En direct
A suivre

Qui est John Walker Lindh, le «taliban américain» libéré ce jeudi ?

A 24, John Walker Lindh avait été condamné en 2002 à vingt de prison pour avoir collaboré avec les Talibans[TARIQ MAHMOOD / SHERIFF'S DEPARTMENT / AFP]

C'est un souvenir trouble de l'histoire américaine qui ressurgit. John Walker Lindh, citoyen des Etats-Unis capturé en 2001 en Afghanistan alors qu'il combattait du côté des talibans, doit être libéré ce jeudi après 17 ans de détention.

La première fois que le public américain découvre son visage, John Walker Lindh apparait sous les traits d'un jeune homme amaigri et crasseux sous de longs cheveux. On est en 2001, quelques semaines seulement après les attentats du 11 septembre. Le jeune homme fait alors partie de l'un des rares rescapés de la mutinerie du fort de Mazar-e-Charif où un membre de la CIA, première victime américaine de la guerre en Afghanistan, fut assassiné.

Sauf que Lindh est capturé alors qu'il combattait dans les rangs des fondamentalistes afghans. La figure du traitre trouble alors le public américain. Comment un citoyen californien peut-il devenir un taliban ?  La question obsède encore les Etats-Unis, même après sa condamnation à vingt ans de prison. 

En dépit des inquiétudes, le prisonnier, détenu depuis 2002 au sein la prison fédérale de Terre Haute, dans l'Indiana, doit être libéré jeudi. Des conditions strictes doivent accompagner sa remise en liberté. Il lui est notamment interdit de détenir tout appareil avec un accès Internet, de parler en ligne dans une langue autre que l'anglais et de quitter le sol américain, entre autres restrictions.

Un taliban «made in USA»

Né à Washington, avant une enfance dans le Maryland, le jeune homme est pourtant issu d'une famille catholique plutôt aisée. Il a 16 ans quand il décide de passer à l'Islam, intrigué par la figure de Malcolm X, le leader noir assassiné en 1965 à New York lui-même converti. Il quitte alors la Californie de son adolescence l'année suivante pour étudier l'islam au Yémen, avec le soutien de ses parents. 

De retour aux Etats-Unis, il se lie avec des groupes islamistes qui le poussent à partir pour le Pakistan, cette fois, sans avertir sa famille. Il rejoint ensuite l'Afghanistan, où il passe quelques temps dans un camp d'entrainement de combattants talibans. C'est après cette formation qu'il aurait rejoint les rangs d'al-Qaïda, l'organisation terroriste dirigées à l'époque par Oussama ben Laden. 

Après sa capture en Afghanistan, et de nombreuses polémiques sur le sort qu'il devrait lui être reservé, John Walker Lindh est rapatrié outre-Atlantique par les forces spéciales.  Mais au lieu d'être envoyé dans la prison militaire de Guantanamo, à Cuba, comme le reste des talibans captifs, John Walker Lindh, en tant que citoyen américain, a droit a une procédure civile. 

Le «taliban américain» comme il est alors surnommé, est jugé quelques mois plus tard, en février 2002 devant un tribunal fédéral. Il plaide coupable et surprend par ses amers regrets. Devant la cour, il condamne «le terrorisme à tous les niveaux, sans équivoque», avoue avoir commis une erreur en rejoignant les talibans et dénonce les attaques terroristes d'Oussama ben Laden comme «totalement opposées à l'islam».

En juillet, la sentence tombe : le jeune homme de 24 ans est condamné à vingt ans de prison ferme pour collaboration et transports d'explosifs auprès des talibans. 

Après 17 ans détention, sa libération anticipée réveille le souvenir douloureux de l'invasion américaine en Afghanistan. Suspecté d'appeler encore ouvertement à la violence extrémiste, Lindh reste soupçonné d'être lié à la mort de l'officier de la CIA tué par balle dans la révolte de la prison près de Mazar-e-Charif. L'agent américain avait interrogé Lindh et d'autres militants d'al-Qaïda et des talibans avant d'être assassiné. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités