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Le cri d'alarme des apiculteurs face à la disparition de leurs abeilles

Des apiculteurs lancent un cri d'alarme sur le déclin des abeilles à Strasbourg, le 7 juin 2018 [FREDERICK FLORIN / AFP] Des apiculteurs lancent un cri d'alarme sur le déclin des abeilles à Strasbourg, le 7 juin 2018 [FREDERICK FLORIN / AFP]

Les colonies disparaissent par milliers dans le pays. Un phénomène pouvant entraîner une catastrophe écologique.

Panique dans la ruche. Confrontés à une surmortalité des abeilles sans précédent, les apiculteurs se sont mobilisés dans plusieurs villes du pays, hier, pour alerter les autorités. A Paris, ils se sont ainsi recueillis symboliquement, brandissant des insectes décimés, autour de ruches installées sur l’esplanade des Invalides.

Une action choc visant à alerter l’opinion publique sur un risque écologique immense. Car si l’abeille disparaît, étant donné son rôle primordial, c’est bien toute l’humanité qui pourrait en pâtir. Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, invité surprise de la manifestation, s’est d’ailleurs engagé à trouver des solutions.

Des facteurs multiples

Dans les années 1990, les apiculteurs enregistraient dans leurs ruches une mortalité de 3 à 5 %. Mais cette année, certaines exploitations ont subi des pertes de 60 %, voire 90 %, selon les professionnels. Du jamais vu. Dans le viseur des exploitants, les produits chimiques, et en particulier les néonicotinoïdes, qui seraient les principaux responsables de cette hécatombe.

Utilisés pour combattre les insectes qui s’attaquent aux récoltes, ils désorienteraient en effet les «butineuses», les abeilles ouvrières chargées de récolter le nectar sur les fleurs avant qu’elles ne le rapportent à la ruche pour produire le miel. «Elles sont complètement déboussolées. Elles n’arrivent plus à retrouver leur chemin et périssent dans la nature», explique Henri Clément, secrétaire général de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).

Depuis cette année, les néonicotinoïdes sont certes interdits, mais des dérogations existent pour certaines cultures, donc le problème reste entier. En ce sens, l’Unaf demande donc à ce que toutes les autorisations soient retirées sans plus attendre. Autre facteur alarmant : les bouleversements climatiques, qui ont des conséquences catastrophiques sur les colonies. L’automne dernier, le pays a ainsi connu une période de sécheresse suivie d’un hiver très long, qui a porté un sérieux coup à la reproduction de l’insecte. Une situation qui a tendance à se répéter depuis quinze ans.

Des apiculteurs lancent un cri d'alarme sur le déclin des abeilles à Strasbourg, le 7 juin 2018 [FREDERICK FLORIN / AFP]
Des apiculteurs lancent un cri d'alarme sur le déclin des abeilles à Strasbourg, le 7 juin 2018

A cela s’ajoute un manque cruel de plantes et de cultures appréciées des abeilles. «Avant, nous avions beaucoup plus de sainfoin, de la luzerne ou du trèfle blanc. Il y a un vrai manque de ressources», indique Henri Clément. Enfin, le frelon asiatique, prédateur arrivé de manière accidentelle en 2003 en France, dans des poteries venant de Chine, pourrait aussi expliquer ce carnage.

UN RÔLE ESSENTIEL POUR LA NATURE

Si le sort des abeilles suscite une telle inquiétude, c’est parce qu’elles jouent un rôle primordial. D’après les scientifiques, sept plantes à fleurs sur dix se reproduisent grâce à elles. En butinant, l’insecte transporte en effet le pollen indispensable à leur reproduction. Autrement dit, un monde sans abeilles reviendrait à vivre sans des fruits et des légumes aussi communs que les carottes, poires, cerises ou tomates qui en sont issus.

D’après les spécialistes, elles fourniraient même 30 % du total de notre alimentation. Leur disparition engendrerait par conséquent des crises alimentaires et sanitaires apocalyptiques. «Elles sont là depuis 80 millions d’années et sont des sentinelles de l’environnement. Tout le monde doit en avoir conscience», résume Henri Clément.

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