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Ouïghours, Rohingyas, Yémen... quand la guerre et les persécutions fragilisent le Ramadan

Le marché de la vieille ville de Sanaa, au Yémen, se prépare pour le Ramadan. Le marché de la vieille ville de Sanaa, au Yémen, se prépare pour le Ramadan. [Mohammed HUWAIS / AFP]

Le début du Ramadan sonne le début des festivités pour les musulmans à travers le monde. Cependant, en raison de persécutions ou de la guerre, la période de jeûne pourrait vite devenir un enfer pour certains fidèles.

Les Ouïghours harcelés par les autorités en Chine

En Chine, les Ouïghours, une minorité musulmane, sont persécutés par le pouvoir et régulièrement enfermés dans des camps de travail. Et lorsqu'ils sont en liberté, leur possibilité de pratiquer leur foi, en particulier pendant la période du Ramadan, est mise en danger.

Dans la région du Xinjiang, où sont présents bon nombre de musulmans, des règles avaient par exemple été prises par le passé pour forcer les étudiants à pratiquer leur activité sportive le vendredi, quand ce jour est traditionnellement consacré à la prière. Une situation qui continue de se dégrader pour la minorité. Depuis plus d'un an, les empreintes génétiques de 19 millions d'habitants de la région ont été collectées par les autorités, selon Human Right Watch, dans le but de mettre en place un fichage ethnique dans le pays. 

Rohingyas, le jeûne en exil

Les Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie, vont eux aussi rentrer dans le mois de Ramadan. Une bonne partie de cette éthnie est aujourd'hui réfugiée au Bangladesh après les exactions commises à leur encontre ces dernières années. Ils seraient ainsi 900 000 à vivre dans des camps, alors que le pays peine à trouver une solution pour un accueil convenable. C'est dans ces conditions d'extrême pauvreté et d'éloignement de leur pays face aux violences que les Rohingyas vont donc devoir, tant bien que mal, célébrer le Ramadan. 

La famine au Yémen menace toute tentative de ramadan

Selon l'ONU, 80% de la population au Yémen a un grave besoin d'une aide alimentaire, alors que la famine secoue le pays actuellement en guerre. Pour aider pendant les festivités, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis ont débloqué 200 millions de dollars (178 millions d'euros environ). 

Cependant, ces dons ressemblent fortement à une opération de communication de la part des deux pays. Dans une récente enquête du média d'investigation Disclose, ils ont été accusés de cibler les sites liés à l'alimentation civile lors de bombardements, dans la guerre qui oppose les rebelles (soutenus par l'Iran) aux loyalistes (soutenus par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis). En 2019, l'ONU estime que 16 millions d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable au Yémen. Difficile de s'adonner aux célébrations religieuses dans ces conditions.

Libye, Afghanistan, Soudan, les crises politiques mettent en danger le Ramadan

Ces derniers mois ont vu les tensions augmenter dans plusieurs pays du Moyen-Orient ou d'Afrique, comme en Libye où la guerre civile a repris. Dans ces conditions, la qualité de vie des habitants a largement diminué, et la pauvreté, en revanche, augmente.

Au Soudan, la récente destitution du président el-Béchir, en place depuis trente ans, a été causée par une baisse du pouvoir d'achat et à la hausse du prix du pain, qui mettait une partie de la population dans une situation alimentaire très difficile. Aujourd'hui, les militaires sont au pouvoir, mais les manifestants poursuivent le mouvement pour obtenir plus de démocratie. Le Ramadan n'est donc pas la priorité. 

Idem en Afghanistan, où la «loya jirga», une assemblée consultative de plus de 3 200 politiciens et responsables religieux, a demandé un cessez-le-feu entre le gouvernement et les talibans à l'occasion des célébrations. Une demande qui n'a pas été acceptée, puisque les talibans se sont fendus d'un communiqué expliquant que «les moudjahidines essaieront de ne pas infliger de pertes aux civils pendant et après le ramadan». Pas de quoi espérer une grande fête du rassemblement comme cela avait pu être le cas par le passé. 

 

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