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Syrie : le fief rebelle en attente de l'aide, pressions occidentales accrues

Photo prise le 1er mars 2018 montrant l'enfant Khaled al-Ghorani allongé dans une clinique après avoir été amputé de la main à Kafr Batna, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régime [AMER ALMOHIBANY / AFP] Photo prise le 1er mars 2018 montrant l'enfant Khaled al-Ghorani allongé dans une clinique après avoir été amputé de la main à Kafr Batna, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régime. [AMER ALMOHIBANY / AFP]

Assiégés et soumis à un bombardement quasi incessant, les habitants du fief rebelle dans la Ghouta orientale en Syrie attendent des aides dont ils ont cruellement besoin, l'Occident accentuant vendredi la pression sur le régime pour alléger la grave crise humanitaire.

Les quelque 400.000 habitants de cette enclave aux portes de Damas subissent au quotidien pénuries de nourritures et de médicaments en raison du siège asphyxiant imposé depuis 2013 par le pouvoir de Bachar al-Assad.

Pour échapper à une nouvelle campagne aérienne du régime lancée le 18 février et ayant tué plus de 600 civils, ils vivent désormais terrés dans les sous-sols. Un «enfer sur terre» avait asséné le chef de l'ONU.

La France, mais aussi l'Allemagne et les Etats-Unis, ont dénoncé les bombardements, et même des attaques chimiques présumées imputées au régime dans ce pays en guerre depuis 2011. Ce dernier devra «rendre des comptes» pour la «détérioration» de la situation humanitaire dans la Ghouta selon Berlin et Washington.

La Russie, allié indéfectible du régime Assad, a elle annoncé une trêve humanitaire quotidienne de cinq heures entrée en vigueur mardi. Mais les frappes et les tirs d'artillerie ont continué même s'ils ont baissé d'intensité.

Cette trêve doit permettre d'évacuer blessés et civils, mais seul un couple de Pakistanais âgés est sorti. Et les camions d'aides promises aux habitants de l'enclave attendent toujours d'être distribuées.

Puiser dans les réserves

Plus de 40 camions chargés d'aides sont prêts à entrer dans le fief rebelle. Mais selon l'ONU, la fenêtre de cinq heures n'est pas «suffisante» pour permettre leur livraison et distribution.

En attendant, les habitants survivent en puisant dans leurs réserves de nourriture économisées précieusement, ou grâce au soutien d'associations caritatives locales qui organisent des distributions quotidiennes de repas, souvent une maigre portion de riz, ou encore du pain, selon un correspondant de l'AFP.

Des Syriens fuient, avec leurs affaires, le 1er mars 2018 leur maison à Utaya, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régime [ABDULMONAM EASSA / AFP]
Des Syriens fuient, avec leurs affaires, le 1er mars 2018 leur maison à Utaya, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régimen [ABDULMONAM EASSA / AFP]

Sur les marchés, les produits de première nécessité -riz et pâtes- sont difficiles à trouver, ou se vendent à prix d'or. A titre d'exemple, le prix du pain a été multiplié par 25 en février selon l'ONU.

Malgré l'annonce d'un couloir humanitaire pour quitter l'enclave rebelle, plusieurs habitants interrogés par l'AFP ces derniers jours ont assuré ne pas vouloir sortir car ils ne font pas «confiance» au régime syrien.

Ils disent craindre des représailles ou veulent éviter la conscription obligatoire dans l'armée syrienne.

«On ne veut pas se retrouver dans des centres d’accueils, nos maisons et nos terres sont ici», lâche Raëd, 27 ans, un habitant de la localité de Hammouriyé. «On ne veut pas sortir et être maltraités».

«On ne se sent pas rassurés, on ne sait pas s'il y a une trêve ou pas», lâche ainsi Malek Mohamed, un habitant de 25 ans de Douma. «Les avions militaires sont toujours dans le ciel, des obus tombent».

La trêve annoncée par la Russie a suivi le vote au Conseil de sécurité de l'ONU samedi d'une résolution appelant à un cessez-le-feu global de trente jours dans toute la Syrie. Un appel resté lettre morte.

Un enfant syrien regarde le 1er mars 2018 un bâtiment détruit à Kafr Batna, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régime [AMER ALMOHIBANY / AFP]
Un enfant syrien regarde le 1er mars 2018 un bâtiment détruit à Kafr Batna, une des villes rebelles de la Ghouta orientale, aux portes de Damas, bombardée par le régime [AMER ALMOHIBANY / AFP]

Vendredi, des frappes ont de nouveau visé le fief rebelle ainsi que des roquettes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des combats au sol à la périphérie sud de l'enclave rebelle ont permis au régime de reprendre deux localités.

Le régime contrôle déjà les deux-tiers de la vaste région de la Ghouta. L’autre tiers est aux mains des rebelles.

Depuis le 18 février, raids aériens, barils d'explosifs et tirs d'artillerie du régime ont tué 617 civils, dont 149 enfants, selon l'OSDH.

«Rendre des comptes»

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

«Le régime syrien devra rendre des comptes pour la détérioration continue de la situation humanitaire dans la Ghouta orientale», ont mis en garde la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump.

«Cela vaut aussi bien pour l'usage d'armes chimiques par le régime Assad que pour les attaques sur les civils et le blocus de l'aide humanitaire», ont-il précisé lors d'un entretien téléphonique jeudi.

Ces derniers mois, le régime a été accusé à plusieurs reprises d'avoir eu recours à des attaques chimiques contre des fiefs rebelles, notamment la Ghouta orientale, ce qu'il dément.

«La France et les Etats-Unis ne tolèreront pas l'impunité» en cas «d'utilisation avérée» d'armes chimiques, a affirmé Paris après un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Donald Trump.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU doit organiser vendredi à Genève un «débat urgent» sur la situation humanitaire dans la Ghouta orientale.

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