procédé à plusieurs frappes depuis 2011, sur des convois d’armes du Hezbollah. «Israël ne veut pas que Téhéran consolide son corridor jusqu’à la Méditerranée», explique Elisabeth Marteu, spécialiste du Proche-Orient à l’Institut international d’études stratégiques.

Le décollage d’un drone iranien depuis la Syrie, en direction de son pays, constituait donc une étape inacceptable pour le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Ce dernier s’est félicité hier du «coup sévère» infligé samedi «aux forces iraniennes et syriennes». 

Mais l’État hébreu à lui même perdu un avion dans les combats. L’appareil, touché par un missile tiré de Syrie, s’est écrasé dans le nord d’Israël. Ses deux pilotes se sont éjectés mais ont été grièvement blessés. 

Alors que les affrontements de ce week-end sont les plus violents entre les deux pays depuis longtemps, sur le plan diplomatique, la tension est permanente. Israël critique notamment l’accord signé en 2015 sur le nucléaire iranien entre Téhéran, l’Europe et les États-Unis, sur lequel ces derniers pourraient d’ailleurs revenir. 

L’administration de Donald Trump partage en effet les craintes de Benjamin Netanyahou sur l’expansion régionale de l’Iran. «Cela pourrait même devenir la principale préoccupation de Washington en Syrie, après la chute de Daesh», souligne Elisabeth Marteu.

Différents fronts entremêlés

Ce conflit indirect entre Israéliens et Iraniens vient s’ajouter aux nombreux fronts déjà ouverts en Syrie, impliquant des puissances étrangères. La coalition internationale menée par les États-Unis continue notamment de traquer les dernières poches de résistances jihadistes dans le pays. Face à elle, Daesh et les autres groupes islamistes comptent eux-mêmes dans leur rang des combattants étrangers venus du monde entier. 

Le Nord de la Syrie fait en outre l’objet d’une offensive d’Ankara contre une milice kurde installée non loin de la frontière turque. Ces combats ont encore fait onze morts dans les rangs turcs samedi. 

Enfin, la Syrie reste le théâtre d’affrontements entre le régime et des insurgés. Ce dimanche encore, des frappes de Damas sur les rebelles de la Ghouta ont tué six civils, dont deux enfants.

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