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Attaque chimique : l'éternel drame syrien

Des déplacés syriens fuient les zones de combats de la Ghouta orientale. Des déplacés syriens fuient les zones de combats de la Ghouta orientale.[George OURFALIAN / AFP]

La vague d’indignation internationale suscitée par l’usage de gaz toxiques, samedi 7 avril en Syrie, ne cesse de grandir, mais elle se limite aux déclarations.

Un schéma tragique et répétitif. D’abord, des images insoutenables, diffusées par des secouristes sur place - en l’occurence, les casques blancs - montrant des civils asphyxiés, dont de nombreux enfants. Ensuite, la condamnation unanime par les puissances occidentales d’une possible attaque chimique contre une enclave rebelle - en l’occurrence Douma, dans la Ghouta orientale. Enfin, les dénégations de Damas et de son principal allié, Moscou, qui assurent ne pas faire usage de gaz toxiques. 

Mais, depuis la dernière attaque présumée, qui aurait fait près de 50 morts samedi 7 avril dans une des dernières poches rebelles de Syrie, les protestations des capitales étrangères se font de plus en plus fermes. Et laissent envisager, peut-être, une réaction militaire maintes fois repoussée.

Des menaces assumées

Le Conseil de sécurité des Nations Unies devait se réunir ce lundi 9 avril au soir, à l’appel de la France, pour évoquer la situation syrienne. Quelques heures plus tôt, le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, avait indiqué n’exclure aucune option face au bombardement de gaz toxiques. Des propos allant dans le sens de la «réponse forte» promise, la veille, par Washington et Paris. Le président Donald Trump, qui avait alors ouvertement accusé son homolgue syrien Bachar al-Assad, le qualifiant «d’animal», a annoncé hier des «décisions majeures» dans les «24/48 heures». 

Quant au chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, il a réclamé qu’une «gamme complète d’options soit mises sur la table», dans la foulée de la Première ministre Theresa May, qui a assuré que Damas et son allié russe devraient «rendre des comptes».

Des «annonces assez menaçantes», selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a, de son côté, répété hier que «tirer des conclusions serait dangereux», alors que l’usage d’armes chimiques par le régime n’était pas avéré. De fait, la vérification de la moindre information est presque impossible dans cette zone coupée du monde, assiégée par l’armée syrienne. L’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques a lancé une enquête, mais son travail s’annonce complexe.

Une intervention israélienne

La difficulté à établir la responsabilité des crimes de guerre commis en Syrie fait partie des nombreux freins à une réaction internationale allant au-delà des simples déclarations. L’année dernière, le président américain Donald Trump avait surpris les différentes forces en présence en ordonnant unilatéralement des frappes contre une base du régime syrien, après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun. Mais cette initiative est restée isolée. 

Lundi, l’annonce d’une frappe de missiles contre une position des forces de Bachar al-Assad a été dans un premier temps imputée, à tort, à Washington, qui a nié en être l’auteur. Cette attaque semble en réalité avoir été menée par Israël. L’État hébreu n’a fait aucun commentaire, mais il se trouve officiellement en état de guerre avec la Syrie. C’est le seul pays étranger à avoir bombardé à plusieurs reprises les positions du régime depuis le début du conflit, et ce pour des raisons liées à son propre agenda géopolitique. 

Israël redoute en effet que l’Iran, qui soutient Bachar al-Assad, ne s’implante militairement de manière durable à sa frontière. Et de fait, au moins trois Iraniens font partie des quatorze victimes de ce dernier bombardement

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