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Salvador : une femme risque 20 ans de prison pour avoir tenté d'avorter du bébé de son violeur

Une manifestante salvadorienne pro-avortement A San Salvador, la capitale du Salvador, une femme participant en 2012 à la marche pour la Journée internationale d'action pour la décriminalisation de l'avortement, totalement interdit dans le pays. [Jose CABEZAS / AFP]

Imelda Cortez, une jeune Salvadorienne de 20 ans, est jugée à partir de ce lundi 12 novembre pour avoir essayé d'avorter de l'enfant de son violeur, qui était son beau-père de 70 ans, dans un pays où l'avortement est interdit sous toutes ses formes.

Imelda Cortez risque 20 ans de prison, après avoir mis au monde en avril 2017, dans des toilettes, l'enfant de son agresseur. C'est juste après la naissance que la tentative d'avortement a été découverte. Saignant abondamment, la jeune femme, issue d'une famille rurale vivant dans la pauvreté, a été rapidement emmenée à l'hôpital. C'est à ce moment-là que le médecin a suspecté un avortement et a appelé la police. Le bébé de la Salvadorienne a de son côté été retrouvé vivant et en bonne santé.

Après une semaine à l'hôpital, Imelda Cortez, accusée de tentative de meurtre, a été placée en détention, après qu'on lui a refusé une libération sous caution. La jeune femme était abusée sexuellement par son beau-père depuis qu'elle avait 12 ans, et a déclaré qu'elle ne savait pas qu'elle était enceinte.

Accusée au départ d'avoir inventé un viol

«C'est la plus extrême et scandaleuse injustice contre une femme que je n'ai jamais vue», a déploré Bertha Maria Deleon, l'une des avocates d'Imelda Cortez. «L'Etat a à plusieurs reprises violé les droits d'Imelda en tant que victime : elle est profondément affectée mais on lui refuse les soins psychologiques.» En effet, la jeune Salvadorienne n'a reçu aucune aide de la part de psychologues depuis son incarcération il y a un an et demi.

Les procureurs avaient d'abord accusé la jeune femme d'avoir inventé le viol pour justifier son avortement, jusqu'à ce qu'un test ADN confirme que le beau-père était bien le père de l'enfant. Celui-ci n'a pas encore été inculpé. Lorsque sa victime était à l'hôpital, il s'était permis de venir la voir, et de la menacer de mort ainsi que sa famille si elle dénonçait le viol.

Une vingtaine de pays interdisent totalement l'avortement

En février dernier, une décision de justice a tout de même relancé le débat sur l'avortement au Salvador. Après avoir passé onze ans derrière les barreaux, Teodora Vasquez, condamnée à 30 ans de prison en 2008 pour une fausse couche qualifiée «d’homicide aggravé» par la justice, a été libérée, la Cour suprême jugeant «que les preuves scientifiques ne permettaient pas de déterminer qu’il y ait eu une action volontaire conduisant à la mort de la créature en gestation». Selon Amnesty International, il reste encore au moins 27 femmes emprisonnées au Salvador en application de la loi pénalisant l’avortement.

A l'instar de ce petit Etat d'Amérique centrale de 6 millions d'habitants, encore une vingtaine de pays dans le monde interdisent totalement l'avortement, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), parmi lesquels Andorre, le Sénégal, la République dominicaine, Malte, la Mauritanie, le Nicaragua, le Vatican ou le Gabon.

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