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Syrie : un premier groupe rebelle a commencé son retrait après l'accord russo-turc, selon l'OSDH

Un rebelle syrien, combattant au sein du Front national de libération (FNL) --une coalition de groupes rebelles formée début août-- lors d'un entraînement militaire dans le nord de la province syrienne d'Idleb, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives] Un rebelle syrien, combattant au sein du Front national de libération (FNL) --une coalition de groupes rebelles formée début août-- lors d'un entraînement militaire dans le nord de la province syrienne d'Idleb, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives]

Un groupe rebelle pro-turc a commencé à se retirer de la future «zone démilitarisée» dans le nord-ouest de la Syrie, une première depuis l'accord conclu entre Moscou et Ankara qui doit permettre d'éviter une offensive meurtrière du régime sur la province d'Idleb, a rapporté dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Des unités de Faylaq al-Cham se retirent depuis dimanche matin avec leurs armes lourdes, dont des chars et des canons, du sud de la province d'Alep et de la banlieue ouest de la ville» du même nom, situées «dans la zone démilitarisée» prévue par l'accord, a dit à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

«Il s'agit du premier groupe à se retirer depuis la conclusion de l'accord», a-t-il ajouté.

Dans l'immédiat, ce groupe rebelle, Faylaq al-Cham, n'a pas fait de commentaire officiel.

Conclu à Sotchi (Russie) le 17 septembre, l'accord russo-turc a permis d'éloigner, à court terme, la perspective d'une offensive militaire du régime syrien. Il prévoit la création d'ici au 15 octobre d'une «zone démilitarisée» de 15 à 20 km de large, sous contrôle de la Russie et de la Turquie. Mais sa mise en application est soumise à la capacité --principalement d'Ankara- de faire accepter l'accord aux divers groupes rebelles et jihadistes.

En forme de fer de cheval, la future «zone démilitarisée» doit servir de tampon entre les territoires tenus par le régime syrien et ceux acquis aux insurgés. Elle concerne la province d'Idleb et des secteurs des régions voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié, qui constituent ensemble le dernier bastion insurgé dans la Syrie en guerre.

Groupe «puissant»

Selon les termes de l'accord de Sotchi, toutes les armes lourdes des groupes rebelles et jihadistes doivent quitter d'ici mi-octobre la future «zone démilitarisée».

La partie est toutefois loin d'être gagnée : samedi, Jaich al-Ezza, un groupe rebelle actif dans le nord de la province de Hama, a dit rejeter l'accord russo-turc, tout comme l'avait déjà fait le groupuscule jihadiste Houras al-Din, lié à Al-Qaïda. Le principal groupe jihadiste, Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui domine plus de la moitié de la région d'Idleb, n'a lui toujours pas donné de décision.

Faylaq al-Cham, qui compte de «8.500 à 10.000 combattants», est pour sa part «le deuxième groupe le plus puissant dans le nord syrien en termes d'équipements militaires, et le troisième en terme d'effectifs», a indiqué le directeur de l'OSDH.

Il fait partie du Front national de libération (FNL), une coalition de groupes rebelles formée début août à l'instigation de la Turquie, ayant favorablement accueilli, mais non sans prudence, l'accord russo-turc.

Un combattant rebelle syrien du Front national de libération (FNL) lors d'un exercice militaire dans le nord de la province d'Idleb, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives]
Un combattant rebelle syrien du Front national de libération (FNL) lors d'un exercice militaire dans le nord de la province d'Idleb, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives]

Ce début de retrait de Faylaq al-Cham intervient trois jours après une réunion entre des responsables turcs et des représentants des groupes rebelles, d'après l'OSDH, qui visait à favoriser la mise en application de l'accord de Sotchi.

Parts égales

Parmi les groupes réfractaires, Jaich al-Ezza l'a jugé en l'état trop favorable au régime. Il «grignote les zones libérées (rebelles, ndlr) et "renfloue" Bachar al-Assad», a dit à l'AFP son principal responsable, Jamil al-Saleh.

Sur Twitter, son groupe a exigé que la zone démilitarisée soit située à parts égales sur les territoires contrôlés par le régime et ceux sous domination insurgée.

Le refus de Jaich al-Ezza de se conformer à l'accord a été suivi samedi soir par des échanges d'obus et de tirs à l'artillerie lourde entre les combattants du groupe rebelle et des factions jihadistes, d'une part, et les forces du régime d'autre part, dans les régions de Hama et de Lattaquié.

Selon l'OSDH, qui n'a pas fait état de victimes, des échanges se poursuivent dimanche «dans le nord de Hama et le nord-est de Lattaquié».

Des combattants rebelles syriens, du Front national de libération (FNL) récemment créé, défilent dans le nord de la province syrienne d'Idleb, après un entraînement militaire, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives]
Des combattants rebelles syriens, du Front national de libération (FNL) récemment créé, défilent dans le nord de la province syrienne d'Idleb, après un entraînement militaire, le 11 septembre 2018 [Aaref WATAD / AFP/Archives]

Concernant le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui domine donc plus de la moitié de la province d'Idleb, des concertations internes intenses sont en cours dimanche au sein du groupe afin de prendre une décision définitive sur l'accord de Sotchi, d'après l'Observatoire.

La province d'Idleb et les zones avoisinantes sont depuis des semaines dans le viseur du régime, qui a enchainé les victoires et contrôle désormais près des deux tiers du territoire.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie par le régime de Bachar al-Assad, le conflit syrien s'est complexifié au fur et à mesure des années. Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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