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Hong Kong : le projet d'autoriser les extraditions vers la Chine critiqué au sein même de la majorité

Des affichettes dénonçant le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine sont collées sur un mur près du Conseil législatif à Hong Kong, le 14 juin 2019 [Hector RETAMAL / AFP] Des affichettes dénonçant le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine sont collées sur un mur près du Conseil législatif à Hong Kong, le 14 juin 2019 [Hector RETAMAL / AFP]

La cheffe de l'exécutif hongkongais pro-Pékin Carrie Lam essuyait vendredi des critiques de son propre camp quant à son projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine, à l'origine de manifestations monstres dans le territoire semi-autonome.

L'ex-colonie britannique a connu mercredi ses pires violences politiques depuis sa rétrocession en 1997 quand des dizaines de milliers de protestataires ont été dispersés par la police anti-émeute.

L'opposition au projet réunit avocats, organisations juridiques influentes, capitaines d'industrie, chambres de commerce, journalistes, militants et diplomates occidentaux.

Un million de personnes ont en outre manifesté dimanche dernier, mais Mme Lam s'est montrée inflexible, refusant d'abandonner son projet.

Vendredi, des critiques ont fusé de son propre camp, notamment par la voix du député pro-Pékin Michael Tien qui a ouvertement appelé l'exécutif à renoncer.

«Elle gagnerait des points plutôt que d'en perdre», a-t-il dit aux journalistes. «Il n'est jamais trop tard. Il y a de nouvelles situations qui se présentent et qui sont une occasion pour les dirigeants de changer de position. Il n'y a pas de mal à ça.»

«Ne pas provoquer d'escalade»

Le propre conseiller de Mme Lam a estimé que précipiter l'adoption du projet de loi par le Conseil législatif («LegCo»), le «Parlement» local, était désormais «impossible».

«Personnellement, je crois qu'il est impossible de discuter (du projet de loi) s'il y a tant de conflit de toute part», a déclaré à RTHK Bernard Chan, qui siège au Conseil exécutif, l'équivalent du gouvernement de Hong Kong, et qui fut nommé haut conseiller par Mme Lam il y a deux ans.

«A tout le moins, il s'agit pour nous de ne pas provoquer d'escalade dans l'antagonisme», a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à prôner le retrait du texte.

La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam s'exprime lors d'un sommet financier à Hong Kong, le 10 juin 2019 [Anthony WALLACE / AFP/Archives]
La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam s'exprime lors d'un sommet financier à Hong Kong, le 10 juin 2019

Ronny Tong, un autre membre du Conseil exécutif, a également préconisé des consultations sur le projet de loi avant de le pousser plus avant, selon RTHK.

Il s'agit des premières réserves exprimées aussi clairement par les tenants du projet de loi, qui prévoit d'autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Mme Lam avait annoncé lundi qu'en dépit de la manifestation historique de la veille, le texte serait comme prévu examiné mercredi par le LegCo.

Cette volonté de passer en force a provoqué la colère d'une partie des manifestants, et un nouveau rassemblement mercredi a dégénéré en graves violences autour du LegCo qui ont fait 79 blessés.

Manifestation dimanche

Les principaux organisateurs des manifestations de Hong Kong ont appelé à un nouveau rassemblement monstre dimanche, ainsi qu'à la grève générale lundi.

On ignorait encore vendredi s'ils obtiendront le droit de manifester. Ils devaient rencontrer vendredi les responsables de la police.

Le projet de loi suscite les critiques de pays occidentaux ainsi qu'une levée de boucliers de Hongkongais qui redoutent une justice chinoise opaque et politisée, et pensent que cette réforme nuira à l'image internationale et à l'attractivité de la ville.

Un homme placarde des slogans dénonçant le projet d'autoriser les extraditions vers la Chine sur un mur près du Conseil législatif à Hong Kong, le 14 juin 2019 [Hector RETAMAL / AFP]
Un homme placarde des slogans dénonçant le projet d'autoriser les extraditions vers la Chine sur un mur près du Conseil législatif à Hong Kong, le 14 juin 2019

Les principales figures du camp prodémocratie demandent le retrait pur et simple du projet qui vient un peu plus saper selon eux le principe du "un pays, deux systèmes» qui avait présidé à la rétrocession, et en vertu duquel Hong Kong jouit jusqu'en 2047 de libertés inconnues en Chine continentale.

«Nous ne pouvons faire confiance aux députés pro-establishment», a déclaré l'élu prodémocratie Alvin Leung. «Nous voulons que Carrie Lam nous dise si elle va ou non retirer le projet de loi.»

Selon les autorités, le texte doit combler un vide juridique et empêcher que la ville ne soit un refuge pour certains criminels. Elles assurent que des garde-fous existent en matière de liberté d'expression et que la loi ne visera pas les opposants politiques à la Chine.

Mais les manifestants craignent que les gens ne se retrouvent piégés par la justice chinoise, qu'il s'agisse des habitants de Hong Kong ou de ceux qui ne font que transiter par son aéroport.

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