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Puigdemont devant un juge après son arrestation vivement contestée en Catalogne

Un pompier éteint l'incendie d'une poubelle après des affrontements entre des manifestants et la police le 25 mars 2018 à Barcelone [LLUIS GENE                           / AFP] Un pompier éteint l'incendie d'une poubelle après des affrontements entre des manifestants et la police le 25 mars 2018 à Barcelone [LLUIS GENE / AFP]

L'ex-président de Catalogne Carles Puigdemont doit être présenté lundi à un juge en Allemagne, après son arrestation qui a suscité une vague de protestation en Catalogne où des rassemblements ont donné lieu à des affrontements entre indépendantistes et forces de l'ordre à Barcelone.

Carles Puigdemont a été arrêté dimanche dans le nord de l'Allemagne, venant du Danemark voisin, en vertu d'un mandat européen émis par l'Espagne. Selon son avocat, Jaume Alonso-Cuevillas, il était en route pour la Belgique où il s'était réfugié après l'éphémère déclaration d'indépendance de la Catalogne du 27 octobre, au coeur d'une vive tension entre cette puissante région d'Espagne dominée par les indépendantistes et le pouvoir central.

Il sera présenté lundi à un juge pour confirmer son identité, a annoncé le parquet du Land de Schleswig-Holstein. Un tribunal à Schleswig devra ensuite décider de son placement formel en détention en vue d'une remise à l'Espagne, selon le communiqué du parquet qui ne précise pas la durée de la procédure.

Des manifestants se heurtent aux forces de l'ordre à Barcelone le 25 mars 2018, après l'annonce de l'arrestation de Carles Puigdemont en Allemagne [LLUIS GENE                           / AFP]
Des manifestants se heurtent aux forces de l'ordre à Barcelone le 25 mars 2018, après l'annonce de l'arrestation de Carles Puigdemont en Allemagne [LLUIS GENE / AFP]

Des milliers d'indépendantistes sont descendus dans la rue dimanche pour protester contre cette arrestation, notamment à Barcelone où les manifestants, à l'appel d'un groupe radical, les Comités de défense de la République (CDR), ont tenté d'approcher de la préfecture. Les policiers catalans, les Mossos d'Esquadra, les ont repoussés à coups de matraque et en tirant en l'air.

Les militants ont lancé des oeufs, des bouteilles, des grilles de fer, et ont même tenté de lancer des conteneurs d'ordures en direction de la police, qui a chargé pour les disperser en fin de soirée.

Selon les services de secours, 90 personnes ont été blessées légèrement à Barcelone, dont 22 policiers. Auparavant, les secours avait fait état de sept personnes blessées dans la ville de Lleida, à 150 km à l'ouest, et d'un blessé à Tarragone, plus au sud.

«Cela nous indigne qu'ils aient arrêté Puidgemont», s'est écriée Judit Carapena, une étudiante en architecture de 22 ans. «Mais qu'ils ne crient pas victoire, ce n'est pas la fin de l'indépendantisme, loin de là».

Yolanda Salleras, une kinésithérapeute de 37 ans, a demandé quelque chose «de plus radical (...) une grève générale de plusieurs jours pour qu'ils les libèrent tous». Neuf autres dirigeants séparatistes sont incarcérés en Espagne.

D'après la radio catalane, des membres des CDR ont coupé des routes, comme ils l'avaient fait lors de deux grèves déclenchées après les violences policières qui ont marqué le référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre.

Le président du parlement catalan, Roger Torrent, a lancé un appel au calme à la télévision régionale. «Je n'ai aucun doute que la société catalane agira comme elle l'a toujours fait, par la non-violence», a-t-il déclaré.

Inculpé de «rébellion»

M. Puigdemont a été arrêté deux jours après que le juge de la Cour suprême espagnole Pablo Llarena eut décidé des poursuites pour «rébellion» contre lui et 12 autres dirigeants séparatistes.

Au total, 25 dirigeants ont été inculpés vendredi, dont 12 pour des charges moins graves comme «désobéissance».

Le juge a émis ou réactivé des mandats d'arrêt européens et internationaux contre six d'entre eux en fuite à l'étranger, dont M. Puigdemont.

L'une des exilés, Clara Ponsati, inculpée elle aussi de rébellion, «prend des dispositions» pour se «livrer» aux autorités en Ecosse, où elle enseigne l'économie à l'université de St Andrews, a annoncé la police écossaise.

La rébellion est passible de 30 ans de prison en Espagne. Ce chef d'accusation est controversé, car il suppose un «soulèvement violent» qui, selon de nombreux juristes, ne s'est jamais produit.

Opération des services de renseignement

Un officier de justice entre dans le centre de détention de Neumuenster (nord de l'Allemagne), où l'ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont serait détenu après avoir été arrêté en Allemagne sur la base d'un mandat d'arrêt européen, le 25 mars 2018  [PATRIK STOLLARZ                      / AFP]
Un officier de justice entre dans le centre de détention de Neumuenster (nord de l'Allemagne), où l'ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont serait détenu après avoir été arrêté en Allemagne sur la base d'un mandat d'arrêt européen, le 25 mars 2018 [PATRIK STOLLARZ / AFP]

L'ancien président destitué s'était rendu en Finlande jeudi et vendredi et avait quitté ce pays avant une éventuelle arrestation par la police finlandaise.

Mais il était suivi par le service de renseignement espagnol qui a alerté ses homologues allemands. «Puigdemont a été arrêté en Allemagne grâce à une opération conjointe de la police et du CNI (Centrale nationale de renseignement)», a confirmé la police espagnole dans un tweet.

«Le président Puigdemont connaissait les risques», a affirmé lors de la manifestation Elsa Artadi, une députée de son parti, «mais il n'a voulu à aucun moment que les risques et la peur l'arrêtent dans son activité politique pour internationaliser le conflit».

Mme Artadi avait auparavant annoncé que Carles Puigdemont s'opposerait à son extradition. «L'Espagne ne garantit pas un procès équitable, seulement la vengeance et la répression», a-t-elle écrit sur Twitter.

La Catalogne a replongé dans l'impasse politique après l'échec de l'investiture à la présidence régionale de Jordi Turull, incarcéré vendredi lors d'une offensive judiciaire contre le noyau dur des dirigeants indépendantistes.

L'ex-président catalan Carles Puigdemont à Genève, le 18 mars 2018 [Fabrice COFFRINI / AFP]
L'ex-président catalan Carles Puigdemont à Genève, le 18 mars 2018 [Fabrice COFFRINI / AFP]

C'est la troisième fois que les séparatistes échouent à faire élire un nouveau président pour la Catalogne en raison de décisions de justice. Leur premier candidat, Carles Puigdemont, n'a pas pu se faire élire depuis Bruxelles. Le second, Jordi Sanchez, n'a pas été autorisé à sortir de prison.

Les indépendantistes ont pourtant conservé la majorité absolue au parlement catalan après les élections du 21 décembre, convoquées par Madrid.

S'ils n'arrivent pas à faire élire un président avant le 22 mai, de nouvelles élections seront automatiquement convoquées. Et tant qu'elle n'aura pas de président et de gouvernement, la Catalogne restera sous la tutelle de Madrid, imposée après la déclaration d'indépendance.

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