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Qu'est-ce que le verdict de «la meute», qui secoue l'Espagne ?

Depuis ce vendredi 27 avril, des milliers d'Espagnols défilent dans les rues. La raison de leur colère : un jugement disculpant cinq jeunes hommes de viol, les condamnant à neuf ans de prison pour «abus sexuels». 

Les faits remontent au 7 juillet 2016, pendant les très populaires fêtes de la San Fermin. La victime, une jeune femme de 18 ans, aurait embrassé l'un des cinq Sévillans impliqués (âgés de 27 à 29 ans), avant d'être cernée par le groupe : «Je ne savais plus comment réagir... J'ai réagi en me soumettant», a-t-elle expliqué face au tribunal. Elle a alors été contrainte à des fellations à la chaîne et des rapports non-protégés, et a ensuite été abandonnée dans l'entrée d'une immeuble, à moitié nue. 

La scène a été filmée à l'aide du téléphone portable de la victime, que les cinq hommes ont dérobé avant de partager la vidéo sur un groupe WhatsApp nommé «la manada» («la meute»), accompagnée d'un message : «en train d'en baiser une à cinq». Les accusés (dont l'un est membre de la Garde nationale, tandis qu'un autre est un ancien militaire de l'armée espagnole) ont été interpellés dès le lendemain des faits, et sont restés en détention provisoire jusqu'à la tenue de leur procès, surnommé «le procès de l'année» en Espagne, en novembre 2017. 

Des relations consenties, selon les accusés

Mais face au tribunal, les cinq accusés et leurs avocats ont soutenu que la jeune femme était consentante : «on ne voit pas d'agression sexuelle, on voit des relations sexuelles, point», ont-ils affirmé, arguant qu'elle n'avait pas dit «non» et qu'elle gardait simplement les yeux fermés. Un détective privé engagé par la défense a même enquêté sur la victime, pour prouver n'avait pas été traumatisée par cet événement. 

Finalement, ce jeudi 26 avril, les juges ont condamné chacun des accusés à neuf ans de prison pour «abus sexuel» et «abus de faiblesse», alors que la procureure réclamait vingt-deux ans de réclusion. Ils devront également verser 50.000 euros d'indemnité à la victime, qu'ils n'ont plus le droit d'approcher pendant quinze années. 

Mais l'accusation de viol n'a pas été retenue. «Ses gestes, ses expressions et les sons qu'elle a émis suggèrent une excitation sexuelle», a affirmé le juge, selon une correspondante de France24 à Madrid. 

Une indignation qui gagne tout le pays

Depuis ce verdict, des milliers d'Espagnols, mais également des associations féministes, sont descendus dans les rues d'Espagne, scandant «Ce n'est pas un abus sexuel, c'est un viol», ou encore «Moi, je te crois, ma sœur». La police nationale espagnole a également affiché son soutien à la victime sur Twitter

«#NonC'estNon

Nous sommes avec toi»

Suite à ces manifestations, le gouvernement de la région de Navarre (qui s'était constitué partie civile) a indiqué qu'il fera appel de cette décision. Quant au gouvernement espagnol, il a annoncé ce vendredi 27 avril qu'il allait envisager une réforme du Code pénal sur la définition des agressions sexuelles. Il n'a pas été révisé depuis 1995.

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