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Violences sexuelles : les lauréats du Nobel veulent la fin de l'impunité

Le médecin congolais Denis Mukwege et la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes à Oslo le 9 décembre 2018 [Tobias SCHWARZ / AFP] Le médecin congolais Denis Mukwege et la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes à Oslo le 9 décembre 2018 [Tobias SCHWARZ / AFP]

Les lauréats du Nobel de la paix, le médecin congolais Denis Mukwege et la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes, ont dit dimanche espérer que ce prix contribuerait à lever l'impunité des auteurs de violences sexuelles.

Le gynécologue de 63 ans et la jeune Irakienne de 25 ans vont recevoir lundi à Oslo un Nobel qui leur a été attribué conjointement début octobre pour leur lutte contre le viol en tant qu'«arme de guerre».

«Ce prix Nobel ne fera pas disparaître les violences, ni les attaques sur les femmes, les femmes enceintes, les enfants, les bébés», a déclaré Nadia Murad à la presse à la veille de la cérémonie.

«Mais notre objectif, c'est que ce prix ouvre des portes et c'est déjà le cas», a-t-elle ajouté.

Comme des milliers de femmes yazidies, Nadia Murad a été enlevée, violée, torturée et échangée par les jihadistes de Daesh après leur offensive contre cette communauté kurdophone du nord de l'Irak en 2014.

Ayant réussi à s'évader, la jeune femme - dont la mère et six frères ont été tués - se bat aujourd'hui pour que les persécutions des siens soient reconnues comme génocide.

«Aucun membre de l'État islamique n'a été traduit en justice. Ils ne sont plus en Irak mais nous voyons que les viols se poursuivent en tant qu'arme de guerre», a-t-elle souligné. «Il faut vraiment que justice soit faite à un moment ou un autre.»

Si 4.300 Yazidies se seraient échappées ou auraient été rachetées à Daesh, 2.500 seraient encore «disparues», selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).

«La dénonciation ne suffit plus, il est temps d'agir»

Une équipe de l'ONU doit, selon son chef, commencer à enquêter sur les exactions des jihadistes en Irak début 2019.

Denis Mukwege soigne quant à lui depuis deux décennies les victimes de violences sexuelles dans l'hôpital de Panzi qu'il a fondé à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), une région en proie aux violences chroniques.

«La dénonciation ne suffit plus, il est temps d'agir», a-t-il dit lors de la conférence de presse. «Dans les conflits armés, (...) la transformation de corps de femmes en champ de bataille est tout simplement un acte inadmissible à notre siècle.»

«L'homme qui répare les femmes» - titre d'un documentaire qui lui a été consacré - dit souhaiter que ce Nobel «ne soit pas considéré comme une victoire en soi» mais plutôt «comme le début d'un combat contre un mal qui ronge notre société : la violence faite aux femmes dans les conflits».

Le prix consiste en une médaille d'or, un diplôme et un chèque de 9 millions de couronnes suédoises (872.000 euros).

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