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Incendie meurtrier en Sibérie : des témoignages glaçants

Cérémonie funèbre à Kemerovo, en Sibérie, pour les victimes de l'incendie meurtrier dans un centre commercial, le 28 mars 2018 [Dmitry Serebryakov / AFP] Parmi les victimes, 41 étaient des enfants et adolescents. [Dmitry Serebryakov / AFP]

Des enfants enfermés à clef dans une salle de cinéma, une alarme incendie qui ne se déclenche pas : des témoins de l'incendie dimanche d'un centre commercial à Kemerovo, en Sibérie, dénonçaient mercredi les coulisses d'un drame qui a bouleversé la Russie.

Parmi les victimes, 41 étaient des enfants et adolescents, dont beaucoup s'étaient rendus au cinéma du centre commercial pour voir un dessin animé. Lorsque l'incendie s'est déclaré, ils se sont retrouvés au piège dans la salle de cinéma dont les portes avaient été fermées à clé, selon de nombreux témoignages.

Alexandre Ananiev venait de déposer ses trois filles au cinéma quand une de ses filles l'a appelé : «Papa, on dirait qu'il y a un incendie ! On ne peut pas sortir !», a-t-elle crié. Il a alors couru vers la salle, mais des vigiles l'ont empêché de passer, a-t-il raconté au quotidien Moskovski Komsomolets. «Mes filles sont là», a hurlé le père, mais les vigiles n'ont pas fléchi.

«Toute la salle est restée assise, on attendait de l'aide. Pendant quinze minutes on a attendu. Ensuite nous avons compris qu'il ne servait à rien d'attendre, il fallait tenter de fuir», a expliqué à l'agence RIA Novosti Mikhaïl Troussov, dont les deux filles sont mortes dans l'incendie.

«Les enfants ont été piégés dans la salle enfumée», a dénoncé Irina Ivantchik, dont le fils Artem, 10 ans, a été tué.

Avant de mourir, certains enfants ont eu le temps de parler avec leurs parents, relatent les médias russes. «Cette voix d'enfant au téléphone : "Je n'arrive plus à respirer, j'étouffe" (...) je ne souhaite à personne de le vivre», a raconté au site Lenta.ru Alexandre Kalatchev.

«Il n'y a eu aucune alarme. J'ai compris que c'était un incendie quand une fumée a commencé à se répandre», a confié une employée d'un salon de manucure à la chaîne de télévision LifeNews!.

Hurlements d'enfants pris au piège

«Il n'y a eu aucune alarme incendie, les gens ont commencé à courir en criant "au feu"», a renchéri Denis Sokolov, tandis que Nika, 12 ans, a dit à LifeNews! «avoir cru que c'était une fausse alarme».

Témoignant devant un juge, un vigile du centre commercial a affirmé «avoir constamment signalé à la direction qu'il y avait des violations en termes de règles de sécurité». «Certaines alarmes ne fonctionnaient pas, d'autres fonctionnaient. Les issues de secours étaient toujours encombrées. Nous le disions sans cesse mais personne ne nous écoutait», a-t-il accusé, selon LifeNews!.

Quand il a été clair qu'un incendie se propageait, «il y a eu une grande cohue, les gens se bousculaient», a raconté Denis Sokolov sur le réseau social Vkontakte. «On entendait clairement les hurlements des enfants, ils appelaient leurs mamans, c'était des cris qui vous fendaient le coeur», a-t-il décrit. «La fumée était très épaisse, les enfants pleuraient, toussaient et leurs parents criaient.»

Après avoir sauvé deux enfants, Denis Sokolov a voulu entrer à nouveau dans le centre commercial pour aider, mais «un homme, peut-être un vigile, nous a interdit de passer.»

Des enfants jetés par les fenêtres

Des photos postées sur le réseau social russe Vkontakte ont montré un adolescent sautant par une fenêtre du 3e étage. Selon plusieurs médias russes, des parents ont jeté leurs enfants par les fenêtres du centre commercial pour qu'ils échappent aux flammes. Plusieurs sont actuellement hospitalisés, dans un état grave.

Dans la rue, «des parents sanglotaient et appelaient leurs enfants, et en haut, les enfants appelaient leurs parents», se souvient-il. «L'horreur, ce n'était pas l'incendie ni la peur, mais ces cris d'enfants en train de mourir et les hurlements d'impuissance de leurs parents...»

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