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Algérie : les clés pour comprendre le mouvement de protestation

Pour le deuxième vendredi de suite, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues en Algérie. Si l'annonce, le 10 février, de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika (81 ans) pour un 5e mandat, lors des élections présidentielles qui auront lieu le 18 avril prochain, a mis le feu aux poudres d'autres éléments ont créé un terreau favorable aux protestations.

l'origine de la contestation

La nouvelle de la candidature de l'actuel président «a provoqué la colère de centaines de milliers d'Algériens et enclenché une mobilisation citoyenne dans plusieurs grandes villes», analyse Brahim Oumansour, chercheur associé à l'IRIS (institut de relations internationales et stratégiques), sur le site de l'Institut.

Les Algériens vivent par ailleurs cette candidature comme une «humiliation» et craignent pour l'image du pays. «Les Algériens ont accepté le 4e mandat en pensant que Bouteflika n'allait pas le terminer, mais le 5e, c'est trop», explique le sociologue Nacer Djabi, cité par l'AFP. «La jeunesse utilise les réseaux sociaux, voit ce qui se passe ailleurs et voit l'humiliation du pays», ajoute-t-il.

chômage et crise sociale

La candidature d'Abdelaziz Bouteflika survient également au moment où le pays est frappé par une crise sociale et économique. En Algérie, le taux chômage se situe entre 10 et 13%. Un pourcentage qui atteint 26% chez les jeunes et 18% chez les diplomés de l'enseignement supérieur, selon l'ONS (Office nationale des statistiques).

A ce chômage important, les jeunes doivent par ailleurs faire face à une crise du logement, qui dure depuis de nombreuses années.

Élu le 15 avril 1999, Abdelaziz Bouteflika a «fait d'énormes investissements pour moderniser le pays et encourager la relance économique», constate Brahim Oumansour. Mais, la productivité économique n'a pas été assez «forte pour améliorer le pouvoir d'achat et absorber une proportion importante de jeunes demandeurs d'emplois». 

Surtout, le pays subit par ailleurs de plein fouet la chute des cours du pétrole, activité dont l'économie algérienne est grandement dépendante.

Une confiance bafouée 

Brahim Oumansour, pointe par ailleurs la «corruption et le clientélisme» qui «créent un sentiment d'injustice au sein des populations qui ne profitent pas des richesses du pays».

En outre, depuis le début des manifestations, des journalistes dénoncent le silence imposé par leur hiérarchie. Certains ont d'ailleurs été arrêtés lors d'un rassemblement pour la liberté de la presse. L'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) accuse les autorités algériennes de «mettre tout en oeuvre pour museler les médias». «Les autorités algériennens ne se contentent plus des innombrables pressions économiques et judiciaires sur les journalistes et les médias. Désormais, ils agressent, arrêtent les journalistes et empêchent les informations de circuler», dénonce Souhaiek Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF.

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