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Sous-marin danois : Peter Madsen nie le meurtre de la journaliste Kim Wall

Des enquêteurs relèvent des indices sur le sous-marin Nautilus, le 13 août 2017 dans le port de Copenhague, après le meurtre de la journaliste suédoise Kim Wall tuée par le Danois Peter Madsen [Jens Noergaard Larsen / Scanpix Denmark/AFP/Archives] Des enquêteurs relèvent des indices sur le sous-marin Nautilus, le 13 août 2017 dans le port de Copenhague, après le meurtre de la journaliste suédoise Kim Wall tuée par le Danois Peter Madsen. [Jens Noergaard Larsen / Scanpix Denmark/AFP/Archives]

Le Danois Peter Madsen, accusé d'avoir tué en août 2017 sur son sous-marin la journaliste suédoise Kim Wall, dont il a reconnu avoir jeté en mer le corps mutilé et démembré, s'est de nouveau déclaré innocent du meurtre jeudi à l'ouverture de son procès.

Présent à l'audience au tribunal de Copenhague, Peter Madsen ne s'est pas exprimé mais son avocate a confirmé à la cour qu'il n'avait pas modifié sa ligne de défense selon laquelle Kim Wall est morte accidentellement à bord du sous-marin. Il a reconnu avoir jeté son cadavre en mer, au large de la capitale danoise, mais nie l'avoir agressée sexuellement.

Le procureur Jakob Buch-Jepsen avait annoncé son intention de requérir la prison à vie à l'encontre de Madsen, par ailleurs poursuivi pour atteinte à l'intégrité d'un cadavre et agression sexuelle dans la même affaire.

Les douze journées d'audience prévues jusqu'au 25 avril doivent permettre au tribunal de mieux comprendre la personnalité du meurtrier présumé et les circonstances de la mort de Kim Wall à bord du sous-marin Nautilus, le 10 août 2017.

La journaliste se trouvait en mer avec l'énigmatique créateur du submersible, Peter Madsen, qu'elle voulait interviewer.

Arrêté et écroué peu après la disparition de la jeune journaliste dans des circonstances troubles, l'inventeur de 47 ans a depuis avoué avoir démembré et jeté son corps à la mer mais dément l'avoir tuée.

L'autopsie n'a pas permis de déterminer les causes de la mort de Kim Wall, dont le corps décapité, démembré, mutilé et lesté a été retrouvé à plusieurs endroits dans la baie de Køge séparant le Danemark de la Suède.

L'inventeur Peter Madsen (d) discute avec un policier le 11 août 2017 dans le port de Dragoer [Bax Lindhardt / Scanpix Denmark/AFP/Archives]
L'inventeur Peter Madsen (d) discute avec un policier le 11 août 2017 dans le port de Dragoer [Bax Lindhardt / Scanpix Denmark/AFP/Archives]

Peter Madsen clame son innocence, affirmant que la journaliste a été victime d'un accident à bord de son sous-marin et qu'il a jeté son corps à la mer.

Fantasme sexuel

Kim Wall, journaliste indépendante suédoise de 30 ans, avait disparu le 10 août au soir dans le détroit de l'Öresund, entre Danemark et Suède, alors qu'elle effectuait un reportage sur le Nautilus et Peter Madsen.

«Elle aurait voulu savoir pourquoi quelqu'un (...) pouvait s'imaginer créer des choses qui le sont normalement par des militaires et des gouvernements puissants», avait expliqué en août à l'AFP Nina Berman, l'une des professeurs de Kim Wall à l'université de Columbia (New York) d'où elle était sortie diplômée en 2014.

Le petit ami de la Suédoise, resté fêter avec des amis le proche départ du couple qui avait décidé de s'installer en Chine, avait déclaré sa disparition dans la nuit du 10 au 11 août.

Peter Madsen, secouru le 11 par un plaisancier avant le naufrage de son bâtiment, est soupçonné de l'avoir sabordé. Après d'intenses recherches en mer, le tronc lesté de Kim Wall, dont les membres et la tête ont été délibérément sectionnés, a été découvert le 21 août en baie de Køge, par un cycliste.

L'accusation soutient que M. Madsen a torturé et tué la journaliste afin de satisfaire un fantasme sexuel, ce qu'il nie. Aucun mobile n'apparaît cependant clairement.

Des témoins, dont plusieurs ex-liaisons, décrivent un homme nourrissant de multiples perversions sexuelles, adepte de scénarios sado-masochistes, pratiquant des simulacres d'étranglement.

L'étude du disque dur saisi dans son atelier - il nie qu'il s'agit du sien - a révélé des vidéos de femmes - apparemment réelles selon l'accusation - violées, assassinées, brûlées.

Aider les femmes journalistes

Des rescapés indigents du séisme en Haïti aux femmes journalistes en Ouganda, des athlètes américains obèses à l'essor du tourisme en Corée du Nord, Kim Wall parcourait inlassablement la planète en quête de destins aussi singuliers qu'universels.

Ses proches ont déjà annoncé la création d'un fonds «Kim Wall», atteignant actuellement presque 200.000 dollars (160.000 euros), ainsi qu'une bourse d'études de 5.000 dollars qui sera remise le 23 mars afin d'assurer la sécurité des femmes journalistes lorsqu'elles se rendent en reportage à l'étranger.

Avec cette somme, «il s'agit [pour la lauréate] d'être capable de vivre convenablement et en toute sécurité» et de «se payer une assurance adéquate», a expliqué mardi Ingrid Wall, la mère de Kim Wall, à l'agence suédoise TT.

Le procès de l'inventeur, auquel sont attendus 37 témoins, dont un médecin légiste et des experts, s'ouvre le jour de la Journée internationale pour les droits des femmes.

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