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Iran : un responsable de la Banque centrale arrêté, contexte tendu avant les sanctions

Un homme tient des rials iraniens dans une rue de Téhéran, le 31 juillet 2018 [ATTA KENARE / AFP/Archives] Un homme tient des rials iraniens dans une rue de Téhéran, le 31 juillet 2018 [ATTA KENARE / AFP/Archives]

Le vice-gouverneur et chef du département des changes de la Banque centrale d'Iran a été arrêté, a annoncé dimanche l'autorité judiciaire au moment où les tensions montent à l'approche d'une réimposition des sanctions américaines mardi.

Le vice-gouverneur, Ahmad Araghchi, été arrêté avec d'autres responsables ainsi que quatre cambistes accusés de spéculation, a indiqué le porte-parole de l'autorité judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni Ejeie dans une déclaration à la radio-télévision d'Etat IRIB.

Ces arrestations interviennent avant la réimposition des sanctions américaines, conséquence du retrait unilatéral de Washington de l'accord international sur le nucléaire iranien.

Les mesures décidées par l'administration du président Donald Trump pourraient lourdement peser sur l'économie iranienne et la monnaie nationale, le rial, a récemment atteint son plus bas niveau face au dollar sur le marché parallèle.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 5 août 2018 à Jakarta, en Indonésie [BEAWIHARTA / POOL/AFP]
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, le 5 août 2018 à Jakarta, en Indonésie [BEAWIHARTA / POOL/AFP]

Dans ce contexte tendu, des journalistes ont rapporté une présence renforcée de la police anti-émeutes dimanche soir dans la ville de Karaj, à l'ouest de Téhéran, secouée par des manifestations depuis quelques jours.

Selon les médias d'Etat iraniens, environ 500 manifestants ont attaqué une école religieuse dans cette province vendredi et une personne aurait été tuée par des protestataires.

Ces derniers jours, des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont eu lieu dans plusieurs grandes villes comme Chiraz (sud), Ahvaz (sud-ouest), Machhad (nord-est) et Karaj.

Plusieurs régions du pays auraient connu des manifestations motivées par un mécontentement face à la situation économique détériorée, à la classe politique mais aussi au manque d'eau causé par la sécheresse.

Mais de sévères restrictions imposées à la presse ont rendu impossible de vérifier de source indépendante l'ampleur de ces protestations et les images circulant sur les réseaux sociaux.

«Grands corrompus»

Les opposants conservateurs du président Hassan Rohani, un modéré, reprochent à son gouvernement de ne pas lutter suffisamment contre la corruption et d'échouer à relancer l'économie.

Le président iranien Hassan Rohani, le 14 juillet 2018 à Téhéran [HO / Présidence iranienne/AFP/Archives]
Le président iranien Hassan Rohani, le 14 juillet 2018 à Téhéran [HO / Présidence iranienne/AFP/Archives]

Samedi, un haut responsable religieux, le grand ayatollah Hossein Nouri-Hamedani, a demandé à ce que «les grands corrompus économiques» soient renvoyés devant les tribunaux.

«Les gens sont en colère quand ils entendent que quelqu'un a détourné des milliards pendant que d'autres vivent dans des conditions difficiles», a-t-il déclaré selon l'agence de presse Tasnim liée aux conservateurs.

Avant son arrestation, le chef du département des changes, qui est le neveu du vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, avait été limogé samedi par le nouveau gouverneur de la Banque centrale, une mesure sanctionnant apparemment sa mauvaise gestion de la crise monétaire en cours.

L'économie de l'Iran [Simon MALFATTO / AFP]
L'économie de l'Iran [Simon MALFATTO / AFP]

Le rial iranien a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar depuis avril.

Cette chute s'explique par le retour annoncé des sanctions américaines contre l'Iran et les craintes qu'elles font peser sur l'économie, mais les analystes estiment également que des mesures prises par Téhéran ont contribué au plongeon de la devise.

En avril, les autorités avaient établi un taux officiel fixe de 42.000 rials pour un dollar tout en menaçant de poursuites les cambistes du marché parallèle qui appliqueraient un taux différent.

Cette mesure a entraîné une vague de spéculation sur le marché noir tandis que certains responsables sont soupçonnés de corruption pour avoir profité de dollars à des taux préférentiels.

Dimanche, le gouvernement iranien a annoncé un assouplissement des mesures encadrant le taux de change du rial.

Nommé fin juillet pour tenter de redresser la situation, le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Abdolnasser Hemati, doit donner davantage de détails sur la nouvelle politique lundi.

Les bureaux de change, fermés en avril, devraient notamment être rouverts, même si leur activité sera strictement surveillée.

Les importations de produits de première nécessité comme les médicaments devraient continuer de se faire au taux officiel de 42.000 rials pour un dollar. Pour le reste, les importateurs devraient pouvoir négocier le taux appliqué avec les exportateurs.

Sur le marché parallèle, le rial était tombé à 119.000 pour un dollar la semaine dernière. Il s'est légèrement redressé et s'échangeait à 98.500 rial pour un dollar dimanche soir.

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