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Les défections autour du président algérien sont nombreuses, Bouteflika est isolé

Le départ du dirigeant, au pouvoir depuis près de vingt ans, est l’hypothèse la plus probable, selon les experts. Le départ du dirigeant, au pouvoir depuis près de vingt ans, est l’hypothèse la plus probable, selon les experts.[© Sidali Djardoub/ AP/ Sipa]

Abandonné par l’armée et ses alliés politiques, le chef d’Etat semble acculé, mais la population reste dubitative.

Des départs en série. Alors que les manifestations se poursuivent en Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika a perdu, en moins d’une journée, les soutiens clés des militaires et du parti qui constituait son principal allié politique, le Rassemblement national démocratique (RND).

Deuxième force du pays en matière de représentants au Parlement après le Front national de libération (FNL) du président, il a décidé de rejoindre l’opposition en demandant à son tour la démission du chef de l’Etat. De quoi fragiliser un peu plus la position du dirigeant de 82 ans.

La solution de la démission

Plus que jamais, le pays semble prêt à entamer une nouvelle ère, sans son président en place depuis près de vingt ans. Car ces annonces constituent l’apogée d’une longue série de petites trahisons. Il n’y a désormais guère plus que le Front national de la libération, parti historique d’Abdelaziz Bouteflika, qui continue de le soutenir contre vents et marée.

Malgré les manifestations, toujours plus nombreuses, toujours plus suivies, le FLN avait affirmé lundi que la nouvelle Constitution promise par leur leader et la prolongation du mandat présidentiel jusqu’à son écriture étaient «la meilleure» solution pour éviter une «anarchie».

Cependant, les prises de position de l’armée et du RND ont surpris tout le monde, et mis la pression sur le parti majoritaire, qui pourrait donc changer de ligne. De leur côté, les manifestants étaient circonspects après ces annonces, tant les deux forces semblaient proches de la présidence.

L’armée est en effet l’un des piliers historiques du pouvoir algérien, dominé depuis 2004 par le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, l’un des plus fidèles et puissants soutiens du président. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, était quant à lui encore le Premier ministre, jusqu’au 11 mars dernier.

Mais plus qu’une union nationale contre l’actuel président, certains voient plutôt une «désunion». «La formule la plus simple, c’est de dire que les rats quittent le navire. Désormais, l’hypothèse la plus forte est une démission, car comme cela, il choisit sa sortie, et c’est la fin la plus honorable», analy­se Naoufel Brahimi El Mili, politolo­gue et enseignant à Sciences-Po Paris. L’autre possibilité serait que le Conseil constitutionnel le reconnaisse inapte à gouverner le pays.

Tout un système à changer

Mais l’éventuelle fin de règne forcée du président de la République algérienne ne garantit en rien un retour au calme dans le pays. Si Abdelaziz Bouteflika était ciblé, c’est avant tout contre le système que les manifestants se réunissent chaque vendredi depuis plus d’un mois.

«Ils veulent un changement profond, de nouvelles figures, et surtout pas les visages du système actuel», explique Brahim Oumansour. Le chercheur affirme d’ailleurs que des élections rapides ne seraient pas bien reçues par les manifestants. «Il faut une transition lente, qui dure plus de six mois, pour leur permettre de se structurer, de faire émerger des leaders, et donc de peser dans la reconstruction politique», conclut-il.

En effet, la Constitution prévoit actuellement une élection dans un délai d’environ trois mois maximum. Un timing qui pourrait favoriser les partis déjà en place, et empêcher une transition véritablement libre et démocratique.

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