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Présidentielle au Brésil : la tornade Bolsonaro

Le candidat populiste Jair Bolsonaro et son fils Flavio, lui-même élu sénateur le 7 octobre. Le candidat populiste Jair Bolsonaro et son fils Flavio, lui-même élu sénateur le 7 octobre.[FERNANDO SOUZA / AFP]

L’ancien militaire Jair Bolsonaro surfe sur le rejet total  de la classe politique et sur les craintes en matière de sécurité des habitants.

Depuis un quart de siècle, il siégeait au Parlement brésilien, mais dans l’indifférence générale. En quelques mois, l’ex-militaire de 63 ans Jair Bolsonaro est passé du statut d’élu sans envergure à celui de candidat crédible à la présidentielle, puis à favori incontesté. Une ascension fulgurante, servie par un discours d’extrême droite, qui l’a conduit à remporter 46,5 % des voix au premier tour du scrutin, dimanche, selon un décompte officiel diffusé ce lundi 8 octobre.

Son rival, le candidat du Parti des travailleurs (PT) Fernando Haddad, arrive loin derrière, avec 28,7 % des suffrages. Et Jair Bolsonaro compte bien profiter des trois semaines qui lui restent avant le second tour, le 28 octobre, pour conforter son avance et l’emporter.

Conservatisme et armes à feu

Alors que les scandales de corruption survenus ces dernières années ont alimenté la défiance envers la classe politique, le favori s’est construit une image efficace de candidat hors-système. 

Il profite en outre d’une vague conservatrice, sur le plan sociétal. «Les églises évangéliques, qui se développent en accusant la société de déviances, ont soutenu Jair Bolsonaro», explique Maud Chirio, maître de conférences en histoire contemporaine. De fait, le candidat se veut rigoriste, promettant une restriction du droit - déjà limité au Brésil - à l’avortement, et un retour en arrière sur les droits des homosexuels.

Il promet aussi une libéralisation du port d’armes, répondant à une préoccupation majeure, la sécurité. Dans un pays où près de 64.000 homicides ont été commis en 2017, selon une étude publiée en août, sa volonté de renforcer les pouvoirs de la police et le droit à se faire justice soi-même fait mouche. 

Enfin, il propose des mesures économiques ultra-libérales qui lui permettent de surfer sur le rejet virulent dont font l’objet le PT et son programme social-démocrate. Il contribue en outre à alimenter cette haine en présentant la formation de gauche comme une menace communiste, un discours souvent repris par le reste des forces politiques en présence. 

Cette conjonction de facteurs lui a permis d’élargir rapidement son électorat. «Au début, ses partisans étaient plus aisés que la moyenne, essentiellement masculins et vivaient dans le sud, mais il a gagné du terrain ces dernières semaines», souligne Maud Chirio. Au point de séduire des figures telles que la star du football Ronaldinho, qui lui a témoigné publiquement son soutien dimanche. 

Favori mais pas vainqueur

Porté par cette dynamique, Jair Bolsonaro semble plus apte à emporter le second tour que son rival, mais ce dernier n’a pas encore rendu les armes. Entré tardivement en campagne du fait de la candidature possible de l’ex-président Lula, qui espérait pouvoir se présenter malgré sa peine de prison, son dauphin, Fernando Haddad, a eu peu de temps pour se faire connaître. 

Les prochaines semaines pourraient être décisives pour lui, s’il parvient à nouer des alliances. Le candidat de centre-gauche Ciro Gomes, éliminé au premier tour, a notamment promis de lutter «contre le fascisme», ouvrant la voie à un possible front contre l’extrême-droite.

Au-delà de ces considérations, subsiste, en outre, la spectaculaire incertitude qui caractérise la campagne depuis son lancement. Vu les innombrables rebondissements survenus en quelques mois, bien des surprises restent possibles en trois semaines. 

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