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Chute du cours du Bitcoin et des cryptomonnaies : les explications

Le cours du Bitcoin est revenu à son plus bas niveau depuis le mois de Novembre. [Capture d'écran ]

Le Bitcoin et l'ensemble du marché des cryptomonnaies ont connu ces dernières semaines leur chute la plus importante depuis 2013. Le Bitcoin est descendu à environ 6.000 dollars le 5 février, après avoir atteint 20.000 dollars début janvier.

Et le Bitcoin a enregistré une rechute cette semaine après être remonté jusqu'à plus de 11.000 dollars. La semaine a en effet été riche en nouvelles inquiétantes, propageant le «FUD» (Fear, Uncertainity and Doubt, soit Peur, incertitude et doute).

La principale fait état de la vente massive de Bitcoin par un administrateur japonais de l'ancienne plateforme de cryptomonnaies Mt Gox. Cette dernière fait l'objet d'une liquidation après le vol en 2014 de millions de dollars de Bitcoin, et il s'agissait de rembourser les utlisateurs floués, comme on peut le lire dans l'article ci-dessous.

La veille, la rumeur du piratage de Binance, la principale plateforme d'échanges de cryptomonnaies, avait également effrayé les investisseurs. 

Mais en réalité seuls les utilisateurs ayant recours à des «bots», des robots qui tradent automatiquement, ont été concernés. C'est donc l'un de ces bots a été hacké, et non la plateforme. C'est ce bot qui a tout vendu pour des Bitcoin, avant d'acheter des VIA.

Dans le même temps, une autre plateforme, Bitmex, connaissait des problèmes techniques, et est restée inaccessible pendant quelques minutes.

Autre élément inquiétant pour les investisseurs, quoiqu'il ne semble pas plus problématique pour eux que cela, la publication par les autorités financières américaines (la SEC) d'un rapport indiquant que certaines plateformes d'échanges de cryptomonnaies étaient dans l'illégalité, puisqu'elle n'étaient pnotamment pas enregistrée correctement.

L'ensemble du marché avait atteint son plus bas niveau depuis le début du mois de décembre, plongeant sous la barre des 300 milliards de dollars environ alors qu'il avait dépassé les 800 milliards de dollars en début d'année. 

Mais la chute des cours amorcée en janvier répondait à d'autres explications. Les voici.

Une correction attendue

De nombreux investisseurs avaient prédit une telle chute. L'exubérance dont avait fait preuve le marché entre novembre et début janvier semblait en effet exagérée, le Bitcoin passant de moins de 10.000 dollars à 20.000 en l'espace de quelques jours. Le passage de la barre symbolique des 10.000 dollars avait en effet suscité un intérêt médiatique sans précédent, et de nombreux nouveaux investisseurs s'étaient lancés sur le marché.

La courbe s'est ensuite inversée lorsqu'une autre barre symbolique, celle des 20.000 dollars, a été atteinte. De nombreux investisseurs, dont certains détenaient du Bitcoin depuis très longtemps, ont décidé de prendre leurs bénéfices, contribuant à faire chuter les cours.

Les experts des marchés connaissent bien ce phénomène, sous le nom de correction. Certains estiment même qu'elle est saine, et qu'elle permettra à l'avenir au marché d'évoluer de manière plus mature et progressive. 

La crainte des régulations

Ces dernières semaines, les nouvelles inquiétantes pour les investisseurs se sont multipliées. Des rumeurs successives ont fait état d'une interdiction des cryptomonnaies en Chine, puis en Corée du Sud, et enfin en Inde. Dans ces trois cas, il s'agissait en réalité d'une volonté des gouvernements de légiférer pour mieux encadrer ce nouveau marché, en interdisant par exemple d'investir en restant anonyme. 

Le 11 janvier, l'agence Reuters avait ainsi fait passer une information selon laquelle le gouvernement sud-coréen souhaitait interdire les cryptomonnaies, ce qui avait entraîné un effondrement des prix de près de 12% dans la journée. L'agence se basait sur des déclarations du ministre de la Justice, démenties dans les heures suivantes par le ministre des Finances. Ce dernier a confirmé le 31 janvier que le gouvernement n'avait pas l'intention d'interdire la cryptomonnaie.

Dans un pays où près d'un tiers de la population adulte a investi dans le Bitcoin et les cryptomonnaies, l'annonce du ministre de la Justice avait suscité un tollé, une pétition demandant sa démission ayant circulé dans les jours suivants, réunissant plus de 60.000 signatures.

Aux Etats-Unis, une audition sur les cryptomonnaies s'est tenue ce mardi 6 février au Sénat, ce qui avait ravivé les craintes. Mais son contenu a finalement plus rassuré qu'autre chose, le sénateur en charge du dossier affirmant que les cryptomonnaies constituaient un secteur d'avenir, indissociable de la blockchain.

Ces annonces d'interdiction, en grande partie démenties, suscitent un sentiment d'incertitude parmi les investisseurs répandant ce que dans le monde des cryptomonnaies ont appelle «FUD» (Fear, Uncertainity and Doubt soit «peur, incertitude et doute»).

Nombre d'analystes estiment même que le fait de réguler les marchés de cryptomonnaies ne pourra que rassurer les investisseurs. D'autres rappellent aussi qu'interdire les cryptomonnaies est, par définition, impossible. 

Et comme si cela ne suffisait pas, alors que le Bitcoin semblait prêt à remonter, la Chine annonçait lundi 5 février un renforcement des régulations locales, en tentant d'interdire les plateformes d'échanges, ainsi que leur accès sur le sol chinois. Les analystes estiment toutefois que les investisseurs se replieront sur le Japon ou les autres pays de la région pour contourner l'interdiction. 

Une plateforme japonaise piratée

Le 29 janvier, la plateforme d'échanges de cryptomonnaies Coincheck, la seconde plus importante du Japon, pays leader en matière de monnaies cryptées, était piratée. Près de 530 millions de dollars de la cryptomonnaie NEM ont ainsi été volés, et 260.000 investisseurs se sont retrouvés floués.

Coincheck a annoncé depuis qu'ils seraient remboursés. Une manière pour Coincheck de reconnaitre sa responsabilité, l'entreprise étant accusée de ne pas avoir respecté les mesures de sécurité nécessaires pour protéger les avoirs de ses clients dans cette cryptomonnaie.

L'entreprise NEM l'a d'ailleurs souligné, déplorant que des possesseurs de sa monnaie aient pu être pénalisés.

Toutefois, ce piratage ne semble pas avoir découragé les investisseurs japonais en cryptomonnaies, qui comptent parmi les plus enthousiastes au monde. Bitflyer, la plus grande plateforme d'échanges de cryptomonnaies au Japon, a ainsi constaté depuis une augmentation du nombre d’utilisateurs enregistrés. «Ironiquement, beaucoup de gens se sont intéressés aux cryptomonnaies après cet incident », a déclaré un responsable de l’échange à news.Bitcoin.com.

Craintes autour de la plateforme d'échanges Bitfinex

A toutes ces nouvelles négatives est venue s'ajouter cette semaine l'annonce que les autorités américaines avaient assigné à comparaître les dirigeants de Bitfinex, l'une des plus importantes plateformes d'échanges de cryptomonnaies de la planète, qui enregistre près de 7% du volume total des échanges. En cause, la cryptomonnaie Tether, qui dépend de la plateforme, et dont le cours est adossé sur celui du dollar. La justice souhaite vérifier que l'entreprise détient bien autant de dollars en monnaie traditionnelle que de Tether, afin de pouvoir garantir son cours. Ce, alors que près de 450 millions de Tether ont été crées en seulement une semaine. 

La crainte de voir Bitfinex s'écrouler a ainsi suscité la panique chez de nombreux investisseurs, ces derniers se rappelant du krach qui avait suivi la faillite de la plateforme MtGox en 2014, suite au «vol» de 750.000 Bitcoin. Il avait alors fallu près de trois ans au Bitcoin pour retrouver son niveau d'avant. Mais MtGOx représentait alors près de 80% des transaction en crytpomonnaie, ce qui expliquait que cela ait eu un tel impact.

Une affaire à suivre, donc, même si les nouvelles rassurantes se sont multipliées depuis. 

Wall Street aurait parié à la baisse

Une autre théorie répandue expliquant la chute du Bitcoin et des cryptomonnaies est la présence sur le marché des investisseurs de Wall Street, qui pour certains d'entre eux ont pu parier à la baisse sur les cours. Une possiblité offerte depuis le mois de décembre par la mise en place des «contrats futures».

En Anglais cela s'appelle le «short selling», traduit en Français par «vente à découvert». Concrètement, l'investisseur parie sur un prix de revente à la baisse à partir du prix actuel. Si ce prix est atteint, il empoche la différence. Ainsi, en misant sur un Bitcoin à 7.500 dollars lorsqu'il était à 20.000 dollars, un investisseur a pu empocher 75% de bénéfices sur sa mise de départ.

Conclusion

Il reste désormais à voir si le rebond se confirme dans les jours à venir, comme le pensent de nombreux analystes. En attendant, la mise en perspective du cours du Bitcoin ces derniers mois permet de relativiser ce krach.

Personne ne peut dire de quoi l'avenir sera fait, mais certains analystes restent optimistes pour les mois à venir.

Il convient toutefois de rappeller que le marché des cryptomonnaies, comme nous l'avons constaté, est extrêmement volatile et constitue un investissement à haut risque.

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