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Brésil : le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro élu président avec 56% des voix

147 millions d'électeurs ont été appélés aux urnes pour le second tour de la présidentielle au Brésil. Sans surprise, le candidat d'extrême droite a été élu avec 56% des voix contre 43,30% à son adversaire de gauche Fernando Haddad, selon les premiers résultats.

L'ex-capitaine de l'armée prendra ses fonctions en janvier, dans un Brésil extrêmement polarisé à l'issue d'une campagne tendue et délétère. Jair Bolsonaro succèdera à Brasilia au président Michel Temer, pour un mandat de quatre ans, au 1er janvier 2019.

Une foule de plusieurs milliers de ses sympathisants s'est réunie en début de soirée devant son domicile pour célébrer la victoire du député dans un quartier aisé de Rio de Janeiro.

Après le scrutin du 7 octobre qui a vu Bolsonaro frôler une élection dès le premier tour (46% des suffrages), les Brésiliens ont fait leur choix plus par rejet que par conviction : « contre la corruption » pour le candidat d'extrême droite, « contre la haine » pour celui de gauche.

Alvaro Cardoso, 55 ans, n'a pas hésité : « Bolsonaro va balayer les corrompus, il va chasser ces escrocs, ces communistes », veut-il croire après avoir voté à Rio pour le candidat d'extrême droite qui a capitalisé sur l'exaspération des Brésiliens.

Renata Arruda, 41 ans, a voté Haddad. « Je n'ai jamais vécu une élection aussi polarisée. Je pense que c'est à cause de Bolsonaro qui est quelqu'un d'agressif, de fou. J'ai très peur », dit-elle en fondant en larmes dans un bureau à Sao Paulo, à l'évocation de ce chantre de la dictature (1964-1985).

De nombreux électeurs de gauche se sont rendus aux urnes avec un livre sous le bras, un pied de nez aux électeurs de Jair Bolsonaro, dont certains s'étaient photographiés votant au premier tour avec une arme.

« 1984 » de George Orwell ou encore «Comment meurent les démocraties» de Daniel Ziblatt et Steven Levitsky faisaient partie des titres sélectionnés par les électeurs qui, sous les mots clé #LivroSim et #Armanao (Livre oui, arme non), postaient des photos sur les réseaux sociaux.

Autre livre et autre message, Dias Toffoli, le président de la Cour suprême, s'est rendu aux urnes avec la Constitution. « Le futur président devra respecter les institutions, la démocratie et l'Etat de droit », a-t-il déclaré.

Pour Marcio Coimbra, de l'Université presbytérienne Mackenzie, le Brésil a des garde-fous solides avec "un parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne ».

« Démocratie en danger »

Jair Bolsonaro a voté dans la matinée à Rio, évitant soigneusement la foule. Accompagné de sa troisième épouse Michelle, il n'a fait aucune déclaration, « pour des raisons de sécurité ».

Le vote a été moins tranquille à Sao Paulo pour Fernando Haddad, accueilli par des partisans brandissant des roses et entonnant des chansons traditionnelles de la gauche, mais aussi par un concert de casseroles d'opposants.

«La démocratie est en danger. Les libertés individuelles sont en danger», a déclaré Haddad à la sortie du bureau de vote. Mais « le Brésil s'est réveillé ces derniers jours. J'attends les résultats avec beaucoup d'espoirc.

Après une dure campagne de l'entre-deux tours, alimentée par des discours de haine et émaillée de violences, le vote s'est déroulé dans le calme, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann.

Le président sortant Michel Temer a indiqué de son côté que la transition débuterait «dès demain, lundi.

Pays en crise 

Dans un pays miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, Jair Bolsonaro a réussi à s'imposer comme l'homme à poigne dont le Brésil aurait besoin.

Catholique défenseur de la famille traditionnelle, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques et a indigné, par ses déclarations outrancières, une bonne partie des Noirs, des femmes et des membres de la communauté LGBT.

Fernando Haddad, 55 ans, a promis de « rendre le Brésil heureux de nouveau » comme sous les mandats de Lula dans les années de croissance (2003-2010).

Mais il n'a pas fait l'autocritique du PT, jugé responsable par beaucoup des plaies actuelles du pays, notamment la corruption.

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