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80 ans de la guerre civile : l'Espagne face à son passé

Huit décennies après la fin de la guerre civile, l'Espagne fait face à son passé, marquée par la dictature de Franco [STF / AFP]

Alors que le 1er avril marque les quatre-vingts ans de la fin de la guerre civile en Espagne, date symbole du début de la dictature franquiste, le pays doit plus que jamais affronter son histoire, entre passé franquiste et percée nationaliste.

La guerre civile espagnole figure sans doute parmi les événements majeurs du XXe siècle. Entre 1936 et 1939, le gouvernement espagnol du Front Populaire, qui réunissait les républicains, les socialistes et les communistes s'est opposé à une insurrection nationale et militaire emmenée par le général Francisco Franco.

500 000 victimes en trois ans

Durant ces trois années d'atrocités, de bombardements et d'affrontements meurtriers, l'Espagne est coupée en deux. La répression s'abat aussi bien sur les quartiers ouvriers, que sur la bourgeoisie, notamment à Barcelone où les groupes anarchistes vengent leurs tués dans de violents affrontements.

Dans ce conflit à dimension internationale - l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler et l'Italie fasciste de Benito Mussolini fournissent une aide précieuse à l'insurrection franquiste tandis que les républicains reçurent l'aide de l'URSS, de la France et de l'Angleterre - on estime à 500 000 le nombre de victimes. 

La fin de la guerre d'Espagne marque surtout l'établissement d'une dictature longue de 36 ans et le début de la «Retirada» : un exode massif d'un demi-million de civils, prêts à tous laisser derrière eux pour fuir les représailles du général Franco, dirigeant autoproclamé de l'Etat franquiste, direction la France et le nord de l'Europe.

Déterrer le passé

Quatre-vingts après, l'Espagne reste profondément meurtrie et divisée sur sa mémoire. Des blessures d'autant plus visibles à l'occasion de cet anniversaire. L'exhumation des restes de Franco de la Vallée des morts - le mausolée monumental qu'il a lui-même ordonné de construire - proposée par le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, n'a pas réjoui tout le monde.

Un sondage réalisé par le quotidien La Vanguardia en février de cette année, reflète cette polarisation. Quelque 58,9% des 20 000 personnes interrogées estiment qu'il est temps d'exhumer le corps de Franco, tandis que 41% ne sont pas d'accord avec la mesure proposée par le gouvernement socialiste.

Toujours divisée, l'Espagne doit à nouveau faire face à la montée des nationalistes. Car, si le premier ministre Pedro Sánchez a su regagner l’électorat de gauche, notamment en s'attaquant avec fermeté au passé houleux du pays, il doit faire face à la cote de popularité croissante du parti d'extrême-droite, Vox.

Tête de liste négationniste, appel à la libéralisation de la détention d'armes à feu mais surtout candidats ostensiblement franquistes : la formation emmenée par Santiago Abascal occupe le terrain médiatique en Espagne avec ses provocations, et ce à l'approche de deux échéances électorales cruciales. 

Transformeront-ils l'essai ? Réponse le 26 mai aux élections européennes et surtout le 28 avril prochain, pour des élections anticipées sous pression. 

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