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Craignant un Brexit sans accord, les Britanniques font déjà des stocks de médicaments

Les prix pourraient s'envoler si le Royaume-Uni optait pour une divorce brutal avec l'UE[Manjunath Kiran / AFP]

Les Britanniques voient l'échéance approcher à grands pas, parfois avec un soupçon d'inquiétude. Certains, craignant un Brexit sans accord, commencent d'ores et déjà à stocker certains produits de première nécessité, comme les médicaments. 

C'est le Guardian qui a révélé cette nouvelle pratique, qui prend de l'ampleur à soixante-neuf jours de la date officielle de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. «Les patients font des réserves de médicaments, allant à l'encontre des consignes officielles. Ils disent qu'ils les font venir de l'étranger et demandent à leur médecin de leur faire des ordonnances d'urgence», peut-on lire dans les colonnes du quotidien. 

L'inquiétude

Plusieurs patients britanniques ont expliqué sous couvert d'anonymat que ce choix était motivé par une certaine appréhension. «Je suis vraiment stressée en ce qui concerne les produits médicaux, et je me suis renseignée pour savoir comment ramener des médicaments de France, ou en faire venir illégalement d'Inde», a expliqué une femme. 

Une autre, âgée de 37 ans, a précisé qu'elle agissait avec l'aide de son médecin : «J'ai vu mon généraliste avant Noël, je lui ai dit que je flippais à cause de l'éventualité d'un 'no deal' et d'une pénurie de médicaments... Elle a dit que, comme j'étais stressée, elle me prescrirait des médicaments pour les six prochains mois pour les conserver dans un placard et avec un peu de chance, les interruptions d'approvisionnements devraient être moins importantes d'ici là», a-t-elle espéré. 

Les conséquences de cette ruée vers les pharmacies commencent à se faire sentir. Le Naproxène, un anti-inflammatoire, et l'insuline, que certains diabétiques stockent depuis plusieurs mois, se font rares au Royaume-Uni : «Tout le monde, sur les forums consacrés au diabète, fait des réserves d'insuline. Certaines personnes constatent des pénuries à cause de cela», a indiqué un témoin atteint du diabète de type 1 au Guardian. 

Hausses et pénuries en vue ?

Le gouvernement britannique a anticipé les conséquences d'un Brexit sans accord sur les pharmacies bien avant les patients : en août dernier, le secrétaire d'État à la Santé Matthew Hancock avait ainsi demandé aux compagnies pharmaceutiques de constituer des stocks de médicaments pour six mois.

En plus d'une potentielle pénurie, les prix des médicaments et des aliments pourraient s'envoler si le Royaume-Uni optait pour un divorce brutal avec l'UE, comme l'a prévenu le secrétaire d'État à l'Environnement Michael Gove.

Actuellement, les Britanniques importent 30% de ce qu'ils consomment de l'UE. Or, dans l'hypothèse d'un retrait sans accord avec les autres pays membres, les importateurs devront remplir de nouvelles déclarations de douanes, et s'acquitter de nouvelles taxes. Résultat : les camions risquent d'être bloqués à Calais (un temps d'attente estimé à deux ou trois heures, contre deux ou trois minutes maintenant) et les denrées coûteront plus cher sur les étals. 

Tous Parés pour un «hard brexit» 

Ainsi, si certains Britanniques font des réserves de médicaments, d'autres semblent être prêts pour l'apocalypse, à l'instar de Nevine Mann, une jeune femme originaire de Cornouailles. Elle a récemment attiré l'attention des médias locaux, après avoir acheté assez de nourriture pour tenir pendant quatre à six mois après le Brexit, et s'être équipée de panneaux solaires, d'une citerne d'eau et d'un potager pour être totalement autosuffisante. 

L'inquiétude règne dans le pays, surtout chez ceux qui ont glissé un bulletin «Remain» dans l'urne le 23 juin 2016. Car le Royaume-Uni semble résolument se diriger vers un retrait sans accord, encore plus depuis que les députés britanniques ont massivement rejeté l'accord de Brexit le 15 janvier dernier, puis exprimé leur confiance dans le gouvernement conservateur de Theresa May (la motion de censure contre la Première ministre a en effet été rejetée de justesse, à 325 voix contre 306) le lendemain.

La France a d'ores et déjà déclenché son «plan» lié à ce scénario.

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