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Daesh a laissé derrière lui plus de 200 charniers en Irak, selon l'ONU

Des membres de la minorité yazidie en Irak cherchent des preuves pouvant leur permettre de retrouver des proches disparus ou tués par le groupe Etat islamique (EI), dans un charnier près du village de Sinuni, dans la région de Sinjar (nord-ouest), le 3 février 2015 [Safin HAMED / AFP/Archives] Des membres de la minorité yazidie en Irak cherchent des preuves pouvant leur permettre de retrouver des proches disparus ou tués par le groupe Etat islamique (EI), dans un charnier près du village de Sinuni, dans la région de Sinjar (nord-ouest), le 3 février 2015. [Safin HAMED / AFP/Archives]

Daesh a laissé derrière lui plus de 200 charniers dans les régions d'Irak qu'il a tenues de 2014 à 2017, a annoncé mardi l'ONU, appelant à en extraire des preuves des crimes jihadistes et apporter des réponses aux familles de disparus.

Selon un rapport de la mission d'assistance en Irak et du Bureau des droits de l'Homme de l'ONU, ces 202 fosses communes mises au jour dans différentes provinces du nord et de l'ouest de l'Irak pourraient renfermer jusqu'à 12.000 corps.

Et «il pourrait y en avoir beaucoup plus», poursuit le rapport, certaines zones étant inaccessibles car toujours minées ou sous la menace de cellules jihadistes clandestines.

Dans la seule province de Ninive, où se trouve Mossoul -l'ancienne «capitale» de Daesh dans le nord de l'Irak-- plus de 7.200 personnes sont toujours portées disparues, dont 3.117 membres de la minorité yazidie, particulièrement persécutée par les jihadistes, selon la Commission gouvernementale irakienne des droits de l'Homme.

Pour apporter des informations sur leur sort aux familles, l'Irak va devoir fouiller toutes ces fosses communes découvertes dans les provinces de Ninive -pour près de la moitié-, de Kirkouk et de Salaheddine dans le nord de l'Irak, ainsi que d'al-Anbar, dans l'ouest.

«Garantir enquêtes et procès»

Pour le moment, seules 28 ont été fouillées et 1.258 corps exhumés, selon l'ONU. Et la tâche est encore énorme car si certaines ne renferment que quelques corps, d'autres en contiennent plusieurs milliers.

C'est très probablement le cas d'une cavité naturelle au sud de Mossoul, surnommée «Khasfa» (le gouffre, en arabe) où les habitants racontent que les jihadistes exécutaient chaque jour des dizaines d'Irakiens, notamment des membres des forces de l'ordre.

Des membres de la minorité yazidie en Irak cherchent des preuves pouvant leur permettre de retrouver des proches disparus ou tués par le groupe Etat islamique (EI), dans un charnier près du village de Sinuni, dans la région de Sinjar (nord-ouest), le 3 février 2015 [Safin HAMED / AFP/Archives]
Des membres de la minorité yazidie en Irak cherchent des preuves pouvant leur permettre de retrouver des proches disparus ou tués par le groupe Etat islamique (EI), dans un charnier près du village de Sinuni, dans la région de Sinjar (nord-ouest), le 3 février 2015 [Safin HAMED / AFP/Archives]

Près d'un an après l'annonce par Bagdad de sa «victoire» sur Daesh, «les preuves rassemblées sur ces sites seront centrales», estime le rapport de l'ONU, appelant à les préserver et à y mener des exhumations minutieuses.

Seuls ces éléments, poursuit-il, pourront «garantir des enquêtes crédibles, des procès et des condamnations conformes aux standards internationaux».

Des enquêteurs de l'ONU ont commencé à recueillir des preuves des massacres et autres atrocités de Daesh, à l'encontre notamment des Yazidis, qui peuvent constituer selon les Nations Unies «des crimes de guerre, des crimes contre l'Humanité et un possible génocide».

«Le trauma existe toujours»

Pour Michelle Bachelet, Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, si «les horribles crimes de l'EI en Irak ne font plus les gros titres, le traumatisme des familles de victimes existe toujours et le sort de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants est toujours inconnu».

«Déterminer les circonstances de ces nombreuses morts sera une étape importante dans le processus de deuil des familles et dans leur parcours pour garantir leurs droits à la vérité et à la justice», estime de son côté le représentant spécial des Nations Unies en Irak, Jan Kubis.

Des Irakiens se recueillent près de corps de personnes qui auraient été tuées par le groupe Etat islamique, dans la ville de Tikrit, le 12 avril 2015 [AHMAD AL-RUBAYE / AFP/Archives]
Des Irakiens se recueillent près de corps de personnes qui auraient été tuées par Daesh, dans la ville de Tikrit, le 12 avril 2015 [AHMAD AL-RUBAYE / AFP/Archives]

Familles et responsables locaux se plaignent régulièrement de ne voir aucune avancée sur la question des disparus dans un pays où l'on dénombrait déjà au moins un million de disparus à la chute de Saddam Hussein en 2003.

Ensuite, dans la foulée de l'invasion emmenée par les Etats-Unis, des milliers d'autres personnes ont disparu dans la tourmente des violences confessionnelles et de la montée en puissance des milices.

Selon le rapport de l'ONU, la bureaucratie, un problème récurrent en Irak, ne facilite pas non plus la tâche des familles de disparus.

Elles doivent s'adresser à cinq administrations différentes, «un processus à la fois chronophage et frustrant pour des familles traumatisées», estime encore l'ONU.

Des familles dont le sort reste suspendu à celui des charniers qui sont, selon M. Kubis, «le témoignage de terribles pertes humaines, d'une souffrance profonde et d'une cruauté choquante».

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