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Génocide en Namibie : Berlin fait un pas vers la réconciliation

Esther Utjiua Muinjangue (à gauche), présidente de la Fondation Ova Herero Genocide, pose le 27 août 2018 devant le ministère de la Justice à Berlin, avant la restitution le 29 août d'ossements de victimes du génocide en Namibie [Kay Nietfeld / dpa/AFP] Esther Utjiua Muinjangue (à gauche), présidente de la Fondation Ova Herero Genocide, pose le 27 août 2018 devant le ministère de la Justice à Berlin, avant la restitution le 29 août d'ossements de victimes du génocide en Namibie [Kay Nietfeld / dpa/AFP]

L'Allemagne remet mercredi à la Namibie des ossements de membres des tribus Herero et Nama exterminés durant la période coloniale, dans un geste de réconciliation jugé toutefois très insuffisant par leurs descendants qui attendent des excuses.

Lors d'une cérémonie religieuse à Berlin, une délégation namibienne conduite par la ministre de la Culture, Katrina Hanse-Himarwa, va recevoir 19 crânes, des ossements divers et un scalp pris par les forces coloniales allemandes il y a plus d'un siècle. La plupart des dépouilles proviennent de la collection anthropologique de la clinique universitaire berlinoise Charité.

Cette manifestation irrite fortement les représentants des deux ethnies, victimes de ce que les historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle.

Le sénateur de Berlin Dirk Behrendt (3e à gauche) pose avec Esther Utjiua Muinjangue (à gauche), présidente de la  Fondation Ova Herero Genocide avec d'autres membres de la délégation de Namibie à Berlin le 27 août 2018<br />
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Le sénateur de Berlin Dirk Behrendt (3e à gauche) pose avec Esther Utjiua Muinjangue (à gauche), présidente de la Fondation Ova Herero Genocide avec d'autres membres de la délégation de Namibie à Berlin le 27 août 2018

Le comportement de l'Allemagne est "choquant", a dénoncé à Berlin Esther Utjiua Muinjangue, présidente de la fondation Ova Herero Genocide, pour qui cette remise aurait dû être l'occasion pour le pays de présenter enfin officiellement des excuses, à même de "guérir les blessures émotionnelles".

"Fort à faire"

L'Allemagne a "encore fort à faire" pour assumer son passé colonial sur ce territoire africain (1884-1915), a reconnu cette semaine la secrétaire d'Etat pour la politique culturelle internationale au ministère des Affaires étrangères, Michelle Müntefering, maîtresse de la cérémonie.

Des écolières de Namibie passent le 20 juin 2017 devant un monument à la mémoire des victimes du génocide contre les Herero et les Nama en 1904<br />
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Des écolières de Namibie passent le 20 juin 2017 devant un monument à la mémoire des victimes du génocide contre les Herero et les Nama en 1904

Mercredi, il s'agit uniquement d'une remise d'ossements - deux avaient déjà eu lieu en 2011 et 2014 - mais pas le cadre adéquat pour des excuses, a-t-elle argumenté. Le gouvernement allemand a reconnu sa responsabilité dans les massacres et indiqué en 2016 qu'il prévoyait des excuses officielles dans le cadre de négociations avec la Namibie.

Mais les discussions sont toujours en cours, et les excuses en suspens. "Des réparations, une reconnaissance et des excuses" sont les conditions d'une normalisation des relations diplomatiques entre l'Allemagne et la Namibie, a rappelé à cet égard la ministre Katrina Hanse-Himarwa lors d'une conférence de presse commune avec Mme Müntefering lundi soir.

Berlin a jusqu'ici refusé de payer des réparations financières, préférant des compensations sous forme d'aide au développement. L'Allemagne dit avoir déjà versé dans ce cadre des centaines de millions d'euros à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du sud en 1990.

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