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Le Brexit repoussé ?

Le feuilleton du Brexit continue. Les dirigeants des Etats membres de l’UE se retrouvent ces jeudi 21 et vendredi 22 mars à Bruxelles pour un sommet européen crucial. Les Vingt-Sept doivent en effet examiner la demande, formulée ce mercredi par Theresa May, de reporter la date de sortie du Royaume-Uni de l’UE, initialement fixée au 29 mars.

La Première ministre britannique se plie au vote de ses députés, qui ont, la semaine dernière, rejeté à la fois son accord de divorce, ainsi qu’une sortie sans accord («no deal»), puis approuvé une extension des négociations. Pas moins de mille jours après le référendum de juin 2016, le Royaume-Uni est au point de départ.

Des Débats sur la prolongation

Londres et Bruxelles ont étalé ce mercredi 20 mars leurs divergences sur les conditions du report. Dans sa lettre envoyée au président du Conseil européen Donald Tusk, Theresa May a demandé un délai supplémentaire de courte durée, soit jusqu’au 30 juin.

Selon elle, cette option permettrait à Londres de ne pas avoir à participer aux élections européennes fin mai - comme ce qui était prévu - car le nouveau Parlement européen ne doit siéger qu’à partir de début juillet. Ce scénario laisserait également le temps à la dirigeante britannique de soumettre au vote des députés son accord de Brexit une troisième fois.

Mais du côté de l’UE, Donald Tusk a déclaré ce mercredi qu’une courte extension n’était possible qu’en cas d’approbation par le Parlement britannique de l’accord de Theresa May d’ici à la semaine prochaine. Sauf que le président de la Chambre des communes, John Bercow, a refusé lundi 18 mars un nouveau vote sur un compromis de Brexit inchangé. L’impasse semble donc totale.

De plus, même au sein de l’UE, les désaccords sont patents, puisque la Commission européenne a plaidé mercredi pour deux options : soit un court report jusqu’au 23 mai, soit une plus longue prolongation, au moins jusqu’à fin 2019, qui impliquerait que le Royaume-Uni participe aux européennes. «Le risque d’une extension longue est que Londres bloque la machinerie institutionnelle européenne», explique Olivier Marty, enseignant à Sciences Po et HEC.

Par ailleurs, pour accepter un report, les Européens ont averti qu’il devrait être justifié. La France a prévenu qu’elle se prononcerait contre si Theresa May ne présente pas une stratégie «crédible». La décision de l’UE est attendue la semaine prochaine, lors d’un sommet européen extraordinaire.

La menace du «no deal»

Au vu des dissensions grandissantes entre Londres et Bruxelles, un refus du report n’est pas à exclure. Un tel scénario rendrait une sortie sans accord quasiment inéluctable. «Ce serait le pire scénario. Ni Londres ni l’UE ne sont suffisamment préparés à cette éventualité», estime Elvire Fabry, chercheuse à l’institut Jacques Delors, bien que des plans d’urgence aient été mis en place en Europe.

Un «no deal» conduirait en effet à la mise en place de droits de douane sur les produits britanniques importés - qui seraient temporairement supprimés sur 87 % d’entre eux pour atténuer le choc, a annoncé Londres. La croissance des pays européens s’en ressentirait. Selon l’Insee, la France pourrait perdre 1,7 % de PIB à long terme. Une simple menace, mais qui se rapproche dangereusement.

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