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Khashoggi : Erdogan et Trump mettent la pression sur Ryad

Un homme déguisé en Mohammed ben Salmane avec du sang sur ses mains manifeste devant l'ambassade saoudienne à Washington le 8 octobre 2018 contre la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi après être entré au consulat saoudien à Istanbul. [Jim WATSON / AFP] Un homme déguisé en Mohammed ben Salmane avec du sang sur ses mains manifeste devant l'ambassade saoudienne à Washington le 8 octobre 2018 contre la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi après être entré au consulat saoudien à Istanbul. [Jim WATSON / AFP]

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti jeudi que son pays ne resterait pas silencieux sur le sort du journaliste saoudien disparu Jamal Khashoggi, son homologue américain Donald Trump indiquant pour sa part suivre l'affaire «très sérieusement».

L'éditorialiste critique du pouvoir de Ryad et collaborateur du Washington Post n'a plus donné de signe de vie depuis son entrée le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul. Des responsables turcs ont affirmé qu'il y a été assassiné par des agents saoudiens. Ryad dément et maintient, sans preuve à l'appui, qu'il a quitté le bâtiment.

Trump «n'aime pas ça du tout»

M. Trump, qui a oeuvré au renforcement de l'alliance américano-saoudienne, a affirmé jeudi que des enquêteurs américains travaillaient avec la Turquie et l'Arabie saoudite afin de faire la lumière sur la disparition du journaliste mais des sources diplomatiques turques ont démenti toute participation américaine dans l'enquête. «Nous allons étudier cela très, très sérieusement. Je n'aime pas cela du tout. Il n'y a pas de citoyens américains (impliqués), mais cela n'a pas d'importance dans ce cas. C'est un précédent terrible, terrible», a-t-il déclaré dans un entretien téléphonique avec Fox.

Selon le Washington Post, les services de renseignement américains avaient connaissance d'un projet saoudien, impliquant le prince héritier Mohammed ben Salmane, consistant à attirer Jamal Khashoggi dans un piège pour l'arrêter.

Un policier turc devant l'entrée du consulat saoudien à Istanbul le 11 octobre 2018. [OZAN KOSE / AFP]
Un policier turc devant l'entrée du consulat saoudien à Istanbul le 11 octobre 2018.

Mais un porte-parole du département d'Etat américain, Robert Palladino, a démenti que Washington ait eu des informations à l'avance sur la disparition du journaliste. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Jeremy Hunt, a prévenu jeudi les autorités saoudiennes qu'elles s'exposeraient à de «graves conséquences» en cas de responsabilité dans sa disparition ou son éventuel assassinat. «Il y aura de graves conséquences car notre amitié et nos partenariats sont fondés sur des valeurs communes», a déclaré M. Hunt à l'AFP.

«Si un moustique sort...»

Côté turc, des images de vidéosurveillance tournées à l'extérieur du consulat ont déjà été diffusées par les médias, montrant le journaliste y entrer puis un va-et-vient de véhicules, mais les Saoudiens ont affirmé que les caméras du consulat ne fonctionnaient pas ce jour-là.

Une caméra de vidéosurveillance sur fond de drapeau saoudien à l'arrière du consulat saoudien à Istanbul le 11 octobre 2018. [OZAN KOSE / AFP]
Une caméra de vidéosurveillance sur fond de drapeau saoudien à l'arrière du consulat saoudien à Istanbul le 11 octobre 2018.

Se montrant sceptique, le président Erdogan a souligné dans des propos rapportés jeudi que l'Arabie saoudite a les systèmes de vidéosurveillance «les plus avancés». «Si un moustique sort (du consulat), leurs systèmes de caméras vont l'intercepter», a-t-il ainsi déclaré à des journalistes à bord de l'avion qui le ramenait d'une visite à Budapest. «Cet incident s'est déroulé dans notre pays. Nous ne pouvons rester silencieux», a-t-il ajouté.

Interrogé à propos des affirmations de responsables turcs selon lesquelles M. Khashoggi a été assassiné dans le consulat par des agents saoudiens, M. Erdogan a botté en touche. «Il n'est pas juste que je commente des suppositions, mais nous avons nos inquiétudes», a-t-il dit.

Machination

Image tirée d'une vidéosuveillance obtenue par l'agence de presse turque DHA le 10 octobre 2018 montrant Jamal Khashoggi arrivant au consulat saoudien le 2 octobre 2018. AFP PHOTO / DHA<br />
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Image tirée d'une vidéosuveillance obtenue par l'agence de presse turque DHA le 10 octobre 2018 montrant Jamal Khashoggi arrivant au consulat saoudien le 2 octobre 2018. AFP PHOTO / DHA

Depuis le début de l'affaire, des comptes Twitter pro-saoudiens accusent pêle-mêle le Qatar, rival régional de Ryad et allié d'Ankara, la Turquie, les Frères musulmans ou encore sa fiancée turque de mener une machination pour discréditer l'Arabie saoudite. Jamal Khashoggi s'est exilé en 2017 aux États-Unis, après être tombé en disgrâce à la cour de Mohammed ben Salmane. Sa fiancée, Hatice Cengiz, a ainsi sollicité l'aide de Donald Trump.

M. Trump a affirme mercredi à la presse à Washington s'être entretenu «au plus haut niveau» avec les Saoudiens, et ce «plus d'une fois», au sujet du journaliste. La Maison Blanche a précisé que deux des plus proches conseillers du président, son gendre Jared Kushner et le responsable du conseil de Sécurité nationale John Bolton, avaient parlé mardi au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Après la publication mercredi par le quotidien progouvernemental turc Sabah du nom, de l'âge et des photographies de quinze hommes présentés comme l'«équipe d'assassinat» dépêchée par Ryad, des médias et comptes sur les réseaux sociaux ont pu identifier une grande partie d'entre eux comme étant des officiers des services de sécurité ou des proches du prince héritier.

Les autorités turques ont obtenu mardi l'autorisation de fouiller le consulat saoudien, mais cette fouille n'a pas encore eu lieu.

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