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Nominations dans l'UE: un sommet de crise pour conclure un grand marchandage

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel à Paris le 26 mars 2019 [ludovic MARIN / AFP/Archives] Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel à Paris le 26 mars 2019 [ludovic MARIN / AFP/Archives]

Les dirigeants européens vont tenter dimanche de surmonter leurs dissensions lors d'un sommet de crise à Bruxelles pour désigner le nouveau président de la Commission européenne, clef pour les nominations aux autres postes de pouvoir de l'UE.

Un verrou serait tombé: le prétendant du Parti populaire européen (PPE, droite) à la tête de l'exécutif européen, l'Allemand Manfred Weber, recalé par les chefs d'Etat lors d'un sommet le 20 juin, aurait renoncé, ont expliqué samedi à l'AFP ses proches et plusieurs sources au sein du PPE.

Sa condition: être élu la semaine suivante à la présidence du Parlement européen, ce qui implique un soutien des élus socialistes et centristes.

Son retrait permettrait de savoir si un autre candidat, celui des sociaux-démocrates, le Néerlandais Frans Timmermans, actuel premier vice-président de la Commission, peut obtenir la double majorité requise au Conseil et au Parlement européen pour occuper le poste.

Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans à Vienne le 25 mai 2019 [ALEX HALADA / AFP]
 
Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans à Vienne le 25 mai 2019

Selon deux responsables impliqués dans les négociations, le camp social-démocrate s'est engagé à faire élire Manfred Weber, mais a aussi accepté d'accorder au PPE une autre de ses demandes, la présidence du Conseil, afin de s'assurer que le parti de droite, dont le soutien est indispensable, se rangera bien derrière M. Timmermans.

M. Weber pourrait annoncer son retrait dimanche, une fois assuré que les dirigeants des autres familles politiques auront approuvé le «deal» auprès d'Angela Merkel.

La chancelière allemande a d'ailleurs discuté de ce retrait avec ses homologues européens, le Français Emmanuel Macron, l'Espagnol Pedro Sanchez, et le Néerlandais Mark Rutte, présents au sommet du G20 à Osaka.

L'accord doit être bouclé au sommet dimanche soir et communiqué aux chefs des groupes politiques pour l'élection du président du nouveau Parlement la semaine prochaine à Strasbourg.

Emmanuel Macron s'est montré très optimiste à Osaka. «Nous aurons les trois noms qui dépendent de nous», a-t-il assuré.

Les drapeaux de l'Union européenne et d'Etats membres à Bruxelles le 13 mai 2019 [EMMANUEL DUNAND / AFP/Archives]
 
Les drapeaux de l'Union européenne et d'Etats membres à Bruxelles le 13 mai 2019

Outre la présidence de la Commission et celle du Conseil, le poste de chef de la diplomatie européenne doit aussi être attribué, le tout en respectant la parité et des équilibres géographiques.

«Pas de préjugés»

La prudence reste cependant de mise parmi les interlocuteurs de l'AFP. «Je suis incapable de dire comment cela va se terminer dimanche. Tout peut capoter et hypothéquer l'élection du président du Parlement», a confié un responsable du PPE. Car selon ces mêmes sources, les Libéraux bloquent l'accord. Eux aussi réclament, comme le PPE, la présidence du Conseil.

Deux noms sont actuellement cités pour ce poste: le président roumain Klaus Iohannis, membre du PPE, et le Premier ministre belge Charles Michel pour les Libéraux. La Bulgare Kristalina Georgieva, apparentée au PPE, est citée pour la diplomatie européenne, un poste pour lequel les Libéraux n'ont avancé aucun nom.

Quant à la libérale danoise Margrethe Vestager, figure de l'actuelle Commission, elle pourrait devenir première vice-présidente de l'exécutif bruxellois, ce qui équilibrerait la répartition des postes.

La France ne s'oppose pas à cette solution qui lui permettrait de briguer ensuite la présidence de la Banque centrale européenne, ont expliqué ces responsables.

Pour l'emporter, Frans Timmermans devra aussi surmonter l'hostilité de cinq pays: les quatre membres du groupe de Visegrad (la Hongrie et la Pologne, contre qui il a lancé des procédures pour violation de l'Etat de droit, la Slovaquie et la République Tchèque), et l'Italie.

Le président du groupe Parti populaire européen Manfred Weber, devant le président du Conseil européen Donald Tusk à Bruxelles le 24 juin 2019 [Virginia Mayo / POOL/AFP/Archives]
 
Le président du groupe Parti populaire européen Manfred Weber, devant le président du Conseil européen Donald Tusk à Bruxelles le 24 juin 2019

«Nous voulons quelqu'un qui comprenne notre région, qui n'ait pas de préjugés ou d'opinions historiquement négatives quand il s'agit par exemple de notre position sur la migration, le climat ou le budget», a expliqué le Premier ministre tchèque Andrej Babis.

Si le Néerlandais échoue, plusieurs responsables européens ont prévenu que la candidate libérale pour la présidence de la Commission, Margrethe Vestager, n'obtiendrait pas les soutiens du PPE ni ceux des sociaux-démocrates.

Le PPE tentera alors de proposer un candidat extérieur.

Les quatre pays de Visegrad ont annoncé soutenir la nomination du Français Michel Barnier, le négociateur du Brexit, membre du PPE, un nom que l'Allemagne refuse catégoriquement, selon un des négociateurs.

«La France a tué la candidature de Manfred Weber, l'Allemagne ne peut pas accepter de laisser nommer un Français», a-t-il expliqué.

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