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Brexit : Theresa May abat sa dernière carte

Theresa May devra, dès le mois prochain, fixer le calendrier de son départ de Downing Street.   Theresa May devra, dès le mois prochain, fixer le calendrier de son départ de Downing Street. [Ben STANSALL / AFP]

Elle ne veut rien lâcher. Empêtrée dans le Brexit, la Première ministre britannique Theresa May a indiqué, dimanche 19 mai, qu'elle se préparait à faire une «offre audacieuse» aux parlementaires. Elle doit leur présenter début juin, pour la quatrième fois, un projet de loi sur l'accord de divorce.

Dans une tribune publiée dans le Sunday Times, la dirigeante de 62 ans promet «un package amélioré de mesures, capable d'obtenir le soutien» du Parlement, après que celui-ci a rejeté à trois reprises depuis le début de l'année les textes qu'elle a proposés.

Selon plusieurs médias britanniques, ces nouvelles mesures pourraient comprendre des protections supplémentaires en faveur des travailleurs et de l'environnement, alignées sur les standards européens. Sont également évoqués de futurs arrangements commerciaux avec l'UE et sur l'Irlande du Nord, incluant l'usage de technologies pour éviter les contrôles aux frontières entre la nation britannique et l'Irlande.

En revanche, la Première ministre britannique ne proposera pas de rouvrir les négociations avec l'UE sur le traité de retrait, qui contient notamment le «backstop» (ou «filet de sécurité»). Ce dispositif controversé a pour objectif d'éviter le rétablissement d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, mais suscite l'opposition du parti unioniste nord-irlandais DUP, sur lequel compte Theresa May pour obtenir une majorité au Parlement.

Son chef de file au Parlement, Nigel Dodds, a même déjà prévenu qu'il était «fort probable» que l'accord de la Première ministre soit retoqué une nouvelle fois par les parlementaires, «à moins qu'elle ne puisse démontrer que quelque chose de nouveau résolve le problème du 'backstop'».

Vers un nouveau rejet de l'accord ?

La locataire du 10 Downing Street a également écarté plusieurs demandes du Labour, principal parti d'opposition, qui a rompu vendredi 17 mai les négociations avec le gouvernement visant à trouver un compromis sur le Brexit, arguant de «la faiblesse et de l'instabilité croissantes» de l'exécutif conservateur. Ni référendum de confirmation, ni maintien dans une union douanière avec l'UE ne sont donc prévus.

Les travaillistes ont donc déclaré qu'ils voteraient contre l'accord présenté par la Première ministre «dans la semaine du 3 juin», tout comme de nombreux députés conservateurs pro-Brexit. Ce qui laisse présager un nouveau revers pour Theresa May, qui ouvrirait grand la porte à un divorce sans accord le 31 octobre prochain et qui reste l'option par défaut.

Les dernières semaines de Theresa May à Downing Street

A moins d'un nouveau rebondissement après le vote des parlementaires début juin. Sous la pression de ses collègues, Theresa May a en effet promis jeudi, au cours d'une réunion avec le Comité 1922, responsable de l'organisation des conservateurs, de «convenir» dès juin «d'un calendrier pour l'élection d'un nouveau chef du parti conservateur», selon le président du comité Graham Brady.

Concrètement, cela signifie que la locataire du 10 Downing Street devrait quitter son poste d'ici à fin juillet. Une course à sa succession est déjà ouverte, l'ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, partisan d'un Brexit «dur», apparaissant comme l'un des favoris.

Le Brexit étant prévu pour fin octobre, ce timing laisserait éventuellement le temps au nouveau dirigeant britannique de reprendre les négociations sur le Brexit avec l'UE, voire de demander un nouveau report de la date du retrait. Ce qui pourrait bien faire éclater l'entente des Etats membres de l'UE sur le sujet, Emmanuel Macron semblant prêt à un «no deal» quand Angela Merkel veut à tout prix éviter ce scénario, potentiellement désastreux pour l'économie de l'Union.

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