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Brésil : le gouvernement voulait filmer les élèves chantant l'hymne national

La proposition du ministre a fait polémique. La proposition du ministre a fait polémique.[SERGIO LIMA / AFP]

Le ministre de l'Education du Brésil a suscité une vive polémique en préconisant de filmer les élèves chantant l'hymne national pour saluer la «nouvelle ère» ouverte avec le gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, avant de revoir sa copie face à une avalanche de critiques.

Dans une circulaire, le ministre Ricardo Velez Rodriguez recommandait également la lecture devant les élèves d'un message ponctué par le slogan «le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous», utilisé par M. Bolsonaro durant sa campagne électorale, une mention retirée par la suite.

«Brésiliens, nous allons saluer la nouvelle ère qui s'ouvre au Brésil et célébrer l'éducation responsable et de qualité que nous allons mettre en oeuvre pour vous, les élèves, qui constituent la nouvelle génération», pouvait-on lire dans le message envoyé aux établissements lundi soir.

La circulaire incitait également des membres du personnel des établissements à filmer les élèves chantant l'hymne et à envoyer les vidéos par courriel au ministère de l'Education ou au service de communication de la présidence, sans préciser la nécessité d'une autorisation des parents. De quoi susciter des rumeurs d'une utilisation des images à titre de propagande.

Face à la polémique, Ricardo Velez Rodriguez a fait son mea culpa et son ministère a publié une nouvelle version édulcorée de la circulaire, sans le slogan et sans la référence à une «nouvelle ère».

«Je me suis rendu compte de l'erreur. J'ai enlevé la phrase (avec le slogan de Bolsonaro) et l'extrait selon lequel il serait possible de filmer sans l'autorisation des parents», a-t-il déclaré en marge de sa participation à une commission d'éducation du Sénat.

Le ministère a réiteré dans un communiqué envoyé mardi le caractère facultatif des recommandations comprises dans la circulaire, et indiqué que les autorisations de filmer les enfants devraient être signées au préalable par les parents.

De vives réactions

Le député Marcelo Freixo, du PSOL (gauche), avait auparavant qualifié sur Twitter le «comportement» du ministre de l'Education d'«inacceptable».

Il a également annoncé qu'il saisirait le parquet fédéral pour «violation des principes constitutionnels d'impartialité», considérant que le message du ministre était un «affront à l'Etat laïc» et visait «à faire la propagande du gouvernement».

La circulaire a aussi fait grincer des dents dans le camp du président. Janaina Paschoal, célèbre avocate élue députée de l'Etat de Sao Paulo sous la bannière du PSL, le parti de Jair Bolsonaro, a admis que le message était «surréaliste», même si elle a critiqué la réaction «disproportionnée» de l'opposition.

Le vice-président Hamilton Mourao, a reconnu que le fait de citer le slogan de campagne allait «à l'encontre la loi», mais a par ailleurs loué les efforts du ministère pour «restaurer les valeurs de civisme».

«Malheureusement, les Brésiliens ont honte d'exprimer l'amour pour leur pays, c'est important qu'on chante l'hymne national dans les écoles», a ajouté M. Mourao, général de la réserve, lors d'un entretien à la radio GaúchaZH.

Depuis son arrivée au pouvoir le 1er janvier, le gouvernement Jair Bolsonaro s'est lancé dans une croisade contre «l'endoctrinement marxiste» dans les écoles et les universités.

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