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Une femme à la tête de la Commission européenne ?

La Danoise Margrethe Vestager, 51 ans, est soutenue notamment par Emmanuel Macron. La Danoise Margrethe Vestager, 51 ans, est soutenue notamment par Emmanuel Macron. [Aris Oikonomou / AFP]

Quelques jours après les élections européennes, les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 Etats membres de l'UE ont commencé à discuter, mardi 28 mai à Bruxelles, de la nomination des nouveaux dirigeants des institutions européennes, dont le président de la Commission. Qui pourrait être une présidente, puisque la Danoise Margrethe Vestager fait partie des prétendants sérieux.

La commissaire européenne à la Concurrence est la candidate, à ce poste, du groupe politique européen ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), qui a été l'un des grands gagnants des élections européennes de la semaine dernière. L'ensemble centriste a en effet remporté 107 sièges (alors qu'il n'en disposait que de 69 durant la précédente législature), ce qui en fait maintenant la troisième force politique du Parlement européen.

La Danoise de 51 ans dispose en plus du soutien d'Emmanuel Macron, dont les tout frais députés européens de son parti La République en marche (LREM) vont rejoindre le groupe ALDE au Parlement européen. Le chef d'Etat français voudrait en effet davantage peser sur la nouvelle scène politique européenne. Pour cela, il tente actuellement de construire une majorité proeuropéenne au Parlement (avec la droite, la gauche et les écologistes), qui pourrait lui permettre de placer ses alliés aux postes-clés de l'UE.

En course avec Manfred Weber ou Michel Barnier

Toutefois, rien n'est gagné pour Margrethe Vestager, puisque l'Allemagne, par la voix de sa chancelière Angela Merkel, soutient la candidature de Manfred Weber à la tête de la Commission européenne. L'Allemand de 46 ans est en effet le candidat naturel, puisqu'il est le chef de file du groupe politique européen PPE, arrivé en tête des élections européennes (près de 24 % des sièges).

Mais Emmanuel Macron rejette, comme plusieurs autres dirigeants européens, ce système des têtes de liste (ou «Spitzenkandidaten»), qui veut que le futur président de la Commission soit choisi parmi les chefs de file des groupes politiques européens. Ce qui amène par exemple le chef d'Etat français à soutenir également publiquement la candidature du Français Michel Barnier, actuel négociateur en chef de l'UE chargé du Brexit.

Vers la parité dans les postes-clés

Les dernières déclarations des dirigeants de l'UE devraient tout de même rendre Margrethe Vestager optimiste quant à ses chances. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a en effet affirmé, mardi 28 mai, qu'une majorité de chefs d'Etat et de gouvernements européens voulaient que deux des quatre postes-clés de l'UE (présidents de la Commission, du Conseil et du Parlement, et haut représentant pour les affaires étrangères) soient confiés à des femmes. «C’est mon intention et mon ambition personnelle d’y parvenir», a insisté le Polonais.

Mais si le système des «Spitzenkandidaten» est finalement abandonné, Margrethe Vestager pourrait se retrouver en concurrence avec d'autres femmes, non-chefs de file de groupes politiques européens. Par exemple, le nom d'Angela Merkel a circulé à un moment, mais elle serait plutôt pressentie maintenant pour la présidence du Conseil européen. La présidente française du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a également été citée, mais elle a déclaré qu'elle voulait aller au bout de son mandat au sein de l'institution, qui se termine en 2021.

La «tax-lady de l'UE»

Dans tous les cas, le CV imposant de Margrethe Vestager parle pour elle. Alors que la France souhaite un président de la Commission capable de discuter d'égal à égal avec les grands de ce monde, Donald Trump et Xi Jinping en tête, la Danoise a montré durant son mandat de commissaire européenne à la Concurrence qu'elle n'avait peur de personne.

Elle n'a en effet pas hésité à s'attaquer aux géants du numérique américains, notamment Google, Amazon et Apple, et à leurs pratiques frauduleuses. Ainsi, elle a par exemple fait condamner Google à trois reprises depuis deux ans, pour abus de position dominante (8,2 milliards d'euros d'amendes cumulées), ce qui lui a valu le surnom de «tax lady de l'UE» par Donald Trump. De quoi faire d'elle la première femme de l'Histoire à présider la Commission européenne ?

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