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Un dur Brexit pour la France ?

Les nouvelles barrières douanières pourraient faire perdre 3 milliards d’euros d’exportations à la France en 2019, selon l’assureur-crédit Euler Hermes. Les nouvelles barrières douanières pourraient faire perdre 3 milliards d’euros d’exportations à la France en 2019, selon l’assureur-crédit Euler Hermes.[M. GILE / SIPA]

Une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord négocié pourrait affecter la vie des Français. Mais le gouvernement s’y prépare.

Après le rejet par le Parlement britannique, le 15 janvier, du compromis de Brexit de Theresa May, la probabilité d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE sans accord a pris de l’épaisseur. D’autant plus que la date du retrait, prévue le 29 mars, se rapproche. Loin d’avoir des implications uniquement pour Londres, cette hypothèse aurait des conséquences majeures sur l’ensemble des pays de l’Union, et en particulier sur la France. Les habitudes des entreprises, consommateurs et expatriés s’en trouveraient bousculées.

Des conséquences tous azimuts

Un «no deal» serait un véritable «chaos» pour les sociétés. C’est ce qu’a déclaré le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le 18 janvier dernier. En effet, les relations économiques entre Londres et Paris seraient alors soumises aux règles drastiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Des droits de douane sur les produits importés du Royaume-Uni seraient rétablis, ainsi que des contrôles aux frontières. Des obstacles qui se solderaient par une perte de 3 milliards d’euros d’exportations pour la France en 2019, selon l’assureur-crédit Euler Hermes.

Ces nouvelles contraintes pour les sociétés auraient aussi un impact sur les consommateurs français, car le prix des produits importés depuis le Royaume-Uni vers la France augmenterait mécaniquement. «Il y aurait aussi des problèmes en matière de circulation des personnes», indique Olivier Marty, enseignant à Sciences-Po et HEC. Londres sortirait de l’espace aérien européen, ce qui paralyserait le trafic entre les deux côtés de la Manche. Pour éviter les perturbations, la Commission européenne a cependant annoncé que les compagnies conserveraient leurs autorisations de vol pendant un an en cas de «no deal».

Sur terre, les contrôles douaniers supplémentaires pour les transporteurs routiers ralliant le Royaume-Uni risquent de créer des embouteillages monstres aux abords des ports du nord de la France. Selon les responsables de celui de Douvres (Angleterre), deux minutes de vérifications en plus par camion provoqueraient 27 km de bouchons à Calais et Dunkerque chaque jour.

Quant aux touristes français se rendant au Royaume-Uni, ils devraient payer un surcoût pour utiliser leur téléphone portable outre-Manche, à cause du rétablissement des frais d’itinérance.

Matignon joue la prudence

Afin d’échapper autant que possible à ce désordre, Matignon a déclenché le 17 janvier dernier un plan visant à anticiper le divorce. Il prévoit notamment d’investir 50 millions d’euros pour aménager les ports et aéroports qui échangent le plus avec le Royaume-Uni. L’Etat a aussi confirmé hier le recrutement de 580 agents, qui seront affectés aux contrôles à la frontière.

Des mesures qui rentrent dans le cadre d’un projet de loi, adopté le 17 janvier par le Parlement, autorisant le gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures nécessaires à la préparation d’un «no deal». «Nous serons prêts en cas de Brexit dur», a affirmé Edouard Philippe le 18 janvier. Même s’il doit espérer, comme tous les autres dirigeants européens, que cette issue ne devienne pas réalité le 29 mars prochain.

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