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Etats-Unis : les midterms, mode d'emploi

Le scrutin pourrait bien se transformer en référendum pour ou contre Donald Trump. Deux ans après l'accession du milliardaire à la Maison Blanche, les Américains sont de nouveau appelés à voter ce 6 novembre pour les midterms. Le point sur ces élections, qui s'annoncent plus que jamais cruciales.

Qu'est-ce que c'est ?

Organisées à la mi-mandat de chaque président, ces élections, qui se déroulent toujours le mardi suivant le premier lundi de novembre, sont un rendez-vous crucial aux Etats-Unis. Elles visent à renouveler les membres du Congrès, qui concentre le pouvoir législatif. A savoir un tiers des sièges du Sénat (35 sur 100) et l'intégralité de la Chambre des représentants (435 sièges).

Depuis 2016, les républicains règnent sans partage sur Washington : non seulement l'un des leurs dort à la Maison Blanche, mais ils disposent également d'une majorité dans les deux chambres. Même tendance côté gouverneurs : le Parti républicain dirige 33 des 50 Etats américains, relève le site Vox.

Ce scrutin étant historiquement plutôt favorable à l'opposition, et Donald Trump étant en mauvaise posture dans les sondages, les démocrates espèrent l'emporter pour inverser le rapport de force et empêcher le président américain d'appliquer son programme comme un seul homme jusqu'à la fin de son mandat, en 2020. Reste que la perspective d'une vague démocrate n'est pas assurée. Car si ces élections sont la première occasion de voter pour les Américains indignés par la politique de Trump, elles le sont aussi pour tous les partisans du président, satisfaits de la bonne marche de l'économie et du plein emploi (ils seraient encore près de 43 %, selon un récent sondage).

A noter que les midterms ne sont pas seulement nationales. «6.665 sièges au niveau des Etats, et un millier de plus à un niveau local» vont également être soumis aux urnes, souligne le New York Times. Ainsi, 36 des 50 Etats américains vont élire leur gouverneur, d'autres vont désigner leur shérif, leur juge, leur procureur général ou encore leur maire. Des électeurs sont aussi appelés à se prononcer sur des référendums locaux – «ballot initiatives» – sur des sujets variés (légalisation du cannabis à usage récréatif, impôts, assurance-maladie, avortement, salaire minimum...).

pourquoi ces élections sont-elles décisives ?

Le rendez-vous est capital pour la suite du mandat de Donald Trump. Si les démocrates parviennent à prendre la Chambre des représentants (il leur faut gagner 23 sièges pour reprendre la majorité), ils pourront lancer des enquêtes parlementaires à tout-va contre l'administration Trump, bloquer les lois et le vote du budget – de quoi paralyser Washington. Un scénario qui reste fort probable : le site FiveThirtyEight, référence dans les prédictions électorales, leur donnait ainsi cinq chances sur six, à deux semaines et demi du scrutin. En cause, notamment, la majorité des candidats sortants qui ont choisi de ne pas se représenter sont républicains : 39 sur 66, une première depuis 1930.

En revanche, «il semble de moins en moins probable que les démocrates gagnent le Sénat», avance David Lublin, professeur à l'American University de Washington. Bien qu'il ne leur faudrait remporter que deux sièges supplémentaires, le site FiveThirtyEight ne leur donne là qu'une chance sur cinq. En effet, les démocrates font, par un hasard du calendrier électoral, face à une conjoncture beaucoup plus difficile : ils doivent défendre 26 des 35 sièges en jeu, dont plusieurs dans des États qui ont voté pour Donald Trump en 2016. Sans compter qu'ils souffrent d'un désavantage : les électeurs démocrates «sont très concentrés dans les villes et zones urbaines», tandis que «les républicains sont répartis plus équitablement», explique David Lublin. Et ce, alors même que les courses sénatoriales serrées se jouent surtout dans des États plutôt ruraux...

Or, si les républicains conservent la chambre haute, une procédure de destitution («impeachment») contre Donald Trump sera – sauf scandale majeur – vouée à l'échec, car c'est cette assemblée qui a le dernier mot. Le président pourra aussi continuer à faire approuver ses nominations, notamment pour la toute-puissante Cour suprême, qui tranche dans les plus grandes questions de société aux États-Unis. En témoigne la confirmation du juge Brett Kavanaugh, soutenu par Trump, à la Cour suprême, alors qu'il était accusé par une femme d'avoir commis une agression sexuelle en 1982. 

quelles sont les particularités de ce scrutin ?

Plus d'un an après le lancement du mouvement #MeToo, les femmes occupent une place sans précédent dans ces élections. Pas moins de 257 candidates (198 démocrates, 59 républicaines) – un record historique – se sont présentées pour accéder au Congrès, où elles n'occupent pour l'heure que 20 % des sièges. De même, elles pourraient créer la surprise à plusieurs postes de gouverneures.

Dans la même veine, les minorités, portées par une hostilité viscérale à Donald Trump, sont mieux représentées à ces élections. Parmi elles, la socialiste hispanique Alexandria Ocasio-Cortez à New York, le maire noir de Tallahassee (Floride), Andrew Gillum, la militante noire Ayanna Pressley à Boston, ou encore Christine Hallquist, femme transgenre candidate au poste de gouverneure.

En outre, le nombre de candidats descendants des Indiens d'Amérique n'a jamais été aussi élevé. Au total, pas moins de cent Amérindiens vont ainsi se présenter aux urnes, dont sept au Congrès (soit deux fois plus qu'en 2016) et les autres à des élections locales (gouverneurs, chefs d'administrations publiques, parlements régionaux...). Si Donald Trump évoque une partie déjà pliée à la faveur des républicains, ce scrutin pourrait donc créer des surprises dans le paysage politique global des Etats-Unis.

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