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A l'heure des camps d'été, les scouts en pleine croissance

«Ça aide à grandir et à devenir autonome !» : comme des dizaines de milliers de jeunes Français, Clara, 15 ans, passe quelques jours en camp d'été, sommet de l'année dans le scoutisme, un mouvement d'éducation en plein essor.

A Jambville dans les Yvelines, où les Scouts et Guides de France (SGDF) possèdent un domaine boisé de 50 hectares idéal pour camper, des centaines d'enfants et d'adolescents, encadrés par de jeunes bénévoles, vivent des journées bien rythmées.

Activités et jeux en pleine nature, préparation des repas devant les tentes, veillées autour du feu... Sans oublier les «services» à rendre.

En ce mois de juillet, des «pio-ca» (pionniers-caravelles, âgés de 14-17 ans) venus du Nord, épaulés par des tailleurs de pierre, restaurent quelques mètres du long mur qui ceint la propriété.

«On nous a demandé un service, nous avons évidemment dit oui», explique à l'AFP l'un des «chefs», Guillaume, 25 ans, chapeau sur la tête, devant des ados à la fois décontractés et dévoués à la tâche, foulard autour du cou. «On leur apprend des choses tout en s'amusant».

Le scoutisme français, sans être massif - le voisin belge compte autant d'adhérents pour six fois moins d'habitants -, se porte plutôt bien, avec quelque 180.000 jeunes et encadrants estimés. Les SGDF, le plus important mouvement, affichent plus de 80.000 membres, un nombre en hausse d'environ 30% en 15 ans.

Les raisons du succès ? «D'abord l'image du scoutisme : les gens comprennent un peu mieux ce que c'est», commente François Mandil, délégué national à la communication de l'association. «La solidarité, l'apprentissage de la collectivité, de la vie dans la nature sont des valeurs dont les parents ont envie pour leurs enfants», ajoute-t-il. A l'entendre, ça marche : «Quand les enfants reviennent de camp, les parents nous disent souvent : "Je ne sais pas très bien l'expliquer, mais il ou elle a changé"».

Grande diversité

Il y a vingt ans, un raid maritime au large de Perros-Guirec (Côtes-d'Armor) avait fait cinq morts, dont quatre jeunes scouts d'un groupuscule intégriste dirigé par l'abbé Cottard. Un drame isolé mais qui avait fait douter certains parents.

«Dans le passé, on a souffert effectivement des folies faites par d'autres mouvements. Mais aujourd'hui notre sérieux et notre implication font que nous sommes reconnus comme un espace très sécurisé», affirme François Mandil. Le responsable met en avant la «confiance totale» de l'Etat, de la gendarmerie ou encore de la sécurité civile, avec laquelle les Scouts de France coopèrent pour la protection de la forêt méditerranéenne contre les incendies.

Si 67% des Français ont une image positive du scoutisme, selon un sondage OpinionWay réalisé au printemps dernier (chiffre en hausse de 4 points en quatre ans), près des trois quarts ne connaissent pas les différences entre les mouvements.

Or, au côté des SGDF catholiques, qui accueillent aussi des non-chrétiens, la Fédération du scoutisme français rassemble des scouts laïques, protestants, juifs, musulmans et bouddhistes.

Hors fédération, les Scouts unitaires et les Scouts d'Europe incarnent un catholicisme plus classique, voire conservateur, que les SGDF, sans parler d'une myriade de structures plus traditionnelles encore.

«La force du scoutisme en France, c'est d'afficher une proposition très large pour les familles, quelle que soit leur sensibilité spirituelle», commente l'anthropologue Maxime Vanhoenacker, chercheur au CNRS. Souvent loin de l'imagerie paramilitaire «années 50» encore véhiculée par certains groupes.

Pour François Mandil, «catholique ou pas, le scoutisme est un espace où les enfants peuvent librement se poser des questions sur le sens de la vie», dans «une approche spirituelle qui n'est pas dogmatique». A Jambville, chez les jeunes «chemises rouges» du Nord, si le signe de croix est d'usage avant les repas, le «bénédicité» est pour le moins déjanté, ponctué de «miam miam» très sonores.

«C'est une petite prière pour remercier Dieu de ce repas. Ça fait partie du scoutisme», confie Samuel. A 16 ans, il a déjà le désir de «devenir chef» à son tour : «J'aimerais bien !»

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