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Voitures autonomes : sacrifier les passagers ou faucher des piétons, les internautes ont tranché

Les participants devaient répondre à un dilemme, par exemple sacrifier ses passagers ou faucher des piétons. Les participants devaient répondre à un dilemme, par exemple sacrifier ses passagers ou faucher des piétons. [© capture Youtube Scalable Cooperation]

Un dilemme mortel. Dans une situation d'accident, les voitures autonomes devront-elles protéger leur passager ou éviter l'enfant qui traverse la rue ? Des chercheurs ont consulté pendant un an et demi des internautes du monde entier pour avoir leur avis.

Depuis 2016, une plateforme en ligne, baptisée «Moral Machine» (http://moralmachine.mit.edu/), enregistre les choix des internautes face à différents scénarios à l'issue fatale. Plus de deux millions d'entre eux, issus de 233 pays et territoires, ont fait le test, accessible en dix langues. Ils ont exprimé 40 millions de décisions. Les résultats de ce gigantesque test en ligne ont été publiés mercredi dans la revue Nature. Et certains sont inquiétants.

Les participants avaient sous les yeux une voiture autonome dont les freins avaient lâché. Elle devait, par exemple, choisir de foncer dans une barrière en béton au risque de tuer son ou ses passagers, ou bien de faucher mortellement des animaux domestiques ou différents types de personnes en train de traverser la rue, au vert ou au rouge.

discriminations sur l'âge, la pauvreté et le surpoids

«Nous avons vu se dégager trois grands principes sur lesquels les gens s'accordent plus ou moins : protéger la vie humaine plutôt que les animaux, sauver le plus grand nombre de vies et sauver en priorité les enfants», déclare Jean-François Bonnefon, chercheur CNRS à l'Université de Toulouse. «Mais même ces trois préférences fortes peuvent varier d'un pays à un autre.»

Les profils les plus sauvés ont été les bébés en poussette, les enfants et les femmes enceintes. Ensuite, les préférences «morales» peuvent prêter le flan à de sérieuses critiques. Ainsi, les médecins (reconnaissables à une croix blanche) et les personnes athlétiques s'en sortent bien, suivis par les cadres dirigeants (identifiables à leur attaché case).

Le respect du feu est un plus

Après les chats et les chiens, puis les criminels (silhouette munie d'un butin), ce sont les personnes âgées que les internautes ont le moins épargné, suivies des sans-abri (en guenilles), puis des personnes en surpoids. Celles-ci ont 20 % de risque en plus d'être sacrifiées qu'une personne à l'allure athlétique. Et «les personnes pauvres ont 40 % de probabilité de plus que les personnes riches de se faire écraser», selon le CNRS, qui y voit des «préférences morales controversées».

En outre, les participants ont davantage épargné les piétons qui respectaient les feux que ceux qui s'en affranchissaient. C'est particulièrement net «dans les pays développés, avec des lois et des institutions fortes», notent les chercheurs.

Le pays le plus engagé dans la réflexion sur l'éthique de la voiture autonome est l'Allemagne. Elle s'est dotée d'une commission qui a rendu un rapport en 2017. Il recommande de privilégier la vie humaine par rapport à celle des animaux, mais il estime que toute distinction liée aux caractéristiques de la personne, comme l'âge, devrait être interdite.

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