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Les chrétiens encore persécutés en Indonésie

En 2012, Amnesty International rapportait déjà «des signalements d’agression et d’actes d’intimidation commis à l’encontre de minorités religieuses en Indonésie».[JUNI KRISWANTO / AFP]

Au moins onze personnes ont été tuées et quarante autres blessées, ce dimanche, dans des attentats revendiqués par Daesh contre des églises à Surabaya, en Indonésie, où l'intolérance religieuse a augmenté ces dernières années.

Les trois attaques interviennent à quelques jours du début du ramadan dans un pays en état d'alerte depuis une série d'attentats perpétrés ces dernières années, dont certains par Daesh. Parmi ces attaques, plusieurs ont visé des églises.

En février, la police avait neutralisé un homme armé d'une épée, qui venait de blesser quatre personnes, dont un prêtre, dans une église à Sleman. Mi-janvier, un chrétien avait reçu des coups de bâton en public pour avoir vendu de l'alcool, à Aceh, la seule province du pays à appliquer la loi islamique depuis 2001.

Dans cette même province, en 2015, plusieurs églises avaient été détruites par les forces de sécurité, cédant aux exigences de musulmans radicaux.

Sur l'île de Sumatra, un adolescent avait blessé au couteau un prêtre en 2016, avant de tenter de faire exploser un objet. Des fidèles étaient finalement parvenus à le maîtriser. Un extrémiste islamiste avait été condamné en septembre dernier à la réclusion criminelle à perpétuité en Indonésie pour une attaque meurtrière au cocktail Molotov perpétrée en 2016 contre une église avec des complices d'un groupe soutenant Daesh.

Comme plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, l'Indonésie est touchée par une montée de l'intolérance religieuse. Dans son index mondial, publié le 18 janvier dernier, l'ONG évangélique «Portes ouvertes» faisait état du durcissement du nationalisme religieux dans cette partie du monde en 2017. Déjà en 2012, Amnesty International rapportait «des signalements d’agression et d’actes d’intimidation commis à l’encontre de minorités religieuses en Indonésie, notamment à l’encontre de chiites et de chrétiens».

Une situation qui préoccupe les responsables religieux chrétiens, à commencer par Mgr. Ignatius Suharyo, évéque indonésien qui déplorait, en 2014, le fait que les chrétiens ne soient pas autorisés à construire les lieux de culte nécessaire à la bonne pratique de leur religion. 

2002, début de la «guerre contre le terrorisme»

En Indonésie, où 90% des 260 millions d'habitants sont de confession musulmane, ces «actes d'intimidation» sont principalement commis par des extrémistes sunnites et visent les minorités comme les chrétiens, les hindous et bouddhistes, mais aussi les musulmans chiites.

L'année 2002 avait marqué le début de la «guerre contre le terrorisme» de l'Indonésie après les attentats de Bali, où 202 personnes, dont de nombreux étrangers, avaient perdu la vie. Les autorités avaient ensuite lancé une offensive majeure contre les extrémistes islamistes et affaibli ainsi les réseaux les plus dangereux, selon des experts. Mais Daesh est parvenu à mobiliser de nouveau la frange extrémiste indonésienne, et plus que jamais, les minorités religieuses se trouvent dans une situation précaire.

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