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La bière va devenir un produit de luxe à cause du réchauffement climatique

Trinquer avec une bière ne sera pas donné à tout le monde si l'on n'enraye pas le réchauffement climatique. Trinquer avec une bière ne sera pas donné à tout le monde si l'on n'enraye pas le réchauffement climatique. [© CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Que les amateurs d'ambrées, de blondes et autres ales ou lagers se préparent : la recrudescence de vagues de chaleur et de sécheresses générée par le dérèglement climatique va faire de la bière, boisson alcoolisée la plus populaire au monde, une denrée rare.

«Une baisse de la production mondiale d'orge, c'est une baisse encore plus grande de la production d'orge consacrée à la bière», explique Dabo Guan, professeur en économie du changement climatique à l'université d'East Anglia (Grande-Bretagne), relevant que «les cultures de haute qualité sont encore plus sensibles». Seule l'orge de la meilleure qualité (soit moins de 20 % de l'orge mondiale) est consacrée à la production de bière, le reste servant notamment à nourrir les animaux d'élevage, précise cette étude anglo-saxonne publiée lundi dans Nature Plants.

Si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, les événements majeurs (sécheresses + canicules) frapperont au cours de ce siècle une des grandes régions de culture au moins une fois par an, entraînant une chute de 16 % de la production mondiale de bière. Soit l'équivalent de ce qui est bu en un an aujourd'hui aux Etats-Unis, ont calculé les chercheurs.

Résultat : les prix pourraient en moyenne doubler à la suite de ces crises. Dans le scénario le plus optimiste (impliquant un déclin fort et immédiat des émissions de gaz à effet de serre, ce qui n'est pas du tout le chemin pris actuellement), moins de 20 événements extrêmes majeurs concerneraient ces zones d'ici 2100, réduisant la production mondiale de bière de 4% et relevant les prix de 15%.

Les pays pauvres les plus touchés

Certains pays seront particulièrement touchés, note l'étude. Dans le top 20 des régions consommatrices (par habitant) figurent aujourd'hui les pays européens, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l'Australie. Les principaux exportateurs d'orge sont l'Australie, la France, la Russie, l'Ukraine, l'Argentine, suivis d'autres pays d'Europe. Les grands importateurs sont la Chine, l'Arabie saoudite et l'Iran, suivis des trois grands brasseurs que sont les Pays-Bas, la Belgique et le Japon.

Dans un monde où le climat promet aussi de réduire la productivité et la valeur nutritionnelle du blé, du maïs ou encore du riz, l'orge pourrait en outre être consacrée prioritairement à des usages alimentaires. «Le changement climatique pourrait bien réduire la disponibilité, la stabilité et l'accès aux produits "de luxe"», souligne Dabo Guan. «Quand un événement extrême survient, le rendement de toutes les cultures décline. Les pays pauvres, l'Inde, l'Afrique... devront s'interroger sur leur sécurité alimentaire. Les populations des pays développés souffriront moins, parce qu'elles ont un pouvoir d'achat plus élevé, mais leurs consommations de luxe devront être revues (bière, vin, chocolat...).»

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