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Washington retient son souffle dans l'attente du rapport Mueller

Donald Trump s'exprime depuis les jardins de la Maison Blanche avant son départ pour la Floride, le 22 mars 2019 [MANDEL NGAN / AFP] Donald Trump s'exprime depuis les jardins de la Maison Blanche avant son départ pour la Floride, le 22 mars 2019 [MANDEL NGAN / AFP]

Les Américains attendaient samedi avec fébrilité de découvrir le rapport du procureur spécial Robert Mueller sur l'enquête russe qui pourrait marquer un tournant pour Donald Trump et jouer un rôle crucial dans la présidentielle de 2020.

Le discret et méthodique Mueller a rendu vendredi ses conclusions à l'issue d'une enquête de 675 jours qui a tenu les Etats-Unis en haleine, rappelant celle du Watergate qui a poussé Richard Nixon à la démission en août 1974. Le document, dont les principales conclusions devraient être remises au Congrès dès ce week-end, devra répondre à deux questions centrales: l'équipe Trump a-t-elle travaillé main dans la main avec Moscou lors de la campagne de 2016 et le 45e président des Etats-Unis a-t-il ensuite essayé de faire obstruction à la justice ?

Toujours prompt à réagir, Donald Trump, qui passe le week-end en Floride dans son club de Mar-a-Lago, n'a pour l'instant pas dit un mot. Depuis des mois, il dénonce inlassablement une «chasse aux sorcières» visant à la discréditer (il a utilisé l'expression plus de 180 fois sur Twitter).

«Rapport venu de nulle part»

Il y trois jours, il a ouvertement mis en cause la légitimité de l'enquête, prenant sa base électorale à témoin.

Robert Mueller, ici le 21 juin 2017, a rendu son rapport au ministre de la Justice [SAUL LOEB / AFP/Archives]
Robert Mueller, ici le 21 juin 2017, a rendu son rapport au ministre de la Justice

«C'est assez extraordinaire que lorsque vous avez remporté une grande victoire, quelqu'un arrive et rédige un rapport venu de nulle part», a-t-il lancé. «Expliquez-moi ça, parce que mes électeurs ne le comprennent pas et je ne le comprends pas». En l'absence de révélations fracassantes, le milliardaire républicain pourrait sortir renforcé de l'épisode, surtout si, comme le prédisent nombre d'élus, l'enquête conclut à l'absence de collusion avec la Russie.

Le procureur Mueller ne recommande pas de nouvelles inculpations à l'issue de ses investigations, ont assuré des médias américains. Mais nombre d'observateurs estiment que le locataire de la Maison Blanche pourrait être accusé d'avoir tenté d'entraver l'enquête, en raison des pressions verbales qu'il a exercées sur l'ancien ministre de la Justice Jeff Sessions et son adjoint Rod Rosenstein, ou encore du limogeage abrupt du chef du FBI James Comey en mai 2017.

Dans un entretien avec la chaîne Fox News, M. Trump lui-même a laissé entendre vendredi qu'il s'attendait à être mise en cause sur ce volet de l'enquête. Quelle partie du rapport sera rendue publique ? Dans quel délais ? Pour l'heure, c'est le ministre de la Justice, Bill Barr, unique destinataire de ce dossier d'investigation, qui est maître du jeu.

La Maison Blanche a assuré ne pas non plus avoir été informée du contenu du précieux document. Les chefs démocrates du Congrès ont eux exigé sa publication sans que l'exécutif en ait la primeur.

«L'intégrité de notre démocratie»

Cette enquête touche à «des questions qui portent sur l'intégrité de notre démocratie», ont prévenu la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de file de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. «Le peuple américain a le droit à la vérité», ont-ils martelé.

De nombreux candidats démocrates à l'élection présidentielle de 2020 ont également réclamé la publication du document objet d'intenses spéculations. «Comme l'a dit Donald Trump, 'sortez le'», a tweeté Bernie Sanders. «Communiquez le rapport Mueller à tous les Américains. Maintenant», a exhorté Elizabeth Warren.

William Barr, l'Attorney General des Etats-Unis, s'est vu remettre le rapport d'enquête Mueller [Nicholas Kamm / AFP/Archives]
William Barr, l'Attorney General des Etats-Unis, s'est vu remettre le rapport d'enquête Mueller

Ancien patron du FBI sous les présidents George W. Bush (républicain) et Barack Obama (démocrate), Robert Mueller avait été nommé en mai 2017 comme «procureur spécial» par le ministère de la Justice afin de garantir l'indépendance des investigations sur ce dossier ultrasensible.

Son enquête a notamment causé la déchéance judiciaire de l'ex-chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, ou encore de l'ex-avocat personnel de M. Trump, Michael Cohen, tous deux condamnés à la prison pour des malversations diverses et des déclarations mensongères.

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