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Une zone morte en mer d’Arabie, grande comme l’Ecosse et dépourvue d’oxygène

La zone morte en mer d'Arabie ne cesse de s'étendre, menaçant plusieurs activités, comme la pêche. [ASIF HASSAN / AFP]

Située dans le golfe d'Oman, au large de la mer d'Arabie, une immense zone morte dépourvue d'oxygène de la taille de l'Ecosse ne cesse de s'étendre, provoquant l'inquiétude de la communauté scientifique mondiale.

Qu'est-ce qu'une «zone morte» ?

Les zones mortes, ou hypoxiques, c'est-à-dire déficitaire en oxygène, sont des régions océaniques où le taux d’oxygène est très faible, ce qui provoque l’asphyxie de la flore et de la faune marines.

En soi, les «zones mortes» sont des phénomènes naturels et ont toujours existé. Elles se développent ainsi naturellement dans certaines régions du monde entre 200 et 800 mètres de profondeur.

Mais celle située en mer d'Arabie, la plus grande au monde, d'une taille équivalente à celle de l'Ecosse et dont les limites s’étendent du détroit d’Ormuz au Golfe d’Aden jusqu’à la côte indienne, s'agrandit dans de façon tout à fait démesurée.

La situation en mer d'Arabie est «pire» que ce les scientifiques craignaient

Le 27 avril dernier, Bastien Queste, un scientifique de l'université britannique d'East Anglia, tirait déjà la sonnette d'alarme.

Dans une étude (en anglais) publiée dans la revue Geophysical Research Letters, le scientifique affirmait ainsi, avec plusieurs collègues, que leurs recherches «montraient que la situation est pire que ce qu'[ils] craignaient».

«Mais, ajoute-t-il, jusqu’à maintenant, personne ne savait à quel point la situation était mauvaise parce que la piraterie et les conflits dans la zone empêchaient de recueillir des données».

Trois mois plus tard, son homologue Zouhair Lachkar, chercheur principal à l’université NYU Abu Dhabi, vient apporter des précisions :

«La zone morte en mer d'Arabie commence à environ 100 mètres (de profondeur) et descend jusqu’à 1.500 mètres, de sorte que presque toute la colonne d’eau est complètement dépourvue d’oxygène», indique-t-il.

Ce résultat a été obtenu grâce à l’utilisation de robots plongeurs déployés là où les chercheurs ne peuvent pas aller. Un «désastre», surtout, plus grave que ce qu’anticipaient tous les modèles climatiques.

Le réchauffement climatique serait en cause

Selon les chercheurs, le phénomène trouverait son origine dans le réchauffement climatique – l’eau plus chaude contenant moins d’oxygène – et par les engrais et les eaux usées qui se déversent dans la zone.

De quoi soulever des préoccupations majeures non seulement pour les écosystèmes, mais aussi pour les industries locales, comme la pêche ou le tourisme.

Car de Mascate, sur les rives du golfe d'Oman, à Bombay, dans l'ouest de l'Inde, plusieurs ports donnent sur la mer d'Arabie.

Tout autant de zones côtières et de populations qui, tôt ou tard, seront affectées par l'expansion de la «zone morte». Les poissons, importants moyens de subsistance pour les habitants de la région, voyant leur habitat réduit.

«Quand la concentration d'oxygène tombe en dessous de certains niveaux, les poissons ne peuvent pas survivre», résume Zouhair Lachkar.

Quelles solutions ?

Maîtriser efficacement l'expansion de la zone morte d'Arabie reviendrait donc à mettre en place des actions concrètes contre le réchauffement climatique. 

En 2016, les Émirats arabes unis ont rebaptisé leur ministère de l'Environnement et de l'Eau en ministère du Changement climatique et de l'Environnement, manifestant leur volonté de relever les défis dans ce domaine.

En attendant, la zone morte fait l'objet d'une surveillance minutieuse. Le laboratoire de Zouhair Lachkar, à Abu Dhabi, est ainsi parsemé d'écrans sur lesquels défilent en continu des images colorées en mouvement montrant les changements de température, le niveau de la mer et, surtout, les concentrations d’oxygène. 

Pour mener à bien ses recherches, le chercheur s'appuie en outre sur un vaste et puissant centre de calcul qui a coûté plusieurs millions de dollars.

Au niveau mondial, en 2015, l'accord de Paris sur le climat a vu la planète s'engager pour réduire les émissions de CO2 dans le but d'atténuer le réchauffement de la planète.

Mais le président américain Donald Trump en a retiré son pays l'an dernier.

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