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La France et les Pays-Bas prennent l'avenir d'Air France-KLM en main

Le ministre de l'Economie  Bruno Le Maire (d) et son homologue Wopke Hoekstra (g) lors d'une conférence de presse à Paris, le 1er mars 2019 [ERIC PIERMONT / AFP] Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (d) et son homologue Wopke Hoekstra (g) lors d'une conférence de presse à Paris, le 1er mars 2019 [ERIC PIERMONT / AFP]

La France et les Pays Bas ont décidé de prendre en main l'avenir d'Air France-KLM et mis en place vendredi un groupe de travail sur l'avenir de l'entreprise, après les fortes tensions déclenchées par la prise de participation surprise des Néerlandais.

«Je suis conscient que notre prise de participation n'est pas très orthodoxe mais elle part de bonnes intentions», a assuré le ministre néerlandais Wopke Hoekstra, à l'issue d'une rencontre d'une heure trente avec son homologue Bruno Le Maire. L'irruption mardi de l'Etat néerlandais au sein du capital d'Air France-KLM avec une prise de participation de 14%, proche de celle de l'Etat français (14,3%) avait fait l'effet d'une douche froide à Paris.

«Vers l'avenir»

Bercy avait évoqué une décision «inamicale» et des méthodes de «trader». Le président Emmanuel Macron était monté au créneau pour demander aux Pays-Bas de «clarifier leurs intentions». Vendredi la tension semblait être retombée, les deux ministres assurant suivre le même objectif, celui d'améliorer la compétitivité du groupe et de consolider son développement, dans un «environnement complexe» et dans un «marché très concurrentiel».

«La France et les Pays Bas sont des partenaires européens et des amis, nous voulons aujourd'hui ouvrir une nouvelle page de l'histoire d'Air France-KLM», a expliqué M. Le Maire. «Nous regardons vers l'avenir», a expliqué pour sa part M. Hoekstra affirmant la volonté des Pays Bas de «bâtir une meilleure compagnie et de s'assurer que les intérêts des deux pays soient pris en compte».

Pour solder les incompréhensions entre les deux pays, les deux ministres ont convenu de mettre en place un groupe de travail présidé par Martin Vial, le directeur général de l'Agence de participations de l'Etat (PAE) et son homologue Chritiaan Rebergen, trésorier général du ministère des Finances néerlandais.

Actionnariat d'Air France-KLM [Jean Michel CORNU / AFP]
Actionnariat d'Air France-KLM

Ce groupe de travail, qui doit rendre ses conclusions fin juin, «visera à renforcer la coopération entre la France et les Pays-Bas avec comme objectifs la bonne gouvernance du groupe Air France-KLM, son développement, sa croissance et l’amélioration des résultats», selon un communiqué conjoint des deux ministres.

«Règles de bonne conduite»

Plusieurs points seront examinés, selon ce texte, dont les «participations des deux Etats» dans Air France-KLM et «la structure de capital de KLM et d’Air France», «les règles de gouvernance et le respect par les deux Etats de règles de bonne conduite», «la composition du Conseil d’administration» et «la défense des intérêts» des hubs de Paris–Charles de Gaulle et d'Amsterdam-Schiphol.

Au cours de ce processus, seront également abordés les questions sur les «visions respectives sur la stratégie de long terme d'Air France-KLM». Les accords du 16 octobre 2003, qui avaient scellé le rapprochement des deux compagnies, figurent également parmi les points abordés. Le résultat final «devra être équitable et équilibré pour les deux parties», selon le communiqué.

Les Néerlandais avaient expliqué leur raid boursier par leurs doutes sur la stratégie du groupe. «La position de KLM s'est sans cesse érodée ces derniers mois», avait déploré M. Hoekstra. L'une des craintes de La Haye est aussi qu'à terme, une grande partie des vols de KLM ne soit transférée à Paris, ce qui ferait perdre à l'aéroport de Schiphol sa fonction de hub.

Le blitz boursier est intervenu au terme d'un bras de fer autour de la reconduction du mandat du patron de KLM Pieter Elbers, finalement confirmée le 19 février. Les tensions semblaient dissipées : M. Elbers a même décroché le poste de directeur général adjoint au côté du Canadien Benjamin Smith, arrivé en septembre à la tête du groupe et auquel les deux ministres ont «réaffirmé leur soutien» vendredi.

Fort du succès de la signature d'accords salariaux chez Air France, M. Smith avait réaffirmé récemment son intention de faire d'Air France-KLM un «leader en Europe».

Même si Air France pèse plus lourd que KLM dans l'alliance, en termes de chiffre d'affaires (16 milliards d'euros en 2018 contre 11 pour le néerlandais), KLM et ses pilotes ont toujours eu la sensation, depuis la fusion de 2004, de contribuer davantage à la rentabilité que leurs homologues français. La marge d'exploitation de KLM était de 9,8% en 2018 et de seulement 1,7% pour Air France.

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