It's a boy ! Ce lundi, les Britanniques célèbrent la venue au monde du dernier né de la famille royale britannique, fils de Harry et Meghan, duc et duchesse de Sussex.
Au-delà de la naissance d'un nouveau-né vers qui tous les projecteurs sont d'ores et déjà braqués, Isabelle Rivère, chef du service «Royauté» de Point de Vue, auteur de «Charles et Camilla. Une histoire anglaise» (2017), revient sur la dimension symbolique de cette naissance tant attendue.
Quel est l'atmosphère qui règne en Grande-Bretagne autour de l'arrivée du bébé ?
Tous les événements personnels qui jalonnent la vie intime des membres de la famille régnante sont vécus par les Britanniques comme des événements nationaux. On observe toujours une sorte de communion nationale au moment des mariages, des naissances, des funérailles aussi.
C’est quelque chose qu’on ressent très bien lorsqu’on se rend sur place. Et qu’on ne ressent nulle part ailleurs. L'arrivée du premier enfant de Harry et Meghan a suscité beaucoup d'impatience et de curiosité. D'autant plus que le terme de la grossesse aurait été dépassé depuis plusieurs jours. La presse britannique commençait vraiment à s'impatienter.
Pourquoi ce bébé était-il si attendu ?
L’intensité de l’attente correspond au phénomène que représente aujourd’hui le couple Harry et Meghan.
D'abord, les Britanniques ont pour Harry une affection toute particulière. L'image de ce petit garçon, âgé d'à peine 13 ans, marchant derrière le cercueil de sa mère, la princesse Diana, est encore très présente dans les esprits. II y a quelque chose d’émouvant dans le fait de voir ce jeune prince devenir père pour la première fois, lui qui attend depuis si longtemps de pouvoir fonder une famille. Depuis toujours, les Britanniques projettent leurs rêves, leurs aspirations, leurs expériences personnelles sur cette famille.
Et puis, en parallèle, il y a le phénomène Meghan. Avec sa belle-sœur Kate, la duchesse de Cambridge, elle est la femme la plus commentée, la plus photographiée, la plus recherchée sur les réseaux sociaux au monde. Leur popularité à tous les deux allait forcément rejaillir d'une manière ou d'une autre sur leur fils.
En quoi cette naissance est-elle différente des autres au sein de la famille royale ?
C’est une naissance qui s’entoure de mystère. Tout est organisé pour qu’il n’y ait pas ce phénomène de foule, certes sympathique, mais assez bruyant et envahissant qui avait entouré la naissance de Georges, Charlotte ou Louis, les trois enfants de William et Kate. C’est exactement ce que Meghan cherche à éviter, en préservant un peu plus leur intimité. Et ça intensifie l’attente bien sûr.
Quel sens peut avoir cette naissance pour les Britanniques ?
Je pense que nous sommes dans une époque sombre, tourmentée, où beaucoup de doutes subsistent sur notre avenir. D'ailleurs, la plupart des derniers grands mariages royaux sont tous intervenus dans des périodes de crises importantes. Le mariage de la future reine Elizabeth et du prince Philip est intervenu tout juste au sortir de la seconde guerre mondiale, le mariage de Charles et Diana s’est déroulé en pleine crise économique sous le gouvernement Thatcher, ...
A chaque fois, les Britanniques ont reçu ce qu'ils appellent leur «gin and tonic» : leur cocktail revigorant, un fortifiant pour le moral en quelque sorte. Des événements comme celui-là sont de petites parenthèses de légèreté qui sont utiles.
D'autant plus en période de Brexit ?
Ce qui est certain, c'est que ce n’est pas la naissance royale qui va effacer les divisions politiques sur le Brexit. Cet événement va simplement détourner très provisoirement l'attention de l'opinion.
Néanmoins, la couronne a toujours été un symbole de l'unité du royaume. La venue de ce bébé est une occasion de se réjouir ensemble, de s’unir, de retrouver ce sentiment de cohésion nationale. Les occasions comme celles-ci ne sont pas si fréquentes. Les Britanniques, peu importe qu’ils soient Brexiters ou non, se réjouiront de l’arrivée du bébé.