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La descente aux enfers de la Ghouta

Les frappes du régime syrien ont détruit de nombreuses habitations à la Ghouta orientale. Les frappes du régime syrien ont détruit de nombreuses habitations à la Ghouta orientale.[ABDULMONAM EASSA / AFP]

Plus de 300 personnes ont été tuées depuis dimanche 18 février dans des raids contre l’une des dernières enclaves rebelles. 

Pas de texte, mais des lignes vides, entre guillemets, parce que l’Unicef ne trouvait pas les mots. Le dernier communiqué de l’organisation humanitaire sur la catastrophe qui se déroule en Syrie traduit bien la sidération de la communauté internationale face au massacre qui se joue dans la ghouta orientale, une enclave rebelle des environs de Damas.

Depuis dimanche, elle subit en effet les bombardements incessants du régime de Bachar al-Assad. Plus de 300 civils, dont plus de 70 enfants, ont été tués. L’armée, qui assiège la zone depuis 2013, semble décidée à chasser définitivement les derniers insurgés, quitte à commettre des meurtres de masse, et à laisser une région en ruines.

Des barils d’explosifs largués

Les dernières frappes, présentées comme des représailles aux tirs de roquettes régulièrement effectués depuis la Ghouta vers Damas, ont encore tué 24 personnes hier. Ces morts se sont ajoutés aux 272 victimes des trois journées précédentes. En plus des bombes, les avions de l’armée ont largué des barils d’explosifs, particulièrement destructeurs et impossibles à contrôler.

Plusieurs immeubles résidentiels ont été touchés. La plupart des hôpitaux de la région sont hors d’usage, et les derniers encore en service sont surchargés. A tel point que de nombreux blessés sont soignés à même le sol, quand cela est possible, car le manque de médicaments et de matériel est criant, l’accès à la région étant bloquée par l’armée depuis presque cinq ans.

Ce siège, «digne du Moyen Age» selon l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre, a en outre contribué,  ces derniers mois, à affamer la population, et l’Unicef a signalé de nombreux cas de malnutritions sévère. Au total, 400 000 personnes restent piégées. Alors qu’un unique convoi humanitaire a pu pénétrer dans la zone depuis début décembre, le Comité international de la Croix Rouge a demandé hier à pouvoir s’y rendre «pour porter secours aux blessés».

Le régime de Damas n’avait, dans un premier temps, pas répondu à sa requête, mais une trêve humanitaire semble très peu probable. Le journal syrien Al-Watan, proche du pouvoir, a en effet qualifié les frappes actuelles de simple «prélude à une opération d’envergure». De fait, des renforts ont été réunis autour de la Ghouta en vue d’une offensive terrestre. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui redoute «un cataclysme humanitaire», en a déduit que «le pire est devant nous».

Les Nations unies impuissantes

Le chef de la diplomatie française doit se rendre «dans les prochains jours» à Moscou et à Téhéran, dans l’espoir d’obtenir une trêve des principaux alliés de Bachar al-Assad. Mais la Russie bloque depuis le début de la guerre, en 2011, toute tentative du Conseil de sécurité des Nations unies de condamner le régime de Damas. 

Mardi, des avions russes auraient même pris part aux raids de l’armée, pour la première fois depuis trois mois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Cette information a été démentie par le Kremlin, mais celui-ci se refuse à condamner les actes de son allié. Mercredi 18 février, l’ambassadeur russe à l’ONU Vassily Nebienza a néanmoins demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, pour permettre à toues les parties de «présenter leur vision» et de «proposer des moyens de sortir de la situation actuelle». 

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