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Avec des «centres fermés» pour les migrants, Paris et Madrid cherchent un consensus dans l'UE

Emmanuel Macron accueille le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à l'Elysée le 23 juin [ludovic MARIN / AFP] Emmanuel Macron accueille le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à l'Elysée le 23 juin [ludovic MARIN / AFP]

Des «centres fermés» sur les côtes européennes pour gérer les migrants qui débarquent de Méditerranée : c'est la proposition que la France et l'Espagne, avec l'appui de Berlin, présenteront dimanche à leurs partenaires européens pour tenter d'arracher un consensus sur ce sujet qui les divisent, a annoncé Emmanuel Macron.

«La proposition que nous souhaitons faire, qui correspond aux discussions que nous avons eues avec la chancelière allemande et plusieurs autres pays européens (…) c'est une solution, qui consiste à mettre en place des centres fermés sur le sol européen», dotés «de moyens européens» a expliqué le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse conjointe avec le nouveau Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Paris et Madrid proposent d'installer ces centres, dans lesquels les migrants attendraient l'examen de leur cas, essentiellement en Italie, pays principal d'arrivée actuellement, mais aussi en Espagne. La France, aux côtes trop éloignées, ne serait pas concernée, estime l'Elysée.

Ces centres permettraient «une solidarité financière immédiate, une instruction rapide des dossiers et une solidarité européenne pour que chaque pays prenne de manière organisée les personnes qui ont droit à l'asile» et pour les autres -- les migrants économiques qui constituent l'immense majorité des arrivants -- d'organiser leur reconduite vers leur pays d’origine.

«C'est une solution qui est coopérative et respectueuse du droit. Nous devons tenir nos principes et ne pas nous laisser bousculer par les extrêmes», a-t-il ajouté à la veille d'un mini-sommet européen sur la question.

Jusqu'ici les migrants qui arrivent en Europe ne doivent pas obligatoirement passer par des centres, ouvert ou fermés. S'il existe des «hotspots» en Grèce, généralement non fermés, il n'en existe pratiquement aucun en Italie, qui jusqu'ici les refusait pour des questions de souveraineté.

Souvent les migrants repartent d'Italie sans avoir été enregistrés et se dirigent vers d'autres pays, ces «mouvements secondaires» dénoncés en Allemagne et que la proposition franco-espagnole veut empêcher.

Emmanuel Macron reçoit le premier ministre espagnol Pedro Sanchez à l'Elysée le 23 juin 2018 [Thibault Camus / POOL/AFP]
Emmanuel Macron reçoit le premier ministre espagnol Pedro Sanchez à l'Elysée le 23 juin 2018 [Thibault Camus / POOL/AFP]

«Ceux qui sont en besoin manifeste de protection, qui devraient avoir droit à l'asile, seraient répartis entre pays volontaires de l'Union européenne avant même la fin de l'instruction de leur dossier. Ceux qui ne relèvent pas de l'asile seraient raccompagnés vers leurs pays d’origine, avec des moyens européens», a précisé la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau.

Sanctions

Il ne s'agit donc pas, comme le proposent certains pays, de créer des «plateformes de débarquement» hors de l'UE pour y refouler des personnes débarquées en Europe.

«Je suis en désaccord avec la proposition de certains qu’il puisse y avoir des centres dits de refoulement où on irait placer des personnes en attente d’instruction de leur titre dans des pays tiers.» «Ces propositions sont inacceptables parce qu’elles ne respectent en rien nos valeurs, nos droits fondamentaux et en ce qui concerne la France son droit constitutionnel puisque l’asile y est protégé», a déclaré le président français.

Pour appliquer cette proposition, il faudrait que tous les pays européens acceptent d'accueillir les réfugiés -- c'est-à-dire ceux qui obtiennent le droit d'asile -- répartis dans l'UE, quitte à les y contraindre.

Emmanuel Macron a ainsi réclamé de sanctions financières envers ceux qui refuseraient de les accueillir, comme l'ont d'ores et déjà annoncé les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), très hostiles aux migrants.

L'arme brandie par la France est celle d'une baisse des aides structurelles de l'UE qui vont aux pays les moins fortunés. «On ne peut avoir des pays qui bénéficient massivement de la solidarité de l'UE et qui revendiquent massivement leur égoïsme national quand il s'agit de sujets migratoires», a-t-il lancé.

La France espère que le front Paris-Madrid-Berlin fera contrepoids lors du sommet européen de dimanche aux pays anti-migrants du groupe de Visegrad, mais aussi aux ailes droites des gouvernements italien, allemand et autrichien.

Pour contourner leur opposition, le président français a souligné que sa proposition pourrait faire l'objet dans un premier temps d'un accord partiel entre plusieurs gouvernements sans nécessairement une unanimité à 27. «Une solution peut être intergouvernementale. Ce que nous rejetons est une solution purement nationale. Nous proposons à tous ceux qui le souhaitent de se joindre à cet effort», a-t-il conclu.

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