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Pollution plastique : «la Méditerranée est à bout de souffle»

Selon le porte-parole de la WWF, l'équivalent de 40 000 sacs plastiques se retrouvent dans la mer Méditerranée chaque minute.[Boris HORVAT / AFP]

Alors que la WWF diffuse ce vendredi un rapport sur la pollution plastique en mer Méditerranée, son porte-parole, Ludovic Frère-Escoffier, revient sur l’urgence de la situation et les solutions à apporter.

Cette étude de la WWF s’inscrit dans un contexte où la pollution plastique est de plus en plus dénoncée…

«Le rapport est alarmant, il nous place dans une situation critique. La Méditerranée est à bout de souffle, il y a 600 000 tonnes de déchets plastiques qui y sont déversés chaque année. Cela équivaut à 40 000 sacs plastiques par minute.»

Comment cette pollution se matérialise, dans l’eau ?

«Il y a deux sortes de pollution. D’abord les microplastiques qui proviennent des fibres synthétiques de nos vêtements. En les mettant dans la machine à laver, elles passent dans les tuyaux, puis se retrouvent dans la Méditerranée si les filtres des stations d’épuration ne parviennent pas à les bloquer. Ils peuvent également venir des résidus de pneumatique des voitures, dont des particules ruissellent lorsqu’il pleut et se retrouve aussi dans la mer.

Il y a aussi les macro déchets. Ce sont par exemple les bouteilles en plastique que l’ont voit flotter ou s’échouer sur les plages. Et, petit à petit, elles vont se dégrader avec l’érosion et se transformer à leur tour en billes de microplastiques. Ces billes ont la particularité d’absorber facilement les polluants chimiques que l’on trouve en mer, comme des éponges. Le problème, c’est que les poissons les gobent, et la pollution se retrouve dans leurs organismes

Quel risque peut-il alors y avoir pour l’être humain ?

«Dans certains pays, des poissons ne sont pas recommandés pour les femmes enceintes. Mais des études doivent encore être faites à ce sujet, car il y a des seuils complexes pour savoir si ils peuvent ou non présenter un danger.»

Comment faire, alors, pour que les gens en prennent conscience ?

«Le problème est que la pollution plastique ne se voit pas dans l’eau, hormis les bouteilles ou les sacs qu’on voit flotter. Il est donc difficile de sensibiliser le grand public sur notre responsabilité.»

Quelles seraient les solutions pour stopper ce phénomène ?

«Le principal message que nous voulons faire passer est qu’il est primordial de réduire cette pollution. La France génère énormément de déchets, avec 4,5 millions de tonnes par an. Nous avons une responsabilité, même si notre système de collecte est d’un assez bon niveau. Ce n’est par exemple pas le cas en Egypte, où un sachet plastique sur deux termine en pleine nature.

Ce que nous voulons, c’est une réglementation pour cesser d’utiliser des objets plastiques à usage unique (gobelets, pailles, couverts…). Il faut favoriser leur réemploi, avec un système de consigne. Il faut aussi utiliser plus de plastique recyclé dans les produits. Il y a tout un travail à faire par l’industrie.»

Peut-on imaginer un jour retrouver des mers sans pollution ?

«Aujourd’hui, la pollution n’est pas près de disparaitre. Le plastique affecte toute la chaine, depuis le plancton jusqu’aux mammifères marins. Elle va rester, il n’y a aucune solution pour la supprimer. Il faut donc couper le robinet. La prise de conscience doit être internationale, tous les Etats doivent se réunir et mettre sur la table des moyens pour cesser de fabriquer des produits plastiques.

Il faudrait également des fonds financés par les grandes entreprises du secteur, qui seraient utilisés pour collecter les déchets. C’est fait en France, mais nous demandons à ce que ça soit mis en place de partout.»

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